Guerand Le Pennec : « J’ai envie de calmer les choses »
Ce sont ses derniers coups de pédale. À 24 ans, Guérand Le Pennec va ranger le vélo et se concentrer sur ses études. Des études qui devraient d’ailleurs continuer à le connecter au milieu du vélo, puisque son alternance lui permettra d’officier en tant que directeur sportif à La Crêpe de Brocéliande-BLC la saison prochaine. Après le Trophée des Champions et Paris-Connerré, le Breton tirera sa révérence, l’occasion de revenir avec DirectVelo sur cette fin, lui qui a fini en beauté au VC Pays de Loudéac.
DirectVelo : Qu’est-ce qui a motivé ta décision d’arrêter ta carrière ?
Guerand Le Pennec : Ça faisait un an, et notamment depuis le début d'année, que je savais que j’allais arrêter. J'avais pour objectif d'intégrer un DEJEPS à partir d'octobre, et c'est chose faite. Je vais commencer l'école, je vais passer une année de formation, donc je n'aurai pas les dispos pour continuer à faire du vélo à ce niveau-là.
Espères-tu encore courir à plus bas niveau ?
Non, j'arrête complètement. Ça a été beaucoup d'investissement. Il y a beaucoup de choses qui font que là j'ai envie de calmer les choses. Peut-être en loisir si j'ai l'envie mais il faut que je me concentre sur mon année d'études, et puis après pourquoi pas faire autre chose. Il n’y a pas que le vélo.
« PLUS ÇA VA, MOINS JE PRENDS DE RISQUES »
Pourtant, depuis deux ans, tu as une progression qui aurait pu te faire espérer de belles choses encore…
Je vais avoir 25 ans, si je veux évoluer dans ma vie pro il faut passer par là. Ça prend énormément de temps. J'étais à mi temps en technicien vendeur cycles dans un petit magasin. Je n'avais pas d'évolution, depuis trois ans. Avec le programme de la DN chargé, on est tout le temps parti donc je prenais des congés sans solde. Je me suis retrouvé à avoir un 20h, et j'avais envie de changer de métier. Il y a eu une opportunité avec le DEJEPS. Je reste quand même dans le milieu, car j'ai envie de transmettre. Mais je n’ai plus autant de motivation à faire du vélo. Après toutes ces années, il faut que ça serve. Si je peux éviter aux jeunes de faire des erreurs que j’ai faites…
Quelles erreurs ?
À la sortie des rangs Juniors, je n'ai pas mis l'investissement. Je pensais que ça allait dérouler tout seul, mais il y avait du travail, il fallait en faire encore. Je ne saurais pas tout expliquer, mais si je peux faire gager un peu de temps avec des petites erreurs à éviter... Surtout avec la tendance de passer chez les pros de plus en plus jeune, ils ont vite le bagage technique.
Est-ce qu’une proposition chez les pros aurait pu te faire changer d’avis ?
Pas forcément. J'ai quelques amis pros et ce n'est pas une vie qui me donne envie. C'est bien de se lever le matin et de se dire « j'ai un entrainement et je suis tranquille ». Mais tous les à-côtés, la nutrition, les prises de risques en course… Déjà cette année, plus ça va moins je prends de risques. Je trouve ça fou, toutes les chutes… Je n'ai pas envie de finir en fauteuil. J'ai fait du vélo en loisir, sans pression. Même si j'étais dans la N1, j'avais des objectifs à remplir, mais j'étais sans pression et je ne me suis jamais pris la tête. Chez les pros c’est un peu différent et je n'en avais pas envie.
« PAS DE REGRETS À AVOIR »
Quels sont les souvenirs qui te restent ?
Chez les jeunes, j'ai fait 2e d'un France, ça marque. Cette année, j'ai vécu un peu des sensations similaires, avec Killian (Verschuren). On va dire que les France m'ont marqué, en jeune et cette année. Il y a pas mal de choses, j'ai gagné à Plouay sur une ligne d'arrivée mythique, j'ai fait le Tour de Normandie, de Bretagne, ce sont de sacrés souvenirs. J'ai gagné une classique bretonne et ça marque aussi. Quand on est breton, si on ne gagne pas une classique… c'est frustrant. Je pense que je n'ai pas de regrets à avoir.
Quel est donc le projet pour toi ?
Donc je commence un DEJEPS cyclisme traditionnel. C’est à Poitiers en alternance. Je suis une semaine par mois à l’école et le reste j’ai un contrat alternance à la Crêpe en N3. Je serai donc deuxième DS là-bas.