Arkéa-Samsic : Un suivi qui booste les jeunes

Crédit photo William CANNARELLA / DirectVelo

Crédit photo William CANNARELLA / DirectVelo

Le 13 janvier dernier, la formation Arkéa-Samsic annonçait le nom des dix coureurs amateurs qu’elle a décidé de suivre tout au long de l’exercice 2021 (voir les noms ici). Ce communiqué faisait suite au lancement d’un processus de recrutement ouvert à tous en mars 2020. Dès le mois de septembre dernier, un premier heureux élu a été directement recruté par la ProTeam bretonne après avoir envoyé ses données via la plateforme Training Peaks : l’Estonien Markus Pajur, désormais néo-pro dans la structure d’Emmanuel Hubert. Au total, environ 650 cyclistes ont décidé de partager leurs données d’entraînements avec l’équipe bretonne, pour donc dix candidats retenus à l’arrivée. Parmi eux, le Varois Rémi Cocusse - notre photo -, qui s’était révélé chez les Juniors en brillant sur le Tour PACA, lui qui a passé une grande partie de son enfance puis adolescence en Amérique du Nord (voir son portrait). “Je me suis inscrit assez tard car au début, ça me paraissait presque inaccessible. Mais je me suis dit qu’il fallait essayer et si ça ne passait pas, tant pis. Mais finalement, six mois plus tard, j’ai reçu un premier email m’annonçant que j’étais dans les vingt présélectionnés, puis un second pour me dire que j’étais dans les dix”, se réjouit l’ancien coureur de l’UC Monaco auprès de DirectVelo.

UNE POSSIBLE AIDE MATÉRIELLE ET DES CONSEILS

L’Espoir 2, qui a rejoint l’AVC Aix-en-Provence pour la saison 2021, a été à la fois surpris et ravi par la nouvelle. “Ils ont tout regardé, les séances d’entraînement, les tests à l’effort sur 10-20 minutes, des trucs tout bête comme les KOM etc. Je me doutais que j’avais de bonnes stats au niveau des watts, mais de là à être dans les dix derniers…”. Même surprise et satisfaction identique pour l’autre sudiste de la liste, Paul Hirsinger. Le coureur du Team Sprinter Nice Métropole détaille le processus : “On a reçu un email à la fin de l’été dans lequel il nous était proposé différentes aides. Il y avait la question suivante : « Quelles sont les trois types d’aides que vous aimeriez avoir pour 2021 ? ». Avec des propositions sur le matériel, des conseils sur l’entraînement, sur la nutrition et autres”.

Chef de projet de ce programme de détection tout au long de la saison 2020, Kévin Yven a désormais laissé la main, notamment à l’un des directeurs sportifs d’Arkéa-Samsic, Arnaud Gérard. “Kévin a fait 99% du boulot. Je m’occuperai modestement de la suite. L’idée, c’est d’avoir un contact régulier, disons mensuel, avec eux. Je serai là s’ils ont des requêtes et questions. On va avancer pas à pas. On aura évidemment un œil avisé sur leurs résultats mais il est trop tôt pour dire si l’on organisera nécessairement quelque chose avec eux. L’idée est avant tout de créer un lien, pour l’instant, détaille l’ancien coureur professionnel. Les valeurs qu’ils développent sont très bonnes. Maintenant, il faut réussir à mettre tout ça en application sur le terrain, en course. Il y a toujours une différence entre l’entraînement et la compétition”.

CONVERTIR LES WATTS EN BONS RÉSULTATS SUR LES COURSES

Cette analyse, Rémi Cocusse l’a faite lui aussi. Le garçon connaît parfaitement ses limites actuelles. “J’ai les watts à l’entraînement mais j’arrive très rarement à développer la même puissance le dimanche... Être aussi fort sur une fin de course, après avoir passé trois heures à cravacher dans le peloton pour se replacer, pour ne pas prendre de vent etc, ce n’est pas pareil que seul à l’entraînement en gérant son truc tout seul. J’ai progressé mais je sais que je dois encore travailler cet aspect-là”. Clairement, ce suivi d’Arkéa-Samsic a changé ses perspectives et accentué son enthousiasme. “Au début, je n’y pensais pas trop mais maintenant, je réalise qu’il va falloir appuyer sur les pédales car toutes les sorties vont être analysées. Comme je suis dans les dix, je dois vraiment montrer mon meilleur visage et donner mon maximum. Il y a eu un premier tri au niveau des watts et dorénavant, ce sont les courses qui vont compter. Ce qui motive, c’est de savoir que si je fais une belle saison, ça ne passera pas inaperçu, ils le sauront”.

Pour ces coureurs, le fait d’être suivi est bénéfique tout d’abord quant au lien évident avec cette formation, mais aussi - plus indirectement - vis-à-vis des autres structures. “Tout le monde a vu défiler nos noms et nos photos sur les réseaux sociaux. Les autres équipes savent que si on est suivi par Arkéa-Samsic, ça signifie qu’on a de bonnes données niveau watts. C’est un bel avantage et une belle source de motivation”. Et une pression positive, en somme. “Maintenant que je sais que les watts développés à l’entraînement sont bons, je me dis que j’ai peut-être les capacités de faire quelque chose de pas mal chez les amateurs cette saison”, imagine Paul Hirsinger. J’ai envie de marcher sur des grosses courses comme la Ronde de l’Isard pour leur montrer que j’en suis capable… J’imagine que si un coureur sélectionné parmi les dix marche fort en compétition, ils lui donneront une chance, ça donne envie !”.

LA COVID PERTURBE LE PLAN INITIAL

Paul Hirsinger a d’ores-et-déjà eu l’occasion de passer une journée avec le groupe professionnel d’Arkéa-Samsic. Une exception dans cette liste de dix coureurs. “J’habitais pas loin alors ils m’ont invité. J’ai eu la chance de faire une sortie de 5h30 avec le groupe”. C’était à Isola 2000, en juillet dernier, lorsque les rouge-et-noir préparaient leur retour à la compétition. À ce moment-là, l’Espoir 2 ne savait pas encore qu’il était dans la liste des dix sélectionnés, finalement annoncée un peu plus tard par le directeur général de l’équipe, Guillaume Letanneur, par email.

Et maintenant ? Qu’est-ce qui attend donc les dix coureurs qui ont pleinement intégré ce programme de détection ? Un stage avec le groupe, sur la pré-saison, était un temps sérieusement envisagé, mais l’actuelle épidémie de coronavirus a modifié les plans d’Arkéa-Samsic. On a envie d’organiser des choses avec ces jeunes. Malheureusement, pour l’instant, il est compliqué de se rapprocher… On a plus de mal à se projeter sur l’avenir", admet Arnaud Gérard. On voulait une rencontre cet hiver, en stage, pour un vrai premier ressenti en présentiel, histoire de discuter avec chacun d’eux etc. Mais ce sera pour plus tard”. Et à plus long terme : l’un ou plusieurs des coureurs de la liste seront-ils nécessairement sélectionnés pour porter le maillot de la ProTeam ? Y'aura-t-il un match dans le match entre tous ces garçons ? “Il est trop tôt pour dire si l’un d’eux sera stagiaire cet été ou même pro chez nous en 2022. Mais dans tous les cas, c’est forcément un avantage pour eux d’être suivi...”, synthétise Arnaud Gérard. Rémi Cocusse conclut pour sa part avec une phrase qui devrait résumer l’état d’esprit de chacun des jeunes suivis : “tout ce que je peux faire avec eux, je le ferai. Il faut prendre ce qu'il y a à prendre. C’est une opportunité énorme qui nous est donnée”

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Rémi COCUSSE
Portrait de Paul HIRSINGER