Gladys Verhulst-Wild : « C’est cruel »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

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Gladys Verhulst-Wild aura certainement le temps de se refaire le scénario du final des dizaines de fois dans la tête. Pourquoi donc la Normande, installée à Nice, a-t-elle passé des relais appuyés avec Juliette Labous dans la roue, alors même que sa propre coéquipière Jade Wiel aurait pu rentrer sur l’avant et permettre à la FDJ-Suez de jouer sur le surnombre, une fois la dernière difficulté franchie ? Sur ses terres, et après déjà de multiples médailles d’argent, Gladys Verhulst-Wild a fini par se persuader que c’était la bonne, que c’était pour ce samedi, et que rien ne pourrait lui arriver. Raté. Au terme d’un magnifique duel dans la dernière ligne droite, elle a dû s’incliner face à Juliette Labous (voir classement). “Triste mais pas abattue”, la (encore) vice-Championne de France sur route est revenue sur ce final au micro de DirectVelo. Entretien.

DirectVelo : Peux-tu nous raconter ce final et le moment où tu t’es retrouvée seule avec Juliette Labous…
Gladys Verhulst-Wild : Pour être honnête, je pense qu’en haut de la dernière bosse quand Juliette m’a attaquée et que j’étais toute seule avec elle, je me suis dit que c’était bon, qu’il ne pouvait plus m’arriver grand-chose et que j’allais avoir le maillot bleu-blanc-rouge ce soir. Mais je l’ai vue revenir dans les 20 derniers mètres. Ce maillot, je l’ai encore touché du bout des doigts mais je ne l’ai toujours pas sur les épaules… Je suis triste, mais pas abattue.

« UN JOUR, ÇA FINIRA PAR PAYER »

Collectivement, l’équipe était - comme souvent sur ces Championnats de France - en surnombre durant tout le final, et pourtant…
L’objectif était vraiment d’avoir un coup d’avance. Je ne peux rien regretter là-dessus. Quand les filles qu’on avait marquées avec l’équipe sont parties, j’étais toujours là. J’ai répondu présente, je n’ai rien à me reprocher là-dessus. J’ai dit aux filles que je me sentais bien et elles m’ont fait confiance. C’est l’histoire de 25 mètres. C’est rageant sachant que c’est la course où j’ai eu mes meilleures sensations de l’année. C’est comme ça, c’est une course d’un jour, c’est ce qui fait son charme mais parfois, c’est cruel. Je reviendrai.

Après 2018, 2020 et 2022, c’est la quatrième fois que tu décroches l’argent. Te sens-tu maudite ?
Une malédiction, oui et non. Je pense qu’un jour, ça finira par payer. Je suis encore jeune entre guillemets. Un jour ou l’autre, ça sourira.

As-tu le sentiment d’avoir mal géré ton sprint ?
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. J’ai vraiment besoin de revoir ce sprint. J’ai joué avec les nerfs de Juliette dans la dernière partie de la ligne droite. Je n’aime pas trop faire ça, mais j’étais obligée et j’en suis désolée. J’ai dit à Juliette que Jade rentrait et que si elle revenait, c’était elle qui allait gagner. Elle a mis un gros tempo. C’est moi qui ai lancé le sprint en me disant « c’est bon, c’est gagné ». Mais finalement… C’est frustrant.

« J'ÉTAIS VENUE POUR AUTRE CHOSE »

Tu avais déjà lâché quelques cartouches à quatre-cinq tours de l’arrivée en faisant partie d’un groupe intéressant. Le regrettes-tu après coup ?
Pas forcément car au final, je me dis que j’avais quand même un coup d’avance et que c’était mieux dans ma situation. C’est plus facile de gérer comme ça. Si Juliette attaquait, comme c’est une grimpeuse, ça pouvait faire très mal dans une bosse de deux minutes… Je préférais être devant. Je n’ai rien à regretter sur ma course mis à part ce sprint.

Quand as-tu compris que Jade ne reviendrait pas ?
J’ai vu que le trou était fait dès que Juliette a attaqué. Je me suis dit que ça allait être assez compliqué pour qu’elle revienne. J’avais quand même l’espoir qu’elle revienne dans la dernière ligne droite. Mine de rien, c’était vent de dos et faux plat montant. Je pensais qu’elle pouvait faire l’effort. Finalement, il en manquait un peu pour que ça revienne, ça aurait été intéressant de jouer à deux face à Juliette.

Tu n’as déjà plus la médaille d’argent autour du cou. Faut-il y voir le signe d’une grande déception ?
C’est quand même une fierté d’avoir une médaille. La moitié du peloton rêverait d’être sur le podium. Je ne crache pas là-dessus. Mais c’était chez moi à la maison en Normandie, ça me tenait à cœur de briller et j’étais venue pour autre chose… Il y avait toute ma famille. Je suis ici depuis une semaine, je me disais qu’il ne pouvait rien m’arriver aujourd’hui. Malheureusement, je suis tombée sur une adversaire redoutable. C’est le jeu, je reviendrai l’année prochaine.

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