La Coupe de France N1 divise toujours les clubs
Nantes-Segré marquait ce dimanche la fin de la Coupe de France. Même si les changements de dates ont été nombreux, les quatres manches prévues ont pu se disputer. 2020 marquait un tournant pour la Coupe de France N1 avec la réduction du nombre de courses et une augmentation du nombre de clubs labellisés.
« PRO IMMO NICOLAS ROUX AURAIT EU 400 POINTS D’AVANCE »
Quel bilan tirer d’une Coupe de France N1 réduite à quatre manches ? “Avoir huit manches n’aurait pas changé grand chose, sauf que Pro Immo Nicolas Roux aurait eu 400 points d’avance au lieu de 200. Les équipes qui sont devant le méritent”, juge Vincent Garin, le directeur sportif de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme, interrogé par DirectVelo. En revanche, plusieurs équipes ont quitté le fond de classe grâce à Nantes-Segré. Pour Stéphane Bauchaud, cette nouvelle mouture de la Coupe de France est encore plus aléatoire que par le passé. “La spécificité des manches impacte énormément le classement final”, dit-il. L’Océane Top 16, privée de grimpeurs, a dû attendre la dernière manche pour marquer ses premiers points. Grâce à son sprinteur, Louis Lapierre, elle est passée de la dernière place, 25e, à la 19e (voir classement). Avec trois manches sur quatre pour grimpeurs ou puncheurs, les sprinteurs n’auront pas grand chose à espérer en Coupe de France N1 l’an prochain. Ce qui pénalisera certaines équipes.
Jean-Philippe Yon regrette vivement la réduction du nombre de manches. “C'est insuffisant. Il faudrait plus de confrontations de haut-niveau. C’est un brassage entre le Nord et le Sud. Pour nous, c’est important de rencontrer les clubs d'Auvergne-Rhône-Alpes, l’AVC Aix-en-Provence ou encore le GSC Blagnac VS 31. C’est avec des épreuves de haut-niveau qu’on sortira des coureurs. Je préfèrerais l’ancienne formule, avec une manche par mois”.
« LA COUPE DE FRANCE SE RESPECTE »
Même si la Coupe de France N1 est réduite (voir le programme), des directeurs sportifs s’agacent toujours de retrouver des manches face à des courses de Classe 2. Ainsi l’an prochain, le Grand Prix de Saint-Etienne sera face au Tour de Normandie ; le Circuit de Saône-et-Loire et le Chrono 47 en concurrence directe avec le Tour de Bretagne. “Ce n’est pas le nombre de manches qui nous dérange mais le fait que ça tombe face à des Classes 2, et quand on a l’obligation d’y participer, ce n’est pas l’idéal”, indique Damien Pommereau. Le DS du Vendée U appréciait d’avoir des courses sur toute la saison. “C’était révélateur”. Avec quatre épreuves, une équipe qui « loupe » une manche peut faire une croix sur le podium. “On en a loupé deux donc dans ces cas-là, c’est impossible de revenir. C’est peut-être la seule différence. Il ne faut pas se louper”.
Pour lui, la Coupe de France a perdu de la valeur ces dernières années. "Il n’y a rien au bout. Ça donne pas plus d'avantage de la gagner. Il faudrait la rendre plus attrayante”. Certains ont adopté cette nouvelle formule. C’est le cas de Steven Laurent, directeur sportif du promu Laval Cyclisme 53. “J’ai apprécié alors que j’étais réticent au départ. Les manches étaient variées. La Coupe de France se respecte en tout cas”. Pour Vincent Garin, elle garde toujours de la valeur. “Nous finissions 4e, ça aurait été beau de finir sur le podium. Ça fait toujours plaisir aux coureurs et au staff, ça a toujours une belle valeur”.
« QUEL INTÉRÊT D’AVOIR LE LABEL N1 MAIS PAS LE NIVEAU ? »
Les descentes ont disparu depuis l'an passé. Et là aussi, les avis divergent. “Avec quatre manches, c’est encore plus important qu’il n’y ait plus de descentes, confie Stéphane Bauchaud. Cette réforme était une bonne chose. Un sprinteur n’aura pas les moyens de s’exprimer l’an prochain et c'est pénalisant”. Pour lui, l'intérêt sportif perdure. “Tout le monde se bat, pense-t-il. Heureusement qu’il n’y a pas de descente quand on voit qu’il y a deux manches face au Tour de Bretagne en 2021. Ça permettra aux équipes de doubler les courses. La Coupe ne doit pas être vitale. On ne doit pas couper des branches. La réforme permet de travailler dans le temps”.
Jean-Philippe Yon n’est pas l’avocat de cette réforme qui a permis de monter le nombre de N1 de 20 à 25. “On est en train de raboter l’élite du cyclisme français. Plus il y a des équipes, moins on a du niveau. Je suis pour réduire le nombre de N1. Il y a une chute libre du nombre de licenciés et on augmente le nombre de N1… Pour avoir du haut-niveau, il faudrait quinze N1. Et puis ça manque de saveur. Il n’y a plus d’enjeu sportif. Nous sommes le seul sport sans montée ni descente”.
Avoir le label N1 permet à de nombreux clubs de recevoir des subventions qu’ils ne toucheraient pas dans la division inférieure. “C’est bien de vouloir pérenniser les clubs mais se mettre en danger, ça fait évoluer. Tu travailles autrement, sur la performance… Je ne vois pas l'intérêt d’avoir le label N1 mais pas le niveau”, souffle le directeur sportif du VC Rouen 76. Un de ses confrères va dans le même sens. “C’est particulier d’avoir 25 équipes. Ça fait perdre de la valeur. Il y en aura peut-être 35 dans deux ans… Qu’est ce qui fait la valeur d’une N1 ? On voyait une pyramide avant. On sent que la N2 et la N3 sont désertées. Je ne suis pas sûr que ça fasse monter le niveau…”.