Sten Van Gucht : « Je me suis régalé »
Sten Van Gucht a raccroché le vélo il y a deux mois. Revenu mi-octobre en Belgique à Puurs (province d’Anvers), l’ex-coureur de 31 ans revient pour DirectVelo sur sa carrière et notamment ses sept années en France de Vulco-Vaulx en Velin à Bourg-en-Bresse, en passant par le VC Villefranche Beaujolais, où il a obtenu 27 victoires (voir sa fiche DirectVelo).
DirectVelo : Pourquoi as-tu finalement décidé de mettre un terme à ta carrière à l’issue de la saison 2023 ?
Sten Van Gucht : J’y avais déjà réfléchi l’an dernier et même avant de rejoindre Bourg-en-Bresse. C’est une combinaison de plusieurs choses. Tout d’abord, j’ai gagné pas mal de courses amateurs. J’aime bien les défis et je n’en avais plus vraiment. J’aurais bien voulu tenter ma chance au niveau supérieur mais vu mon âge, ce n’était pas possible. J’ai décidé de passer à autre chose. À un moment donné, il faut construire une vie et ce n’est pas en faisant du vélo en amateur qu’on la bâtit. En plus, la famille en Belgique me manquait.
« UN PEU CHOQUANT QUE JE N’AI EU AUCUNE TOUCHE »
Cette année, tu t’es imposé à trois reprises en Classe 2 et tu n’es pas passé pro. Est-ce un regret ?
Avec Christian (Milesi, son directeur sportif à Bourg-en-Bresse, NDLR), on a un peu essayé de trouver quelque chose, mais je n’ai rien eu. C’est un peu choquant que je n’ai eu aucune touche. Mais on ne peut rien changer, je n’ai pas non plus 23 ans, c’est plus facile à digérer. Je ne voulais pas passer pro à tout prix juste pour dire que j’étais pro. Je ne le regrette pas vraiment même si je reste convaincu, si les planètes s’alignent, que je pouvais gagner en Classe 1. J’aurais bien aimé avoir l’opportunité de le montrer.
En 2015, tu as quand même passé une année dans une formation Continentale belge, Verandas Willems…
Je n’étais pas le même style de coureur, je faisais 66 kilos pour 1,90 m, j’avais 6-7 kilos de muscles en moins. Je n’avais pas du tout le même punch et la même caisse. À ce moment-là, je ne croyais pas du tout que je pouvais performer sur les courses UCI. À chaque fois, j’étais au service de l’équipe.
Puis, tu as rejoint la France en 2017. Pourquoi ?
J’ai commencé à marcher très tard. Verandas Willems a changé de projet, ce n’est pas vraiment ce que je voulais. Une fois que tu as 24-25 ans en Belgique, c’est compliqué, très peu d’équipes donnent la chance à quelqu’un qui n’est pas Espoir de faire un très bon calendrier. Je suis allé en France pour le programme avec des courses escarpées et aussi pour relancer ma carrière.
« PARFOIS, JE FAISAIS UN PEU TROP LE SPECTACLE »
Que retiens-tu de tes sept années à Vulco-VC Vaulx-en-Velin, au VC Villefranche Beaujolais et à Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme ?
La première année à Vaulx-en-Velin a été assez compliquée. Je me suis trop entraîné et je suis tombé malade. Je n’ai pas couru de juin à mi-août. J’avais un problème au sang avec l’hématocrite qui était descendu de 9 %. J’étais complètement cramé, ça a été une saison perdue. Tout a réellement commencé à partir du moment où j’ai rejoint Villefranche en 2018. Il y a eu juste eu deux années dures avec le Covid. Mais je me suis régalé lors de mes deux premières années à Villefranche et mes deux saisons à Bourg. Je me suis vraiment amusé. Parfois, je faisais un peu trop le spectacle, je ne courais pas au millimètre, j’aurais pu gagner plus de courses, mais j’ai pris du plaisir et c’est le principal.
N’as-tu pas eu une opportunité de passer pro auparavant au cours de ces années ?
En 2019, je sentais que j’étais parmi les trois meilleurs coureurs au départ de chaque course. Si je continuais à rouler comme ça, je me disais que ce n’était pas possible que je n’aie pas de contrat à la fin de la saison. Mais personne ne m’a contacté, c’est comme ça, je n’étais peut-être pas assez engagé. Je faisais confiance à Anthony (Barle, le manager du VC Villefranche Beaujolais, NDLR) pour me trouver une équipe pro. J’avais aussi eu un contact avec un agent mais il était plus accaparé à recaser les coureurs sans contrat après l’arrêt de Roompot.
« J’ESPÈRE AVOIR EU UNE BONNE INFLUENCE SUR EUX »
Quels sont les meilleurs souvenirs de ta carrière ?
Forcément les deux victoires collectives en Coupe de France N1 et même trois avec la N2. Au Tour du Portugal avec Verandas Williems, j’étais dans l’échappée et on m’a repris à trois kilomètres de l’arrivée. J’étais dégouté, mais c’est un super bon souvenir, j’ai passé toute la journée devant, j’y ai vraiment cru. Je suis content aussi d’avoir côtoyé plein de coureurs qui sont passés pro. Cette saison, il y en a eu quatre à Bourg (Baptiste Huyet, Charles Paige, Louis Rouland et Martin Tjotta, NDLR). J’espère avoir eu une bonne influence sur eux.
Que deviens-tu désormais ?
Actuellement, je bosse en intérim. Je cherche à bosser dans un magasin de vélo ou dans un atelier type Decathlon pour bien apprendre la mécanique. D’ici deux ans, j’ai pour projet de monter un magasin vers chez moi (à Pruus, NDLR), ça demande du temps et il faut que je mette un peu d’argent de côté.
Te reverra-t-on du côté de Bourg-en-Bresse ?
C’est possible qu’en avril-mai, je reprenne une licence pour faire une ou deux courses organisées par le club afin de revoir tout le monde là-bas. Mais c’est loin d’être sûr, si je vois que je n’ai pas roulé dix heures d’ici avril, je ne le ferai pas. Si ce n’est pas cette année, ce sera peut-être l’année prochaine. Mais ma carrière est bien finie, ce sera en mode cyclo, ça ne me dérange pas de ne pas être bon.