On a retrouvé : Arnaud Godet
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Accompagné de ses coéquipiers Mikaël Chérel et Alexandre Binet, Arnaud Godet était un épouvantail des pelotons français lors de ses années Juniors. A presque 23 ans, il mettait un terme à sa carrière cycliste en pleine saison 2009. Pour www.directvelo.com, il livre une partie de ses souvenirs.
DirectVélo : En 2009, tu as subitement arrêté le vélo en cours d’année. Pourquoi ce choix ?
Arnaud Godet : C’est simple, j’étais complètement démotivé ! En sortant des Juniors, j’ai réalisé une première saison Espoir correcte, sans pour autant faire des miracles. L’année suivante, en 2006, j’ai été stagiaire dans l’équipe Cofidis. J’ai alors rêvé d'une carrière chez les professionnels mais je n’ai pas réussi à signer un contrat en fin de saison. L’année suivante, j’ai effectué les démarches pour trouver une équipe professionnelle, avec une belle saison comme bagage supplémentaire. A mon sens, j’aurais d’ailleurs davantage mérité d’être stagiaire en 2007 que l'année précédente. J’avais vraiment fait une belle saison, pourtant je n’ai essuyé que des refus.
Puis en 2009, je suis reparti pour une année supplémentaire au CC Etupes mais le cœur n’y était plus. J’ai rendu mon vélo au club après le Championnat de France. De toute façon, il ne m’était plus d’une grande utilité : je passais plus de temps sur ma console de jeu que sur mon vélo !
Et tu ne regrettes pas de ne pas avoir insisté ?
Absolument pas. Je ne suis pas du genre « entêté », ni à regarder dans mon rétroviseur. J’ai vécu une belle expérience en étant stagiaire mais au final cela ne m’aura pas servi à grand-chose. Evidement, j’aurais bien voulu qu’on me donne ma chance. J’y ai pensé quelques fois lorsque mon arrêt était encore frais mais sans plus.
« MON CARACTERE NE DEVAIT PAS PLAIRE »
Pas même lorsque tu vois ton ancien « collègue » normand Mikaël Chérel se distinguer chez les professionnels ?
Non plus. Je n’ai plus de contact avec lui. On s’était un peu fâché, rien de bien méchant, mais assez pour ne plus être en contact. En fait, je n’ai presque plus de contact du tout avec le monde du vélo. J’ai toujours été quelqu’un d’entier et je ne rentrais pas vraiment dans le moule où il règne une grosse jalousie et surtout de l’hypocrisie. De nombreux coureurs vendraient leur mère pour réussir. Je ne fonctionnais pas de la sorte. Je n’avais pas non plus ma langue dans ma poche, et il en est de même encore aujourd’hui je crois (rires). Par exemple, lors de mon stage avec Cofidis, Sylvain Chavanel avait remporté le classement général du Tour du Poitou-Charentes auquel j’ai participé également. En fin de saison, j’ai demandé où la prime allouée en cas de victoire était passée. J’étais dans mon droit puisque c’était dans les termes du contrat mais je crois que ça n’a pas trop plu aux dirigeants. Alors forcément, mon caractère ne devait pas non plus beaucoup plaire à mes adversaires, ni même à mes camarades.
Tu gardes quand même de bons souvenirs de ta carrière cycliste ?
Oui, bien sûr. Ma victoire aux Boucles de l'Austreberthe était un super moment. Gagner pas loin de chez soi, c’était sympa. Mes années au CA Mantes et au CC Etupes sont aussi de très bons souvenirs, pour des raisons différentes. Au CA Mantes, j’étais avec beaucoup de copains, des coureurs que j’appréciais vraiment. Au CC Etupes, je retiens surtout l’accueil que l’on m’avait fait. J’avais atterri au club sans connaître quiconque et au final, j'ai été bien entouré. Julien Pinot m’avait hébergé. Il est d’ailleurs l'un des rares coureurs de l’époque avec qui j’ai encore des contacts de temps en temps. Le côté familial du club m’avait vraiment touché, et c’est pour cela que je me battais toujours jusqu’au bout de mes forces, pour l’équipe et ses dirigeants. Aujourd’hui, je suis principalement les résultats du cadet des Pinot, Thibaut. J’ai eu la chance de courir et faire chambre commune avec lui. J’appréciais le gamin. L’année dernière, sur le Tour de France, j’étais content de voir qu’il ne m’avait pas oublié et qu’il n’avait pas changé malgré sa notoriété. J’aime le côté humain des personnes, c’est important.
« IL PARAIT QUE JE SUIS PLUS FACILE A VIVRE QU'A L'EPOQUE »
Justement, en tant qu’homme, que deviens tu maintenant ?
Lorsque j’ai arrêté le cyclisme, je n’avais qu’un bac en poche et j’ai décidé de passer mon concours de gendarmerie. Mais après réflexion et avoir étudié un peu le pour et le contre du métier, j’ai préféré abandonner l’idée. Je me suis alors lancé dans le marché du travail directement, avec mon papa. Il a une entreprise de terrassement et j’ai appris sur le tas. Depuis un an, nous sommes associés mais je me considère presque comme étant à mon compte car mon papa est presqu’à la retraite. Le quotidien se passe bien, même si je ne suis pas actif de la même façon selon les semaines, la demande variant d’une époque à une autre. J’ai une situation très correcte, avec un emploi stable, rien à avoir avec la situation d’un coureur cycliste qui est plutôt précaire, surtout dans les petites équipes. Et puis, il paraît que je suis plus facile à vivre qu’à l’époque où je faisais du vélo. Selon les dires de mes sœurs, j’étais infect ! Le coureur cycliste est souvent égoïste avec les personnes très proches, ne pensant qu’à la performance dans son sport au détriment du reste qui est pourtant primordial. Tout a changé pour moi et aujourd’hui, je vis avec ma compagne, dans une maison que l’on a achetée... Je suis heureux.
Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com