Fin de saison prématurée pour Jimmy Turgis
Mercredi dernier, Jimmy Turgis a été l’une des nombreuses victimes de la grosse chute collective survenue sur le Grand Prix de Wallonie. Conséquence : une fracture de l’olécrane de l’ulna - au niveau du coude - qui marque la fin de la saison du pensionnaire de Roubaix-Lille Métropole. Pour DirectVelo.com, le coureur de 24 ans, qui vient également tout juste de terminer ses études, revient sur cet épisode et en profite pour faire un bilan de sa saison 2015, sa deuxième chez les professionnels.
DirectVelo.com : Que s’est-il passé sur le Grand Prix de Wallonie ?
Jimmy Turgis : J’ai été victime de la grosse chute massive, à environ 70 kilomètres de l’arrivée. C’est tombé en tête de peloton. Un coureur m’a violemment percuté par l’arrière et m’a projeté au sol, à 60 km/h, dans un faux-plat descendant. J’ai de suite senti que quelque chose n’allait pas. J’ai essayé de remonter sur le vélo, Julien (Antomarchi) m’accompagnait mais au bout d’un kilomètre, j’ai dû renoncer. Je n’arrivais pas à tenir le guidon correctement, et je ne pouvais plus me mettre en danseuse. Ensuite, la fin de journée a été longue. Il n’y avait plus de place(s) dans l’ambulance, alors je me suis retrouvé dans la voiture balai, jusqu’à la fin de la course. Puis il y avait encore deux nouvelles heures de voiture pour rentrer en France et enfin savoir ce dont je souffrais.
« J’AVAIS COCHE LA FIN DE SAISON »
Quel a été le verdict des médecins ?
Je souffrais d’une fracture de l’olécrane sur l’ulna. C’est un os au niveau de l’articulation du coude. Il y a eu un léger déplacement et il a fallu me poser une broche. Je viens juste de me faire opérer et à priori, tout s’est bien passé. J’ai actuellement le bras en écharpe. J’ai préféré cela au plâtre, que j’aurais dû garder plus longtemps, avec en plus d’éventuels risques de légères séquelles. Désormais, je vais entamer une lente période de rééducation. Mais ma saison est bien évidemment terminée.
Comment vis-tu ce contrecoup, à une période de la saison que tu avais cochée ?
C’est vrai que j’aime bien cette période de l’année, et particulièrement le Grand Prix de Wallonie, où j’avais marché l’an passé (21e) et j’espérais faire encore mieux cette saison. Je m’étais bien préparé, je me sentais bien… tout était réuni pour faire un résultat, mais ce sont les aléas du cyclisme. Je relativise. C’est la première fois que je me fracture quelque chose, et je me dis que ça devait bien arriver un jour ou l’autre. Il y a pire dans la vie. Quand je vois Anthony Delaplace qui s’est fracturé le bassin ou Romain Le Roux qui a de multiples fractures après sa chute sur le Tour Alsace. Et puis si l’on oublie le vélo, dans la vie de tous les jours, des gens se battent contre des cancers par exemple. Alors à côté, cette blessure n’est vraiment pas grand-chose. Mais oui, encore une fois, c’est vrai que j’avais coché la fin de saison, et que j’espérais pouvoir faire de bons résultats sur le Tour de Vendée, Paris-Bourges ou encore Paris-Tours.
« JE N’AI JAMAIS EU DE CREUX DANS MA SAISON »
Que retiendras-tu de cette saison 2015, ta deuxième chez les professionnels ?
En une phrase, je dirais que c’était une saison mi-figue mi-raisin. 2014 avait été une année de découverte. Cette année, j’espérais pouvoir franchir un cap et chercher de gros résultats. Mais pour diverses raisons, cela a été compliqué. Même si je n’aime pas mettre cela sur le compte de la scolarité, il faut quand même avouer qu’avec l’Insep, ce n’était pas évident au niveau de la récupération. J’ai consacré beaucoup de temps à mes études (il vient tout juste de valider son Master « Sport, expertise, performance de haut-niveau », NDLR). Quand tu vas t’entraîner et que tu as déjà passé cinq ou six heures en cours avant, ce n’est pas évident. Du coup, je n’ai jamais eu les gros résultats que je voulais. Le point positif, c’est que je n’ai jamais eu de creux comme l’an dernier. Même lorsque j’étais moins bien, ça restait correct. En ce sens, j’ai franchi un palier. Je regrette simplement de ne pas avoir eu un réel pic de forme durant la saison. Mais je ne regrette en aucun cas ces études. C’était important, et puis j’y ai appris beaucoup de choses. En plus, j’ai pu me confronter à des sportifs venants de sports très différents comme l’haltérophilie ou la boxe. J’ai pu partager l’expérience et le vécu de champions olympiques. Cela m’a beaucoup apporté.
Et désormais, tu vas pouvoir te consacrer pleinement au cyclisme ?
Exactement et cette fois-ci, j’espère bien pouvoir passer un gros palier. Je vais d’abord prendre le temps de récupérer de ce contretemps puis dès que possible, je me remettrai au travail en vue de la saison prochaine, avec l’envie de faire une grosse saison (Jimmy Turgis n’a pas encore resigné de contrat avec la formation Roubaix-Lille Métropole à l’heure actuelle, NDLR). J’ai hâte de voir ce que je vais pouvoir faire en me consacrant au vélo à 100%, sans études à côté.
En attendant, tu vas sans doute suivre les performances de tes deux petits frères sur les Championnats du Monde de Richmond…
Je ne risque pas de rater ça ! Tanguy a vraiment fait une très belle saison chez les Juniors. Il a vite progressé et je suis vraiment très content pour lui. Je sais qu’il avait été déçu de ne pas disputer le Mondial de cyclo-cross alors être au Mondial sur route est sans doute une petite revanche pour lui. Quant à Anthony, il mérite largement sa place en Espoirs de par ce qu’il a fait cette année. Les deux vont aller aux Etats-Unis avec de grosses ambitions, et je vais suivre ça avec grande attention.
Crédit photo : Thomas Maheux - thomasmaheux.photodeck.com