Liège : La troisième place sera très prisée
Ce samedi, lors de la présentation des coureurs de Liège-Bastogne-Liège, la majorité des questions tournait autour d'un thème : comment battre Tadej Pogacar et Remco Evenepoel ? On en arrive à un tel point d'acceptation de la domination de ces deux coureurs, que les journalistes finissaient par demander lequel des deux allaient l'emporter. Les coureurs, résignés pour la plupart à l'idée de gagner ce Monument, se prêtaient même au jeu. Ils attendent, comme la planète vélo, le duel entre les deux protagonistes. Le Champion du Monde Remco Evenepoel apparait comme le seul rival potentiel du Slovène d'UAE Team Emirates, qui a remporté le Tour des Flandres, l'Amstel Gold Race et la Flèche Wallonne. "Ils font peur à tout le monde", affirme Benoit Cosnefroy lors de la présentation des coureurs.
Pour le Normand d'AG2R Citroën, aucun doute, la Redoute sera décisive. "Avec ce nouveau parcours comprenant la Côte de Cornémont, non répertoriée (après la Redoute, NDLR), et la Côte des Forges, le parcours prend une autre tournure et rend ses lettres de noblesse à cette difficulté mythique. Remco a gagné là-bas. Je suis sûr qu'il va se passer quelque chose à cet endroit." Selon le Liégeois Tom Paquot, cette modification de parcours est bénéfique. "Les organisateurs ont voulu remettre la Redoute comme juge de paix de la course. Il n'y a aucun temps mort à partir de la Redoute. La Côte de Cornémont sera décisive. La montée n'est pas impressionnante. Le fait qu'elle soit 1,5 kilomètre après la Redoute va provoquer la guerre dans la Redoute."
« C'EST COMME SI TU DISAIS QUE LE 20E DE LA GRILLE EN F1 POUVAIT GAGNER, C'EST JUSTE IMPOSSIBLE »
Face à ce feu d'artifice attendu, une solution : l'anticipation. C'est le plan du 2e de la Flèche Wallonne Mattias Skjelmose (Trek-Segafredo). "J'espère être devant eux avant la Roche aux Faucons. Ensuite, j'imagine qu'ils me rattrapent et je vais avec eux jusqu'au bout. Le podium est un objectif réaliste." À condition que leurs adversaires prennent vraiment ce coup d'avance : "À la Flèche Wallonne, les équipes ont attendu trop longtemps et finalement, Tadej a gagné", regrette le directeur sportif d'Alpecin-Deceuninck Frederik Willems qui craint que le final corsé mette à mal les velléités offensives de la concurrence. "Beaucoup de coureurs auront encore plus peur d'être lâchés que de passer à l'attaque." Par conséquent, d'autres savent déjà qu'ils jouent un accessit. "Ils font leur course et nous faisons la nôtre. Nous ne sommes pas des rêveurs. Il faut juste être réaliste avec nos chances. C'est comme si tu disais que le 20e de la grille en Formule 1 pouvait gagner le Grand Prix, c'est juste impossible", dit Anthony Perez, coureur de Cofidis.
Pour Lilian Calmejane, Tadej Pogacar et Remco Evenepoel incarnent des équipes de foot toujours présentes dans le dernier carré de la Ligue des Champions. "Et puis, tu en as d'autres qui sortent souvent en phase de poules. Ces deux-là sont deux jambes au-dessus de tout le monde. Quand ils vont démarrer, peu de gars, voire personne, ne seront en mesure de les suivre. Il y a une forme de résignation." Toutefois, le sociétaire d'Intermarché-Circus-Wanty rappelle que "ça reste du vélo, c'est un sport où on peut toujours rêver. Il ne faut pas s'interdire de penser à la victoire." Mais la troisième marche du podium sera très prisée. "Il n'y a pas de honte. C'est une belle place à jouer." Pour Anthony Perez, la domination de Tadej Pogacar incarne ce qu'est le sport de haut niveau. "Tu as toujours un mec qui bat les autres, un gars qui gagne plus que les autres. Il y a des vainqueurs et des vaincus." Le mot de la fin revient à Frederik Willems. "De toute façon, soyons bien clairs, sur un Monument, il n'y a que deux ou trois coureurs qui peuvent prétendre à la victoire. Tadej Pogacar ou Remco Evenepoel, l'un des deux gagnera." Sauf, selon la formule classique, ennuis mécaniques ou chute.