Tour Alsace : Pourquoi l'échappée est-elle allée au bout ?

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Tous les pronostics ont été déjoués sur la route de Sélestat. Pourtant promise à une arrivée massive de par son profil plat, la deuxième étape du Tour Alsace (2.2) a vu l'échappée matinale se disputer la victoire. Comment un groupe de onze coureurs a-t-il pu créer la surprise face au peloton lancé à ses trousses ? ''C'était pourtant une échappée à prendre au sérieux'', déplore, Morgan Lamoisson, directeur sportif de Vendée U, auprès de DirectVelo.

« PERSONNE N'A PRIS D'INITIATIVE »

Au cours de la première partie de l'étape, rien ne laissait envisager un tel scénario. Après plusieurs tentatives, dans les deux seules difficultés répertoriées au classement de la montagne, une échappée composée de onze unités a pris le large. Le peloton, mené par la sélection des États-Unis Espoirs, a alors accordé un crédit de cinq minutes aux fuyards, avant de réduire de moitié l'écart. ''Il y avait onze équipes à l'avant, donc il n'en restait plus que quatorze derrière. Les échappés étaient de qualité et les équipes importantes au niveau du général'', analyse Jérôme Gannat.

Sur un fait de course qui peut sembler anodin, le sort de l'étape a basculé. Alors qu'il reste près de soixante kilomètres, deux coéquipiers de la formation des Etats-Unis sont victimes d'une crevaison. ''Ils ont logiquement arrêté de rouler. Derrière, on s'est retrouvé avec des coureurs qui sont allés demander des conseils aux directeurs sportifs pour savoir ce qu'ils avaient à faire'', reprend Morgan Lamoisson. Suite à ce moment de flottement en tête du paquet, les fuyards s'octroient à nouveau une avance conséquente. Fatale au peloton. ''Personne n'a pris d'initiative et le tempo n'a pas été maintenu. Ils ont regagné presque une minute et demie très facilement''. Les formations de sprinteurs ont alors joué une partie de poker menteur. ''Tout le monde voulait venir rouler au dernier moment'', regrette le Morgan Lamoisson. Les échappés ne seront plus revus.

« BRAVO À L'ÉCHAPPÉE »

De son côté, la formation des Etats-Unis ne voulait pas assumer seule le poids de la course et tablait sur davantage de soutien de la part des autres équipes. ''Nous n’avons pas tout mis en œuvre pour essayer de rentrer. Nous ne voulions simplement pas que l’échappée termine avec dix minutes d’avance car le général aurait été fichu pour nous'', reconnaît Ian Garrison, l'ancien porteur du maillot de leader. La réussite des onze éclaireurs constitue-t-elle réellement une surprise ? ''Ça l'est toujours quand une échappée va au bout, surtout quand elle part de loin comme ça. En tout cas, c'était déjà arrivé sur le Tour Alsace'', confie Jérôme Gannat.

Les efforts des audacieux ont été récompensés. Avec la présence de son leader Adria Moreno, l'AVC Aix-en-Provence a de quoi jubiler : l'Espagnol s'est octroyé 1'40'' d'avance sur ses principaux rivaux. ''On va bientôt arriver dans la montagne, son terrain de prédilection. À priori, il n'y avait pas d'autres grimpeurs en tête, à part l'anglais (Max Stedman, NDLR). Pour nous, c'est super positif. Il vaut mieux avoir une minute et demie d'avance que de retard''. Du côté du Vendée U, la déception était de rigueur à l'arrivée. Les rouge-et-blanc espéraient beaucoup de Clément Orceau en cas de sprint. Morgan Lamoisson se montre pourtant bon perdant. ''Sportivement, je trouve que c'est bien pour le vélo que les étapes plates n'arrivent pas toujours au sprint. Bravo à l'échappée'', conclut-il.

 

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Ian GARRISON
Portrait de Adrià MORENO SALA