Yannis Yssaad : « Une grosse désillusion »

Passé professionnel le 1er janvier dernier, Yannis Yssaad ne sera resté qu'une seule saison parmi l'Elite. Le sprinter âgé de 21 ans n'a pas été prolongé par la formation BigMat-Auber 93. Contraint de retourner chez les amateurs (Sojasun espoir-ACNC), le Francilien explique à DirectVelo.com comment il a vécu les dernières semaines.

« J’ai appris que je n’étais pas conservé dans l’équipe pour l’année prochaine le samedi 20 septembre, la veille du Grand Prix d’Isbergues. C’est Stéphane Javalet, le manager de l’équipe, qui me l’a appris lors d’un entretien que j’avais demandé quelques jours auparavant. Au départ, on m’a prétexté des raisons économiques. Puis par la suite, il m’a indiqué que je n’avais pas un niveau suffisant pour faire partie des neuf coureurs qui composeront l’équipe en 2015. Il m’a dit qu’il souhaitait une équipe « solide ». Selon lui, je n’étais pas assez costaud. Il ne voulait pas prendre de risques inconsidérés. Cette année a été assez compliquée pour moi, j’ai connu plusieurs chutes et j’ai eu quelques lacunes dans les montées. On m’a également reproché d’avoir trop abandonné. Mais je reste persuadé que ce ne sont pas les uniques raisons de mon non-renouvellement. Je suis conscient de ne pas avoir brillé cette année, mais lorsqu’on n’a pas de soutien et d’aide ce n’est pas évident d’être bon dans les sprints massifs, surtout pour un néo-pro.

« UNE SITUATION FRUSTRANTE »

En raison de cette annonce, ce n’est pas la grande forme. J’ai perdu le peu de moral qui me restait. Pour moi, c’est une grosse désillusion. C’est une situation frustrante car désormais, à cette période de l’année, c’est extrêmement difficile de retrouver une structure professionnelle prête à m’accueillir et à me donner une chance. L’année n’est pas terminée, je suis encore professionnel jusqu’au 31 décembre. Je ne vais pas me laisser abattre même si l’avenir qui se dresse devant moi n’est pas comme je l’avais imaginé.

« UNE SAISON PROFESSIONNELLE, C’EST TROP JUSTE »

Je ne suis pas vraiment surpris, je ne suis pas quelqu’un de dupe. BigMat-Auber 93 est une petite famille au sein de laquelle je me suis toujours senti un peu exclu. J’ai vite pris conscience de leurs intentions. Les mois précédents j’ai été mis de côté sur pas mal de courses dont certaines me convenaient, comme le Tour du Poitou-Charentes. Finalement, en raison de blessures de certains coureurs, j’ai pu y prendre part. Il y a beaucoup de coureurs sur le marché. Me remplacer est une chose assez simple, mon profil ne leur convenait pas et ils ont fait un choix. J’aurais aimé, au même titre que certains, continuer l’aventure une année supplémentaire pour m’améliorer et performer. Mais c’est une décision à laquelle je ne peux que me plier... Une saison professionnelle, c’est bien trop juste…

« J’ETAIS DANS UNE SITUATION DELICATE »

L’annonce était tardive pour trouver une autre équipe, même si je sentais que le vent allait tourner en ma défaveur. J’ai attendu une réponse concrète de la part du manager. Je ne me voyais pas chercher une autre équipe alors que je n’avais pas de réponse de la mienne ! Mais secrètement j’y pensais. J’étais dans une situation délicate ! Je pensais que je n’allais pas être conservé, cependant, sans réponse officielle et par respect pour mon employeur, je n’ai pas voulu prendre contact avec d’autres formations. C’est un choix que je regrette aujourd’hui. Maintenant, c’est très difficile de trouver une place dans une autre équipe professionnelle. En une saison, je n’ai pas eu le temps de me construire un gros palmarès. De plus, ma situation peut rendre certains directeurs sportifs réticents à m’embaucher. Ils doivent se demander pourquoi je n’ai pas été conservé, ce qui ne me facilite pas la tâche.

« AUCUNE REPONSE POSITIVE D’EQUIPE PROFESSIONNELLE »

Les équipes professionnelles sont très sollicitées et à 21 ans, il est dur de trouver une autre formation souhaitant me former et me faire confiance dans les sprints massifs. Je suis conscient de ne pas avoir fait une grosse saison et je sais que j’ai quelques lacunes, mais j’aurais souhaité avoir une chance de prouver ce que je vaux. Je garde un mince espoir de rester au plus haut niveau mais j’ai tout de même préparé mon avenir. J’ai été contacté par des équipes amateurs. Il faut être réaliste, si je ne trouve pas de structure professionnelle, je serais forcé de redescendre chez les amateurs et retourner à la case départ. C’est ce qui risque d’arriver. C’est quand même bon pour le moral de savoir qu’on intéresse encore des équipes et que des personnes veulent me faire confiance. J’ai trouvé une équipe amateur (Sojasun espoir-ACNC) qui me fait confiance et qui veut me soutenir. Cette proposition pourrait me permettre de rebondir et d’envisager de repasser professionnel. »

Crédit photo : www.velofotopro.com
 

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