Ce dimanche, au Championat d'Europe Espoirs et Juniors sur piste, Stéphane Wernimont a conclu un chapitre de dix ans de sa vie. Le coach du sprint voit sa collaboration interrompue avec Belgian Cycling en raison de l'absence de sprinteurs à guider dans les années à venir. "J'ai un gros pincement au coeur. J'ai tant de souvenirs en dix saisons", s'attriste-t-il auprès de DirectVelo. 

Quand on lui demande d'isoler un moment fort, le choix est vite fait : le titre mondial de Nicky Degrendele à Gwangmyeong (près de Séoul en Corée du Sud) en keirin chez les Juniors. "C'était historique à l'époque. Voir une fille remporter l'or dans les disciplines du sprint. C'était une grande fierté."  La suite, on la connait. La Brugeoise est devenue Championne du Monde Elites à Apeldoorn en 2018. "Sans aucune prétention, c'est moi qui l'ai détectée et entrainée avant qu'elle aille à Aigle. Si je n'avais pas proposé à Nicky de faire du sprint, elle ne l'aurait sans doute pas fait. A la base, c'est mon initiative".

Le père de Nicolas Wernimont se rappelle très bien du moment où il l'a repérée. "Tout simplement à Gand en étant présent aux entrainements des jeunes, j'ai vu tout de suite qu'elle était sprinteuse de nature. Très vite, elle semblait intéressée. Nous sommes allés à des courses aux Pays Bas. C'était compliqué au début en raison de son inexpérience mais en qualifications, elle laissait entrevoir de belles choses. Elle a tout de suite progressé".

AUCUN COUREUR INTÉRESSÉ 

Malheureusement, elle n'a pas su inciter d'autres filles à emboiter son pas. "Personne n'est venu me voir comme si cela n'avait jamais existé. Ce fut l'une de mes premières déceptions". D'autant que la fédération ne faisait rien de son côté pour encourager les jeunes à se tourner vers la vitesse. "C'est toujours facile de faire des reproches mais la fédération m'a toujours permis de faire les courses que je voulais faire. Elle a payé tous les frais. Je regrette seulement que rien n'ait été fait au niveau du recrutement. J'ai tenté d'approcher plusieurs coureurs, mais quand on leur propose de faire ça, on a l'impression de les vexer. C'est presque une punition. Cela ne les intéresse pas".

AYRTON DE PAUW, UN GARÇON COURAGEUX

Ayrton De Pauw restera donc le dernier coureur guidé par l'ancien coach des Juniors sur la piste. "Il m'a beaucoup satisfait ces dernières années. Il est allé chercher un titre et des médailles européennes au kilomètre. Je lui rends hommage. C'est un garçon courageux qui a pris congé pour participer à ces Championnats. Avec sa préparation, il a fait un bon temps. Il s'est battu pour lui et pour moi. Il est déçu que je doive arrêter et cela le décourage aussi".

Le kiné de 57 ans a donc savouré chaque moment de ce Championnat d'Europe à Gand. "On se faisait la guerre sur la piste mais en dehors, c'est l'amitité et la camaraderie entre entraîneurs. J'ai gardé d'excellentes relations avec les coachs et nous nous entraidions souvent. Cela va me manquer".