Clément Betouigt-Suire : « Plus frais qu'en 2015 »
Après avoir passé un "très bon mois de janvier", Clément Betouigt-Suire (Mérignac VC) va reprendre la compétition ce week-end. Ayant pu bénéficier d'une dérogation, le coureur qui vient de fêter ses 18 ans s'alignera sur l'Essor Basque (Elite Nationale). Une remise en jambes intéressante pour le Junior 2, quinze jours avant son premier objectif de la saison : Kuurne-Bruxelles-Kuurne Juniors. Contacté par DirectVelo, le Girondin dévoile les points-clés et ses ambitions pour la saison à venir.
DirectVelo : Comment as-tu vécu ton hiver après ta deuxième place à Richmond (lire ici) ?
Clément Betouigt-Suire : Je suis rentré chez moi juste après les Championnats du Monde. J'en ai profité pour revoir les gens que j'aime. J'ai aussi repris les cours par correspondance. J'ai ensuite repris l'entraînement mi-novembre. La veille de Noël, je suis tombé lourdement à l'entraînement. On se rassemble entre coureurs et d'habitude on est entre 40 et 50, mais ce jour-là il y avait beaucoup de monde. On était une centaine. Ça a frotté et une chute a envoyé une vingtaine d'hommes au tapis, dont moi. J'ai cassé mon vélo et me suis fait mal au genou qui avait doublé de volume. A la suite de cet incident, j'ai dû porter une attelle et me reposer pendant dix jours. Avec le recul, je pense que la coupure m'a fait du bien. J'avais déjà beaucoup roulé et ça m'a évité d'en faire trop. J'ai ensuite repris lors de mon stage avec Etixx-Quick Step en Espagne. J'ai eu bien mal aux jambes mais c'était une super expérience. J'en ai profité pour prendre de nombreux conseils de la part de mes coureurs préférés, dont Tom Boonen. Et me voilà donc prêt à reprendre sur l'Essor Basque où je serai le seul de mon club. Heureusement, je vais retrouver entre autres Clément Barbeau et Mathias Le Turnier donc je ne serai pas perdu.
As-tu changé ta manière de t'entraîner par rapport à ta première année chez les Juniors ?
L'an dernier j'avais repris avec des kilos en trop. Je n'avais pas fait attention à mon poids. Je me suis vite rendu compte que ça me pénalisait, notamment pour passer les bosses. Cet hiver j'ai pris garde à ne pas grossir et ça a bien fonctionné. Actuellement, je pèse cinq kilos de moins que l'année passée à la même époque. Je suis du coup plus serein. Je ne me suis pas plus entraîné en quantité, mais je me suis concentré sur la qualité. Ça me permet de débuter avec plus de fraîcheur.
« UN SURPLUS DE MOTIVATION POUR CETTE ANNEE »
Tes premiers objectifs de la saison arrivent vite ?
Assez oui. Je vise une bonne performance sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, fin février. J'y participerai avec le Comité d'Aquitaine. Mes gros objectifs en Coupe des Nations sont Gand-Wevelgem, Paris-Roubaix et la Course de la Paix. J'espère aussi pouvoir enchaîner avec le Trofeo Karlsberg. J'aimerais y jouer le général. Enfin, il reste la course que j'attends le plus : les Championnats du Monde sur route. Le Qatar devrait parfaitement me convenir car il y a des chances que ça arrive au sprint. Après, il y a des risques de bordure mais ça ne me gène pas, bien au contraire. Il faudra aussi bien gérer la chaleur. Mais octobre c'est encore loin, il peut se passer beaucoup de choses d'ici-là.
On t'imagine revanchard par rapport à l'édition 2015...
C'est vrai que j'y pense encore souvent. Ça a été une très grosse déception. Même avec mes coéquipiers, on en parle pas mal. Ils me chambrent en me disant : "imagine que tu pourrais rouler avec le maillot arc-en-ciel là". Mais c'est le vélo, c'est la vie... Si j'avais gagné, c'est l'Autrichien (Felix Gall) qui serait dans ma position. Quoiqu'il en soit, ça me donne un gros surplus de motivation pour cette année.
« ETIXX M'A PROPOSE DE ROULER AVEC EUX AVANT ROUBAIX »
Tu as découvert Paris-Roubaix l'an dernier. Etant donné ton profil de coureur, c'est une course qui te tient à cœur ?
A l'époque, quand je suis sorti de la course j'avais dit "plus jamais". J'avais passé une journée galère et j'avais mal partout. J'étais aussi déçu de n'avoir termine que 29e. Il faut dire que je n'étais pas à 100%. J'étais fatigué et malade en plus de ça. J'avais eu une otite toute la semaine. Je ne l'avais pas dit au sélectionneur parce que c'était ma première en Equipe de France et que je voulais vraiment faire partie de l'aventure. Cette année si je suis dans le même état, je n'hésiterai pas à le dire. Je ne veux pas reproduire les mêmes erreurs. Dans l'absolu je vise un bon résultat. Pour moi ça veut dire un podium. Après, Roubaix c'est une course très aléatoire. Mais si jamais on se retrouve en bonne position avec Tanguy Turgis, je l'aiderai volontiers s'il en a besoin. Je suis sûr qu'il ferait la même chose pour moi.
Vas-tu faire des entraînements spécifiques sur les pavés ?
Il n'y a rien de prévu pour l'instant. Ce qu'il y a de sûr c'est que je ne ferai pas de stage ni de pige dans une équipe belge comme l'an dernier. Ça fatigue et je veux avant tout conserver de la fraîcheur. Par contre, j'ai un ami qui habite dans le Nord. Si je suis sélectionné pour Paris-Roubaix, j'irai peut-être chez lui pour repérer les pavés. Je les connais déjà un peu mais d'une année sur l'autre, ils évoluent. J'ai aussi la possibilité de rejoindre Etixx quelques jours avant la course. Ils m'ont proposé de faire du repérage avec eux et de me prêter du matériel pour l'occasion. J'en saurai plus quand je verrai le sélectionneur.
« TENTE PAR UNE EXPERIENCE A L'ETRANGER »
Comment vas-tu gérer l'alternance route-piste cette année ?
Je ne connais pas encore très bien mon programme. Il a récemment évolué avec l'avancée des Championnats du Monde sur Piste en juillet. Ça s'annonce un peu compliqué de tout faire. La piste est très différente de la route. Il faut vraiment être à 100% de ses moyens pour pouvoir marcher. En plus, c'est souvent à Bourges ou à Paris donc je dois faire trois ou quatre heures de train. Et avec le vélo sous le bras, ce n'est pas pratique. En tout cas, je vais débuter ma saison sur route avec Kuurne est les Coupes des Nations. Puis je pense être aux Mondiaux sur piste. Normalement, je serai également présent au Championnat de France sur piste. Pour ceux sur route, j'espère être disponible et en forme. On verra sur le moment.
Penses-tu déjà à 2017 ?
Honnêtement, non. Il faut laisser le temps au temps. J'ai surtout envie de faire une belle année 2016. On verra à la fin de l'année les contacts que j'aurai. Je sais que c'est dur de passer des Juniors à Continental mais je préférerais ça à la DN1. C'est compliqué de vivre quand on court chez les amateurs. Je suis tenté par une expérience à l'étranger. J'ai envie d'apprendre l'anglais et j'aime la découverte en général. Je n'aime pas faire comme tout le monde et suivre les chemins trop classiques. Je me sens bien lorsque je prends mes propres décisions. Je ne vais pas dire que je suis solitaire mais je ne me sens pas perdu si je me retrouve seul. De toute façon il faut d'abord que je me concentre sur la saison à venir. J'espère passer pro un jour mais c'est loin d'être gagné.
Crédit photo : Jean-Baptiste Enes - www.flickr.com/photos/j-b45