Un « bilan plutôt bon » pour Morbihan Adris Gwendal Oliveux
À l’aube de la Classique Puisaye Forterre, dernier acte de la Coupe de France N1, Léo Moréac, directeur sportif de la formation Morbihan Adris Gwendal Oliveux, nous livre son analyse sur l’exercice 2024, arrivant bientôt à son terme. Pour sa première année sous cette appellation (ex-Morbihan Fybolia GOA), “les standards de l’équipe ont été les mêmes que les années précédentes, nous sommes relativement sur les mêmes bases”, analyse pour DirectVelo celui qui en profite également pour évoquer les intentions de son équipe quant au potentiel statut de Continentale Fédérale. Entretien.
DirectVelo : Comment allez-vous aborder cette dernière manche de la Coupe de France, en ayant un retard conséquent au classement ?
Léo Moréac : On va prendre cette dernière manche comme une course d’un jour, comme une Classique de fin de saison. Je ne sais pas quelle sera la stratégie car je n’y serai pas, Quentin Demeslay sera le DS sur l’épreuve. Mathématiquement, il est impossible pour nous de revenir à la 1re place et nous avons toujours dit que la Coupe de France n’était pas notre objectif de l’année. On ira pour essayer de gagner la course, sans être dans une optique de marquer le plus de points possible. Peu importe notre place au général, on ne courra pas de manière à mettre plusieurs coureurs dans les points.
« LE CALENDRIER DÉCIDE À NOTRE PLACE »
L’an dernier, tu disais déjà t'être désintéressé de la Coupe de France dès le début de saison. Était-ce la même chose cette année ?
Souvent, le calendrier décide à notre place. Depuis deux ans, le Chrono 47 était en même temps que le Tour de Bretagne et forcément ça nous fait prendre des points de retard, même si l’an passé nous n'étions pas loin de la gagne (voir classement). Ce n’est pas non plus un objectif pour nos partenaires au niveau de la visibilité, ce qui peut plus l’être dans d’autres régions que pour des clubs bretons. Pour nous, l’objectif est plus d'assurer des places au Championnat de France. Si nous n’avions pas de concurrence, nous mettrions la meilleure équipe mais nous n’avons jamais réussi à aligner l’équipe type sur les premières manches de la Coupe de France. Ce n’est pas une déception de ne pas jouer le classement, nous sommes trop loin pour prétendre à quelque chose.
Comment se sont déroulées les dernières semaines ?
On a eu une légère baisse de régime au cours du mois d’août liée à des virus qui ont pas mal diminué nos forces. Depuis les 3 Jours de Cherbourg, on a réussi à remettre en route en gagnant Fougères, où collectivement nous avons été forts. Maintenant c’est la dernière ligne droite, il faut prendre ce qu’il reste à prendre. Après la Coupe de France, nous allons faire le Bol d’Or puis le Trophée des Champions. Il y aura aussi l’enchaînement Paris-Tours, Paris-Connerré. De belles courses pour terminer avant le Chrono des Nations qui concernera moins de monde.
« DES INVITATIONS DE N1 SUR DES COURSES PROS »
Avec une vingtaine de victoires au compteur, quel bilan tires-tu de cette saison ?
Le bilan est plutôt bon, dans la lignée de nos deux saisons précédentes. Ça montre que notre place dans l'échiquier national est régulière. Beaucoup de nos coureurs ont gagné et c’est un signe aussi, car gagner plus de 20 courses avec deux coureurs a beaucoup moins d’intérêt (pas moins de dix coureurs de l'équipe ont gagné au moins une fois en 2024, dont Jonas Geens qui est leader du Challenge DirectVelo, NDLR). On ne fait pas forcément attention au nombre de victoires mais au prestige de ces dernières. On fait très peu de courses régionales par rapport à ce qu’on faisait avant, ce qui pourrait faire gonfler les stats. Le principal est d’en gagner des belles, ce qu’on a fait même s’il y a des petits regrets sur le Tour de Bretagne où l’on n’était pas forcément au top. Même si on était compétitifs sur les Classe 2, le petit regret, s'il devait y en avoir un, se situerait là.
En regret, on peut également évoquer le Championnat de France ?
On est passé au travers. Ça revient un peu au système de la Coupe de France où l’on se bat pour faire des choix et essayer d’avoir des places pour au final prendre une claque. Nous avons été très réguliers dans la saison, avec deux coups de moins bien, pas aux meilleurs des moments lors de la quinzaine autour du Championnat de France avec le Caux Tour, puis pendant le mois d’août lié aux virus.
« NOUS NE POSTULONS PAS »
Allez-vous prétendre au label Continentale Fédérale ?
Non, pas du tout ! Mon objectif est simplement d’avoir une équipe compétitive de onze coureurs pour l’an prochain. Je suis partisan du système conservateur pour les Continentales, où les contrats sont obligatoires pour des coureurs qui peuvent en vivre. Dans le cadre de coureurs étudiants, nous ne pouvons pas leur faire un calendrier encore plus chargé. Ce sont différentes raisons qui nous poussent à ne pas essayer en ce moment. On a beaucoup critiqué ce qui se faisait à l’étranger, et faire la même chose serait dommage. On a souvent entendu la Fédération être critiquée pour son immobilisme, là elle tente une approche qui en l'occurrence ne nous convient pas, mais pour une équipe frontalière ça peut être différent. La marge de budget à atteindre est aussi conséquente et ça ne va pas intéresser nos partenaires d’augmenter leur participation pour aller faire des courses à l’étranger où l’on n'est pas certain d’être invités. Nos partenaires ne sont pas forcément présents à l’étranger, c’est une chose à prendre en compte. La Fédération avait sondé à l’automne dernier, ce qui avait été plutôt bien fait, mais on se rend compte que les envies et les besoins ne sont pas les mêmes en fonction des régions. Ce qui attire nos partenaires, ce sont les courses avec du public, ce que nous avons encore la chance d’avoir dans l’Ouest. Nous ne postulons pas.
D’autres DS expliquent vouloir se protéger pour l’accès aux épreuves de Classe 2, avec la crainte de ne plus être invités face à la concurrence des réserves de formations pros. Rejoins-tu cet avis ?
Il est vrai que nous avons vu une différence avec l’arrivée des nombreuses Conti. Pour le mercato notamment, il est difficile de recruter des Espoirs talentueux car ils sont déjà prisés. C’est certain qu’en restant N1, ça nous limite l’accès aux Classe 2. Par exemple, nous n’avons pas été pris à Paris-Roubaix Espoirs mais est-ce qu’être Continentale Fédérale aiderait à l’être ? Je n’en suis pas certain. Je suis partisan d’apporter une souplesse dans le système, sur des invitations de N1 sur des courses pros, pourquoi pas. Ça permettrait à nos coureurs de se frotter à ce qui les attend “demain” pour certains d’entre eux. Que certains y trouvent de l'intérêt, je peux le comprendre. Mais dans notre cas, nous n’en voyons pas.