Morgan Kneisky aime finir le travail en arc-en-ciel
Morgan Kneisky possède la plus belle garde-robe du peloton professionnel français. Il a ajouté un quatrième maillot de Champion du Monde à sa collection, son troisième sur l'Américaine. A chaque fois, un partenaire différent est monté avec lui sur la plus haute marche du podium. En 2013, c'était avec Vivien Brisse, en 2015, avec Bryan Coquard et, donc cette année, avec Benjamin Thomas, son équipier de l'Armée de Terre.
"Quand je commence un travail avec quelqu'un, j'aime bien le terminer avec un titre de Champion du Monde", explique-t-il à DirectVelo. Mais l'association avec le Champion du Monde de l'Omnium n'est pas finie pour autant. "Je cours avec Benjamin depuis deux ans et c'est devenu un ami." D'ailleurs, le Bisontin aime l'Américaine pour l'abnégation qu'elle demande. "J'aime le partage dans cette course et Benjamin était très motivé par l'Américaine", apprécie-t-il.
Dans le four de Hong-Kong, "il faisait 30°C", note Steven Henry l'entraîneur national, les favoris sont tombés comme des mouches. A commencer par les Espagnols, Champions d'Europe devant la paire française en 2016, qui sont partis en marche arrière après avoir doublé seuls le peloton. "J'étais surpris de les voir exploser mais ça nous a soulagés. Je me suis dit que la course devait être dure, ça ne donnait pas envie d'aller faire le mariole devant", reconnaît-il. Ensuite, c'est au tour des Belges De Pauw-Ketele de mettre le nez à la fenêtre pendant 20 tours. "Ils ont dépensé beaucoup d'énergie. Chaque équipe prend ses risques. Avec un sprint tous les dix tours ça devient difficile de doubler car ça relance à chaque fois", constate-t-il. "Au bout de 80 tours, il y en avait partout sur la piste", résume Steven Henry.
La tactique française était prudente. "Au départ, nous savions quelles équipes surveiller. Nous devions rester au contact en marquant des points et nous adapter", explique le coureur de 29 ans. "Dans le dernier tiers de la course, j'ai senti que l'intensité baissait alors que Benjamin et moi n'avions pas l'impression d'avoir livré de gros efforts. C'est à ce moment-là que nous avons commencé à marquer de gros points." La préparation routière au Tour de Normandie porte ses fruits et le duo gagne trois sprints d'affilée.
Une fois la tête prise, il faut la conserver. "Morgan a été parfait tactiquement", rappelle Benjamin Thomas. "Il marchait très bien sur ces Championnats", ajoute l'entraîneur national. Mais pas question de se relâcher avant la ligne. "C'est tellement intense pendant la course. Je préfère ne jamais crier victoire avant de franchir la ligne", insite le Champion du Monde de scratch 2009.
Après une petite coupure, Morgan Kneisky va retrouver sa nouvelle équipe de l'Amrée de Terre sur Paris-Mantes (1.2), le 30 avril prochain avant de traverser la Manche pour le Tour d'Irlande. "J'aurai des repères là-bas", glisse l'ancien coureur de Raleigh. Sur route, le 2e de la dernière étape du Tour de Normandie veut "progresser dans le rôle de poisson pilote pour mes sprinters Yannis Yssaad et Bryan Alaphilippe et pourquoi pas aussi, certains jours prendre une échappée."