Valentin Madouas : « Surfer sur cette vague »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Dimanche soir, sur la pelouse du stade de France, il a photographié Tom Cruise venant récupérer le drapeau des Jeux Olympiques avant la prochaine édition prévue en 2028 à Los Angeles. Ce mardi matin dans un autre décor, à Boisseuil (Haute-Vienne), c’est avec lui que les spectateurs tenteront de faire une photo au départ de la première étape du Tour du Limousin. Médaillé d’argent lors de l'épreuve en ligne des Jeux Olympiques, Valentin Madouas va encore changer de statut, un peu plus d’un an après son titre de Champion de France. S’il a tenu à profiter jusqu’au bout des JO, le coureur de la Groupama-FDJ patientera encore quelques semaines avant de souffler et prendre du recul sur ce qu’il vient de réaliser. Il est désormais lancé vers la fin de saison avec une seule envie, lever les bras, lui qui n’a pas encore réussi à débloquer son compteur cette année. DirectVelo a fait le point avec le vice-Champion Olympique à la veille de sa reprise au Tour du Limousin.

DirectVelo : Ce dimanche soir, tu étais au Stade de France et dès le lendemain, tu te retrouves dans un hôtel dans le Limousin…
Valentin Madouas : Mes coéquipiers ont dit quand je suis arrivé en début d’après-midi : “tu imagines Val', il a passé dix jours à Paris dans la folie des JO et là, il est au Tour du Limousin avec nous”. C’est vrai que ça change mais ce n’est pas pour me déplaire. Toute bonne chose a une fin. Il fallait en profiter quand c’était le moment, c’est ce que j’ai fait. 

« J’AI PRIS TOUTES LES ONDES POSITIVES »

C’était important pour toi ?
Je m’en souviendrai jusqu’à ma mort de l’émotion, des découvertes, des rencontres… Je suis allé à la cérémonie de clôture car ça sera la seule de ma carrière dans mon pays. J’ai pu la vivre, c’était une expérience superbe de parler avec d’autres sportifs français qui s’intéressent à notre sport, et nous on suit le leur. Ce sont des rencontres uniques. J’ai pris toutes les ondes positives. Les JO resteront un super moment, et maintenant je veux surfer sur cette vague et ne pas en redescendre de suite. Ma concentration est sur la suite de la saison.

À commencer par le Tour du Limousin…
J’ai un objectif simple, essayer de gagner. Je ne l’ai pas encore fait cette saison. J’ai conscience que ça ne sera pas facile. J’ai eu une semaine compliquée, je n’ai pas pu m’entraîner comme je le voulais. Mais en contrepartie, j’espère surfer sur cette vague comme je l’ai dit grâce à cette performance aux JO et tout ce que j’ai pu vivre depuis. Je n’ai pas perdu physiquement, il va falloir juste bien encaisser tout ce qu’il y a eu et si tout se passe bien, faire en sorte de se mettre en position de gagner sur cette course. 

Gagner une étape, le général ou les deux ?
On va commencer par une étape (sourire). Mais peu importe si c’est l’un ou l’autre. Je n’ai jamais gagné un général alors au choix, je préfèrerais que ce soit ça. J’adore le Tour du Limousin. Le profil me correspond bien, avec des routes en montées et en descentes qui ne rendent pas très bien. De l'extérieur, on a l’impression que le plateau n’est souvent pas très relevé mais il y a toujours de très bons coureurs. Il y a une adversité forte et importante. Il ne faut pas la négliger. 

À quoi va ressembler ta fin de saison ?
Je vais enchaîner avec la Bretagne Classic, où je suis tenant du titre et où j’aimerais être performant. Il y aura ensuite Québec et Montréal, des courses que j’apprécie, et le Mondial si je suis sélectionné. On verra ensuite pour l’Italie mais il y a de quoi faire. Je ne souhaite pas me fixer un objectif précis pour l’instant. Bien sûr, si je devais ressortir une course, je dirais le Mondial mais il faut d'abord y être. Je n’en ai pas parlé avec Thomas (Voeckler, le sélectionneur, NDLR)À l’heure actuelle, c’est la course la plus importante du calendrier mais je veux gagner et être présent sur toutes les courses. 

« JE NE REFERAI PAS LES MÊMES ERREURS »

C’est aussi important car on attendait un peu plus de toi sur la première partie de saison. Est-ce aussi ton sentiment ?
Exactement. Au Tour de France, je marchais. C’est celui que j’ai disputé où j’étais le plus fort mais je n’ai pas eu les résultats que je voulais et que je pouvais, je pense, avoir. Je savais que j’étais bien mais il aurait fallu que les étoiles s’alignent, comme ça a été le cas le jour des JO. Encore une fois, je veux surfer sur cette dynamique, c’est pour ça qu’on a discuté avec l’équipe pour que je sois au Tour du Limousin. Je veux reprendre confiance sur le plan des résultats. Mon début de saison a été bon sur la régularité, mais il m’a souvent manqué un petit quelque chose pour faire un peu mieux. J’étais dans les 10-15 premiers des Classiques, c’est très bien mais il me manquait un résultat comme celui des JO. Il n’y a pas eu de victoire ou de podium sur les Classiques, et si ça avait été le cas, on aurait dit que ma période était extra. Je n’ai pas pu jouer la victoire. C’est pour cela que je veux gagner le plus tôt possible. 

Cette 2e place aux JO peut-elle te rendre encore plus fort notamment pour croire en tes capacités face aux meilleurs mondiaux ?
Je ne pense pas. En début de saison, je me disais que je pouvais battre les meilleurs. J’ai conscience qu’il y a des coureurs plus forts que moi, il faut juste courir plus juste qu’eux. Je sais que je ferai encore beaucoup de Top 10 ou 15 mais je tenterai des choses pour gagner. C’est possible d’y arriver sans faire de faute. Je le sais depuis l’année dernière, pas depuis les JO. Mais ce podium à Paris me soulage car il me manquait ce résultat cette année. 

Après cette médaille, tu vas être très attendu et regardé, et ce dès le Tour du Limousin… Ça pourrait être la folie autour de toi ce mardi au départ…
Je ne veux pas m’imaginer quelque chose alors que si ça se trouve, il n’y aura rien. Mais je pense que la course a marqué les Français. Les gens ont regardé différents sports, ils ont vu les médaillés. J’ai du mal à imaginer les retombées des JO sur le public même si je sais que tout le monde a regardé cette course. Je ne suis pas encore rentré à la maison pour éviter d’être trop sollicité. J’aurai le temps de le faire après le Tour du Limousin. Je voulais vite rebasculer sur la suite de la saison qui est encore longue pour nous. 

Tu avais été très sollicité l’hiver dernier, tu es connu pour être du genre à dire oui à tout… Comment vas-tu l’affronter cette fois-ci ?
L’année dernière, ça m’est un peu tombé dessus, c’est vrai. Ce sera différent cette année. C’est pour cette raison que je n’ai pas voulu rentrer chez moi, pour éviter toutes les sollicitations. Je voulais attendre d’être plus tranquille pour rentrer, même je ne suis pas sûr que ça sera vraiment le cas (rire). On va bosser avec l’équipe pour simplifier les choses et surtout essayer de les regrouper. Il y a des sollicitations obligatoires, et qui me tiennent à cœur mais il faut savoir les faire au bon moment. J’ai ce recul-là cette année, je ne referai pas les mêmes erreurs que j'avais pu faire l’an passé. 

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