Audrey Cordon-Ragot : « J'ai roulé pour lui »
Audrey Cordon-Ragot a pris le temps de répondre aux questions dans la zone mixte du Championnat du Monde Elite Dames du contre-la-montre, disputé à Innsbruck (Autriche). Mais après quelques phrases, elle a eu beaucoup de mal à cacher son émotion au moment d'évoquer le décès d'un proche ce lundi. "J'ai roulé pour lui", confie à DirectVelo celle qui a pris la 19e place du contre-la-montre dominé par les Néerlandaises (voir classement).
DirectVelo : Que penses-tu de ton contre-la-montre ?
Audrey Cordon-Ragot : Je suis un peu perdue. Je ne sais pas trop ce qui a manqué aujourd'hui (mardi), de l’énergie sûrement. J'arrivais à peine à marcher après le chrono par équipes de dimanche. Ça a été difficile de récupérer. J'avais l'impression d'avoir fait un marathon. J'avais les mêmes sensations qu'après les premiers entraînements du début de l'hiver. J'avais des grosses courbatures. Ça allait mieux aujourd'hui mais il m'a manqué de l'énergie. Enchaîner les deux chronos était un pari. Je ne savais pas comment j'allais réagir. Je ne me sentais pas forcément mal. Je pense être à ma place. Mon jour de grâce était dimanche. Je ne sais pas où j'ai pêché sur ce chrono. Il faut que j'en parle avec mon coach. Quand j'ai vu qu'il ne me donnait aucun temps, j'ai compris que je n'étais pas dans le match. J'ai donné le meilleur de moi-même et ça n'a pas fonctionné.
On te sent très déçue...
Je suis déçue du résultat. Mais encore une fois, je suis à ma place. Je reviendrai l'année prochaine. Avec les jambes que j'avais dimanche, j'aurais mérité de faire un podium avec l'équipe (Wiggle-High5 termine 4e, NDLR) et ça aurait rattrapé ma déception. Mais c'est le vélo, il y a des jours avec et des jours sans. Il y a des choses plus dures dans la vie. J'ai perdu un proche hier (lundi). J'ai roulé pour lui. Toute ma famille est dans le deuil et moi je suis ici, loin d'eux. C'est dur. J'ai appuyé sur les pédales en pensant à lui. C'est aussi ce que je vais retenir. Il y a le vélo mais il y a aussi la vie à côté. Il faut relativiser.
« MONTRER UNE BELLE IMAGE »
Tu as quand même tenu à prendre le départ de ce chrono...
Je tenais à être au départ. Je sais faire la part des choses. Sur le vélo, j'arrive à ne pas penser à autre chose. Ça me permet de relativiser mon résultat, il y a autre chose que le vélo. Je suis contente d'être ici, il y a du monde qui aimerait être à ma place.
Comment envisages-tu la course en ligne ?
Je prends jour après jour. Je vais essayer de bien récupérer. Nous allons tâcher de montrer la plus belle image possible du vélo féminin français. Nous n'avons pas de star pour la montagne mais je pense que nous pouvons faire une belle course. Nous allons montrer que nous sommes un beau collectif et que le vélo féminin français progresse année après année. Nous n'avons pas à rougir d'être là où on est.