La poursuite par équipes sur 4000 m est apparue au niveau mondial aux Jeux Olympiques de 1920 à Anvers (1). D'ailleurs, on l'appelle aussi "poursuite olympique". (voir l'évolution du record olympique entre 1920 et 2012) 

POURSUITE A L'ANGLAISE

La France va se signaler dans la première finale olympique mais d'une drôle de manière. En effet la finale oppose l'Italie et la Grande-Bretagne. L'Anglais Albert White se fait
décrocher par le train de son équipe. Au moment d'être doublé par l'équipe d'Italie, il se mêle aux coureurs de la Squadra dans le but de les gêner et de les désorganiser. Le règlement n'a pas prévu ce tour de vice d'antijeu. Le poursuiteur Français Henri Habent assiste à la finale en spectateur sur la pelouse du vélodrome. Outré par ce tricheur sans vergogne, Habent s'approche du bord de la piste et "met la main au colback" de White, l'Anglais pas très franc du collier.

Sur la ligne, les Britanniques battent les Italiens. Il faut que le commissaire hollandais donne sa voix décisive pour déclasser la Grande-Bretagne. Mais Habent se prend 15 jours de suspension et White reçoit sa médaille d'argent, comme si de rien n'était.

TROIS TITRES OLYMPIQUES

La France a un beau palmarès en poursuite par équipes. Trois titres olympiques, (1936, 1948 et 1996 avec les "Béberts"), six médailles au Championnat du Monde dont cinq entre 1996 et 2003, la période dorée de la poursuite olympique en France. Mais depuis 2003 le fossé se creuse entre les meilleures nations et la France.

Dans le même temps, les Juniors et Espoirs français continuent de glaner des titres ou des médailles. Julien Duval, Emmanuel Kéo, Julien Morice et Erwan Téguel sont devenus Champions d'Europe Juniors en 2008 en 4'09"231, record de France Juniors toujours d'actualité. En 2014, les Juniors tricolores se sont classés 4e au niveau européen. En 2003, au Championnat du Monde Juniors, l'équipe de France avec notamment Damien Gaudin et Maxime Bouet, classée 5e, avait devancé de 4 secondes la formation britannique où on retrouvait Geraint Thomas et Edward Clancy, champions olympiques en 2012.

LE FOSSE SE CREUSE

Le graphique suivant compare la meilleure performance annuelle d'une équipe française (en bleu) et le temps en finale du Championnat du Monde. L'écart entre la France et la meilleure équipe du Monde ne fait que s'accroître depuis dix ans.

De plus, à trois reprises (1992, 1993 et 2014) c'est une équipe de comité régional qui détient le meilleur temps annuel.

Steven Henry, l'entraîneur national actuel, estime qu'il y a eu un creux de génération. "Entre 96 et 2000, il y avait de l'émulation à l'intérieur du groupe. Quand les résultats ont diminué il y a eu moins de concurrence."  Damien Pommereau qui courait encore à l'époque se souvient aussi qu'"on a viré les pseudo-anciens. Une nouvelle génération est arrivée avec moins d'expérience."

BATTRE LE RECORD DE FRANCE SERAIT BON SIGNE

Depuis 1998, le record de France est de 4'02"855 réalisé sur la piste de Bordeaux-Lac par Christophe Capelle, Philippe Ermenault, Jérôme Neuville et Franck Perque. En 1993, il était encore à 4'14".
Depuis, une seule équipe tricolore a signé 4'03", à Pékin aux JO 2008.

Dans le même temps (1998-2014), le record du monde est passé de 4'01"81 à 3'51"659, un temps impensable il y a quelques années (voir l'évolution du record du monde).

Alors quand ce record de France va-t-il être battu ? "Le plus tôt possible" espère Steven Henry interrogé par DirectVelo, "mais il faut une somme de conditions : l'altitude, la température." L'altitude, Julien Duval, sélectionné pour le Championnat du Monde, y croit. "Si, par exemple, la Coupe du Monde revient à Guadalaraja, il peut être battu à cette occasion." Au niveau de la mer, il faudra être plus patient s'accordent l'entraîneur et le coureur de l'Armée de Terre : "en 2016."

De toutes façons, la progression de l'équipe de France dans la hiérarchie mondiale ira de pair avec la chute du record de France. "Si on veut revenir parmi les dix meilleures nations, il faudra battre le record" analyse l'entraîneur national. Damien Pommereau a la même conclusion : "Si le record est battu cela voudra dire que la France joue de nouveau dans la cour des grands."

(1) Aux Jeux de Londres en 1908, il y a eu un tournoi de poursuite par équipes mais c'était sur trois tours de vélodrome, soit environ 1800 m donc difficile à comparer avec la discipline actuelle.

Retrouvez notre dossier poursuite par équipes :
Poursuite par équipes : Beau et dur à la fois

Crédit photo : Thomas Maheux - thomasmaheux.photodeck.com