Elle avait écrasé l’épreuve chronométrée, elle était la favorite de la course en ligne et ne s’est pas privée de réaliser le doublé. Ce jeudi midi, Cat Ferguson a décroché le titre de Championne du Monde Juniors Femmes sur route, au bord du lac de Zurich, au terme d’une course maîtrisée et d’un sprint à trois (voir classement). “C’est un soulagement, encore une fois. J’ai travaillé tellement dur pour cette course, spécifiquement, tout au long de l’année. N’importe quel autre résultat que le titre et la médaille d’or ne m’aurait pas satisfaite”, concède-t-elle en zone mixte après la ligne.

LE FANTÔME DE JULIE BEGO A DISPARU

Battue par Julie Bego l’an passé dans les rues pavés de Glasgow, en Ecosse, la J2 avait mis beaucoup de temps à s’en remettre. Elle va désormais pouvoir définitivement envoyer aux oubliettes ce mauvais souvenir. “Ce soulagement en passant la ligne, c’est d’abord la satisfaction de savoir que je n’aurai pas à ressentir la même chose que l’an passé, la même déception… Cette fois-ci, je l’ai fait”. Pour autant, la future sociétaire de la Movistar a dû attendre le tout dernier moment pour faire la décision, puisqu’elle n’est pas parvenue à se débarrasser de l’Espagnole Paula Ostiz, pas plus que de la Slovaque Viktoria Chladonova - un temps piégée mais finalement revenue de l'arrière - lors du dernier tour de circuit. Ce qui a donné lieu à un drôle de final puisque les trois futures médaillées se sont regardées et ont pratiquement fait du surplace sur l’ensemble des deux derniers kilomètres. “Je ne voulais pas que ça revienne de l’arrière mais je savais aussi que si aucune d’entre elles ne lançait de trop loin, ça allait sûrement le faire pour moi sur un sprint court”.

Voilà donc que Cat Ferguson met un terme à ses deux années chez les Juniors de la plus belle des manières. “On a eu cette réunion hier où on nous a répété que les années Juniors sont certainement les plus belles d’une carrière cycliste. Je suis d’accord, il y a moins de pression dans cette catégorie, on est en plein apprentissage. Je suis très reconnaissante auprès de mes proches, de mes entraîneurs, qui m’ont permis d’en être là aujourd’hui”. Avec une réussite déconcertante puisqu’elle a terminé vainqueure ou 2e de toutes ses courses U19 cette année. “Tout s’est tellement bien passé ! J’ai été si régulière… J’ai adoré cette saison. Mais c’est aussi, paradoxalement, la raison pour laquelle j’étais nerveuse ici. J’avais tout à perdre car j’étais la grande favorite et il aurait été terrible de perdre maintenant, sur la course la plus importante de l’année”.

UN HOMMAGE À SA MAMAN 

Désormais, Cat Ferguson va se concentrer sur son avenir avec la formation Movistar, équipe avec laquelle elle a déjà gagné en Classe 2, il y a une semaine, au Tour de la Semois. “Je ne me mets pas de pression pour les prochaines années. J’ai simplement envie d’en apprendre le plus possible. Chez Movistar, je me sens déjà très bien. Je suis super heureuse de ce choix. Je ne pouvais pas espérer une équipe plus accueillante”. Imagine-t-elle devenir très vite leader dans la structure espagnole ? Est-ce la raison pour laquelle elle a choisi cette équipe ? “Je ne crois pas prétendre à ce rôle-là pour l’instant. Je vais d’abord devoir apprendre le rôle de coéquipière”, préfère-t-elle répondre à DirectVelo, prudente.

Pour le moment, elle va prendre le temps de savourer ce qui est à ce jour le plus beau succès de sa jeune et si prometteuse carrière. Une victoire spéciale pour celle qui a pointé ses deux index vers le ciel au moment de franchir la ligne. “J’ai perdu ma maman toute petite, avant mes 2 ans. J’ai mon autre maman maintenant, c’est ma maman à 100%. Je suis reconnaissante d’avoir eu cette deuxième maman mais voilà, cette victoire et ce signe étaient pour ma maman disparue”. Nul doute que le ciel grisâtre et pluvieux de Zurich n’a pas empêché la meilleure U19 au monde de deviner l’étoile de sa mère scintiller non loin de ce nouvel arc-en-ciel qu’elle a fait briller sur le podium protocolaire suisse.