David Gaudu : « Je n'ai plus envie de me poser de questions »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Il n’avait plus disputé un Championnat avec l’équipe de France depuis le Championnat d'Europe 2016 à Plumelec. Il sortait alors d’un Tour de l’Avenir victorieux et s'apprêtait à quitter le peloton Espoirs pour rejoindre la FDJ. Cette semaine, David Gaudu retrouve les Bleus pour disputer son premier Mondial chez les grands. “C’est vrai que c’est surprenant qu’il fasse ici sa première sélection. Je n’avais même pas fait gaffe avant qu’on se parle au téléphone”, reconnaît le sélectionneur Thomas Voeckler. Sa présence est la preuve que le récent 6e de la Vuelta et vainqueur d’étape au Tour du Luxembourg a retrouvé ses meilleures jambes après un an et demi de galères. Le Finistérien de bientôt 28 ans assure à DirectVelo avoir levé tous les doutes qu’il pouvait avoir. Entretien.

DirectVelo : Tu as participé aux JO de Tokyo mais c’est ton premier Championnat avec l’équipe de France Élites !
David Gaudu : Je pars du principe qu'on ne court pas après les sélections. Si on est sélectionné, c'est qu'on a soit un rôle à jouer dans la course, soit qu'on va servir au collectif. Une sélection pour les Europe, le Championnat du Monde ou les JO, ce n'est pas une récompense parce que tu as marché.

« PLUS ÇA ALLAIT, MIEUX JE RÉCUPERAIS »

Cette sélection, tu as commencé à y penser depuis la Vuelta ?
Après la Vuelta. Le Tour du Luxembourg était dans ma tête depuis la mi-Vuelta car je savais qu'il fallait recourir entre la Vuelta et les Classiques italiennes. Au final, on a commencé à parler avec Thomas (Voeckler). Il fallait voir comment j'allais récupérer d'un grand Tour où j'ai joué le classement général et où je suis allé très, très loin sur certaines étapes. Plus ça allait, mieux je récupérais. On s'était donné les deux premières étapes du Luxembourg pour savoir si je récupérais bien. Au bout de deux jours, je me sentais vraiment bien et il m'a dit "allez, c'est parti".

Comment imagines-tu ta course ?
C'est dur à imaginer. Je n'ai jamais été appelé en sélection (pour le Mondial, NDLR). Je ne sais pas ce qu'on va me demander, comment on va discuter de la course (entretien réalisé vendredi, à la veille du briefing, NDLR)... Je vois ma course pour le collectif. Comme dit Thomas, le but, c'est que l'équipe de France donne son maximum pour aller chercher le maillot. 

Qu'est-ce que t'inspire le parcours ?
C'est un parcours très dur, pour des hommes complets. Soit on est dans une partie technique, soit on est en train de monter. Les seuls moments où on pourrait récupérer, il faut se remettre dedans car il va y avoir un passage technique derrière. S'il y a de la course sur ce circuit, ça peut donner une course très, très, très dure.

« JE NE SAVAIS PAS SI J’ALLAIS POUVOIR FAIRE 30 BORNES »

Comment vis-tu cette période ?
Je ne me pose pas de questions et ça fait du bien. Je m'en suis posé suffisamment pendant la saison. Je me demandais si j'allais retrouver mon niveau, qu'est-ce que je faisais de mal, pourquoi ça ne marchait pas, pourquoi je tombais, pourquoi j’étais malade... Je me suis demandé si je devais aller au Tour. J'étais cloué au lit cinq même huit heures par jour. Au départ de la première étape, je ne savais pas si j'allais faire 30 bornes ou pouvoir finir l'étape, tellement je n'étais pas bien. J’étais cuit… Au final, j'ai réussi à finir la première étape, ça m'a fait du bien, j'ai pu finir le Tour et c'est ce Tour qui m'a fait beaucoup de bien pour l'après-Tour.

Et il y a cette Vuelta où tu finis 6e du général…
Le Tour m'a fait du bien et je me suis mis la Vuelta dans la tête. Je me suis dit, "il n'y aura pas Tadej (Pogacar) au départ, ni Remco (Evenepoel), ni Jonas (Vingegaard)", ça fait trois places en “moins”. Et faire 6e d'un Grand Tour ou 9e, ce n'est pas la même chose. J'ai d'abord réussi à me mettre la Vuelta dans la tête avant d'atteindre un super niveau de forme. Et à la Vuelta, je me suis posé de moins en moins de questions. J'ai vu que j'étais dans le coup. Le déclic, c'est l'étape de Grenade (9e de l'étape remportée par Adam Yates, NDLR). Je suis dans l'échappée, je perds le contact dans la descente à cause d'un mauvais choix sur le type de roue. Mais le lendemain, je n'avais pas l'impression d'avoir fait une semaine de Grand Tour. Et jusqu'à la fin de la Vuelta, je me sentais bien.

Et tu t’en sors très bien avec une victoire au Luxembourg...
Les premiers jours, j'étais un peu poussif parce qu'il fallait remettre en route après la Vuelta mais dès le deuxième jour, je me sentais vraiment bien dans le final. Puis ça a découlé…

« J'AIMERAIS BIEN ALLER AU GIRO »

Tous les doutes sont-ils levés désormais ?
Je n'ai plus envie de me poser de questions, d'avoir des doutes. J'ai tellement vécu de choses difficiles la dernière année et demi que maintenant...

Ça peut remettre en question ton programme 2025, par exemple avec une présence au Giro ?
J'aimerais bien aller au Giro. Je ne l'ai jamais couru. Tous les coureurs m'en parlent, Thibaut (Pinot) m'en parlait, Romain Bardet m'en parlait pendant le Tour. J'ai envie d'y aller et pour l'année prochaine, on en discutera avec l'équipe. Mais je n'ai pas envie de ne faire que le Giro l'année prochaine. Au-delà du programme, j'ai aussi envie de travailler ma position de chrono, je n'en peux plus de me voir posé comme je le suis. Tout coureur peut toujours progresser partout. Si tu commences à te dire que tu ne peux plus progresser, tu n’arriveras plus à le faire…

Tu dois déjà avoir hâte d’être en 2025…
J'ai hâte de finir la saison, déjà. Je vais être à 87 jours de course, tu rajoutes à ça deux stages en altitude d'une quinzaine de jours, plus le stage à Calpe de dix jours en décembre. J'ai hâte de pouvoir couper et partir en vacances. Mais avant, j'ai vraiment envie de faire un super Championnat du Monde. Je n’en ferai pas quinze dans ma carrière… Ensuite, bien finir en Italie avant de profiter de mes vacances pour aller à la pêche (sourire).

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de David GAUDU