Jérôme Giaux attend son premier succès en 2013

Le retour du beau temps coïncide généralement avec le début de la moisson de résultats pour Jérôme Giaux (26 ans). Cette année, le Rochefortois a déjà engrangé quelques places d'honneur dont une troisième sur Bruxelles-Zepperen. Dernièrement, il a porté le maillot de leader du Tour du Jura, en France, pour le perdre finalement à l'issue de la dernière étape. Dimanche, le coureur de Bofrost-Prorace prestait sur les routes du Circuit de Wallonie, là même où il s'était classé deuxième en 2010 derrière Thomas Degand. Pour l'instant, pas encore de victoire mais un des objectifs de sa saison pointe le bout du nez : le Triptyque Ardennais. Rencontre pour www.directvelo.be.

DirectVélo : Quel est ton état de forme actuel au sortir du Tour du Jura et du Circuit de Wallonie ?
Jérôme Giaux : J’ose espérer que ma condition est encore bonne. Je me sens toujours mieux après avoir digéré le changement de saison et ce, malgré la présence des pollens. Il m’a fallu deux jours pour récupérer du Tour du Jura. Mais ici, le Circuit de Wallonie, c’était beaucoup moins éprouvant. Et puis, généralement, le mois de mai me convient bien donc la forme devrait être au rendez-vous.

Qu'a-t-il manqué dimanche pour que tu puisses réaliser un résultat ?
Pas grand chose. Ce genre de courses, ça se joue sur des détails. J’ai dû m’arrêter à deux reprises en début de course suite à des problèmes mécaniques. Cela m’a déjà coûté pas mal de forces pour revenir car cela s'est produit dans la partie « technique » du circuit. Ensuite, quand on est rentré à cinq sur le groupe de contre un peu après le troisième passage dans le Petit Try, j’ai vite compris que ce groupe était trop important pour que l’entente soit bonne. Enfin, dans les derniers kilomètres, on s’est à nouveau retrouvé à 5-6 en contre (avec notamment Lhotellerie, Backaert, Dron & Franckaert) mais nous avons été repris juste au pied du Petit Try. La victoire, elle, était déjà hors de portée.

Qu'as-tu pensé du nouveau parcours ?
C’est une évidence : il me convient moins bien. Pas assez usant dans sa phase initiale. Les trois grandes boucles sont un véritable chantier, des trous partout, on faisait tous les clochers d’églises. Heureusement que la météo était clémente car, sous la pluie avec une visibilité réduite sur ce champ de mines, c’est le carton assuré. Et je ne parle même pas du tronçon pavé en descente avec une épingle en dessous. J'aurais préféré uniquement parcourir la petite boucle. Là, il y aurait eu du spectacle.

« Viser une victoire d'étape »

Avec quel objectif vas-tu te rendre sur le Triptyque Ardennais ?

L’idéal serait de pouvoir empocher une étape. Pour le classement général, il faudra voir au terme de la première étape s’il y a moyen de faire quelque chose ou non.

Comment vois-tu le déroulement de la course ?
Il y a beaucoup de bonnes équipes au départ. Sur papier, le parcours s’avère plus ardu que l’an dernier. Cela permettra sans doute d’éviter des arrivées trop massives. Il faudra rester attentif durant les trois jours. Toutes les étapes peuvent faire des dégâts. Il faudra également tenir compte des conditions météo.

Seras-tu le leader de Bofrost-Prorace ?
Le leader unique non. D’autres coureurs sont en forme et motivés. Hophra Gérard l’a prouvé avec sa victoire au Tour du Jura. Et puis, il court dans sa région. Une motivation supplémentaire donc. Dennis Coenen est souvent présent aussi sur ce genre de rendez-vous. Enfin, Cédric Collaers est également en bonne condition. Il pourrait aussi tirer son épingle du jeu sur une étape ou l’autre.

Le Triptyque Ardennais, c'est une épreuve que tu affectionnes particulièrement ?
On n’a pas énormément de courses par étapes en Belgique, encore moins sur des parcours sélectifs. Avec le Tour de Liège et de Namur, ce sont les épreuves de plusieurs jours qui me correspondent le mieux en Belgique. Donc autant être motivé et en bonne condition pour les aborder.

« Le Tour du Jura fut dantesque ! »

Tu ressors également d'un Tour du Jura particulièrement éprouvant, peux-tu nous en dire plus ?

C’était un sacré week-end. Les coureurs présents là-bas s’en souviendront longtemps. Personnellement, ça avait déjà mal débuté le premier jour. Je me suis élancé dans la dernière vague de coureurs lors du contre-la-montre. Trois minutes avant mon départ, il a commencé à dracher violemment.  Malgré ça, je décroche le 6ème temps. Dommage car un podium était plus qu’envisageable. Le lendemain matin, dans une étape très condensée avec de belles ascensions, je suis parvenu à m’extraire en compagnie de quatre autres coureurs. Le maillot fuchsia de leader n’étant pas là, j'ai roulé sans compter, sans penser à la victoire d’étape. Je termine quatrième de cette étape et quelques minutes après, j’apprends que je suis classé dans le même temps que le leader du général mais que pour 0,02 secondes, je ne prends pas le maillot. L’après-midi, les températures ont encore chuté si bien que l’on a roulé une grande partie de l’étape par zéro degré sous des averses de neige. Le peloton a perdu pas mal d'éléments. Les trente derniers kilomètres furent un enfer. Je tremblais constamment, je ne sentais plus rien. Passé la ligne, j’ai appris que Hophra Gérard avait remporté l’étape et que je prenais le maillot de leader. Ca a mis du baume au cœur de l’équipe et réchauffer le moral.

Pourtant, tu as perdu le maillot de leader à l'issue de la dernière étape. Et par conséquent, le Tour du Jura.
On savait avant même le début de la dernière étape que c’était presque mission impossible. Le jour précédent avait laissé des traces. Personnellement, j’avais attrapé un refroidissement. Puis, nous n’étions plus que trois dans l’équipe. Des équipes comme Sojasun Espoirs ou Rouen pouvaient s’appuyer sur un effectif complet et comptaient plusieurs coureurs à moins de 30 secondes au général. La tâche s’annonçait donc compliquée. Cependant, j’ai pu compter sur un excellent travail de mes coéquipiers, Hophra Gérard et Cedric Collaers. A 25 kilomètres du but, le maillot était toujours sur mes épaules. Mais dans une dernière partie plus roulante et malgré la présence de Cédric à mes côtés, il était difficile de pouvoir tout contrôler. J’ai donc dû laisser filer des coureurs et également le classement général.

Déçu d'avoir perdu le maillot de leader ?
Je n’ai pas à être déçu. Le plateau était relevé, le parcours corsé, la météo dantesque. Je me suis rassuré sur ma condition. J’ai fait le maximum pour garder le maillot et j’ai pris du plaisir malgré les rudes conditions. C’est donc plutôt réjouissant. Si je devais être déçu de quelque chose, c’est d’avoir bénéficier d’une météo pluvieuse lors de mon contre-la-montre. Mais ça, c’est la course !

Avec quel état d'esprit es-tu arrivé là-bas ?
J’avais commencé la saison par Bruxelles-Zepperen suivi de la Kattekoers. Ensuite, nous avons eu un trou dans le programme. Déjà en temps normal, je ne suis pas trop fan des épreuves régionales, alors avec l'hiver qu'on a connu, autant dire que je n'ai pas voulu prendre part à ces courses. Je suis donc resté trois semaines sans compétition. Cela ne m’a pas empêché, à ma grande surprise, de directement prendre la deuxième place à Hannut lors de mon retour. Mes sensations sont par la suite devenues moins bonnes, ce qui est souvent le cas à cette période de l’année. Au moment du changement de saison, du retour des pollens, j’ai l’habitude de connaitre une baisse de régime. Donc après le Tour Piémont Vosgien, où je ne me sentais pas bien, j’ai préféré miser sur la récupération pour aborder le Tour du Jura avec un maximum de fraicheur. Et ça a payé, les sensations étaient bien meilleures. Et il n'y avait pas non plus de pollen étant donné les conditions météorologiques.

Le Tour du Jura semble te correspondre parfaitement...
Un contre-la-montre, des parcours usant sur toutes les étapes, des ascensions plus longues qu’en Belgique, c’est vraiment le type de course que j’affectionne particulièrement.

Crédit Photo : Martine Lainé
 

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