Egan Bernal, le plus beau jouet d'Androni
Gianni Savio en a vu passer des néo-pro prometteurs. Des Italiens comme Andrea Tafi et Alessandro De Marchi ou d'Amérique du Sud comme Leonardo Sierra et José Rujano. Mais cette fois-ci, le manager d'Androni-Sidermec-Botecchia a déniché une pépite. Egan Bernal éclabousse le Tour de Savoie Mont-Blanc de son talent (voir le classement). Mais le fuoriclasse s'envolera à la fin de l'année.
DirectVelo : Tu te souviens de ta première rencontre avec Egan Bernal ?
Gianni Savio : J'ai toujours eu de bonnes relations avec la Colombie. Je suis même le seul sélectionneur d'une équipe sud-américaine à avoir eu un Champion du Monde avec Santiago Botero en 2002. Un jour, à la Coppa Agostoni, je rencontre un agent de coureur, Paolo Alberati. Il me dit : "je te propose un très bon coureur pour l'année prochaine". L'équipe était au complet mais j'étais prêt à prendre un grimpeur. Alberati reprend : "mais je l'ai le grimpeur!". Il me présente Egan et je dis : "Mais c'est un enfant !". Il avait 18 ans à l'époque...
Qu'est-ce qui t'a décidé à l'engager alors ?
Paolo Alberati m'a répondu : "Oui, c'est un enfant mais ce soir je t'envoie les tests et quand tu verras les résultats, tu voudras le rencontrer." J'ai reçu ses données, je l'ai rappelé et on a signé un contrat. On a aussi discuté, son père était gardien de la cathédrale de sel de Zipaquira en Colombie.
« CE SERA UN GRAND COUREUR »
Tu lui as fait signer un contrat de quatre ans, c'est très rare !
J'ai vu des valeurs extraordinaires dans ses tests, c'est pour ça que je l'ai engagé pour quatre ans. C'est un des meilleurs coureurs de cet âge que j'ai connus. Je l'ai lancé chez les pros à 18 ans alors qu'Egan n'avait fait que du VTT chez les Juniors. Il était monté deux années de suite sur le podium du Championnat du Monde Juniors. Comme tous les jeunes que j'ai fait passer professionnel, je l'ai fait progresser tranquillement. Je suis convaincu qu'il sera un grand coureur. C'est un coureur qui mérite d'aller dans une grande équipe, ce sera le cas l'année prochaine.
L'équipe Androni va-t-elle continuer l'an prochain ?
Après la non-sélection pour le Tour d'Italie, Androni voulait arrêter. Aujourd'hui, il y a 90% de chance pour qu'ils continuent avec nous en Continental Pro. Derrière Egan, j'ai de très bons jeunes comme Ivan Sosa, Mattia Frapporti, Fausto Masnada, Andrea Vendrame et Davide Ballerini, meilleur grimpeur à Tirreno-Adriatico (voir ici).
« UNE REVANCHE SUR L'INJUSTICE DU GIRO »
Si l'équipe avait fait le Giro, l'aurais-tu aligné dès cette année ?
Je pense que malgré son âge, il aurait commencé le Giro. Mais nous l'aurions bien encadré avec un bon suivi. Si le médecin l'avait trouvé fatigué, je l'aurais fait abandonner.
Tous ces bons résultats sont une revanche sur cette non-sélection pour le Giro ?
Toute la saison est une revanche. C'est notre onzième victoire de la saison, nous en sommes à plus de 50 podiums depuis le début de l'année. Nous courons dans le monde entier. Nous sommes l'équipe révélation de l'année. C'est une grande revanche et une réponse à la grande injustice de ne pas être admis au Giro. Nous sommes actuellement en tête de la Coupe d'Italie par équipes qui ouvre les portes du Tour d'Italie où j'espère retourner l'an prochain.