Jérôme Baugnies veut se montrer à l'étranger
Après une formidable année 2013 couronnée notamment par son titre de champion de Belgique chez les élites sans contrat, Jérôme Baugnies (27 ans) a retrouvé cette saison les pelotons professionnels. Le coureur de Wanty-Groupe Gobert a directement remporté en janvier dernier la deuxième étape de La Tropicale Amissa Bongo. A cause d'une maladie et d'une blessure, il n'a malheureusement pas su se mettre en évidence, comme il le souhaitait, sur les classiques printanières. Mais sa troisième place au Rund um den Finanzplatz Eschborn-Frankfurt a démontré qu'il était à nouveau sur de bons rails. Samedi, Baugnies participera au GP Criquielion, soit une chance de victoire. Il se dirigera ensuite vers la Norvège et la Suisse pour prendre part à des différentes épreuves de renom. www.directvelo.be a rencontré le citoyen de Meerbeke. Entretien.
DirectVélo : Très peu de coureurs ont eu l'opportunité de goûter à une deuxième carrière pro. Comment expliques-tu que tu as eu cette chance ?
Jérôme Baugnies : En 2012, durant ma période Team NetApp, je suis resté une demi-saison sur le côté. J'ai encore loupé plusieurs courses après le championnat de Belgique de cette année là. J'ai donc décidé à la fin de la saison d'effectuer un pas en arrière en 2013 et de réussir une grosse année. Certes, l'an dernier, je disposais d'une licence amateur mais, dans ma tête, j'étais toujours professionnel. J'ai réussi à prester du début à la fin de la saison. Je me suis mis en évidence chaque mois et même sur les épreuves professionnelles comme le Tour de Belgique. Je savais très bien que j'étais une classe au-dessus de tous les autres. J'avais pensé remporter dix à quinze courses. Finalement, j'en ai empochées une vingtaine. La chance m'a également souri. Je suis tombé moins souvent et j'ai été malade moins souvent en 2013 que durant les autres saisons. C'est parfois du tout au tout. Je dois aussi ajouter qu'avec Willy Teirlinck, je disposais d'un directeur sportif qui respire la tranquillité. Il se fâche uniquement s'il doit vraiment le faire. Willy sait aussi comment je fonctionne, que je suis quelqu'un qui dit ce qu'il pense, etc. J'ai eu une première discussion début août avec Hilaire Van der Schueren. Il me suivait déjà depuis deux ou trois ans. Il m'a dit qu'il dirigerait bel et bien une équipe en 2014. J'ai finalement signé mon contrat chez Wanty-Groupe Gobert à la mi-septembre.
As-tu commis des fautes durant ta première carrière professionnelle ?
Pas vraiment. En 2010, en tant que néo-professionnel, j'ai réalisé une excellente saison sous les couleurs de Topsport Vlaanderen. J'ai réussi quelques performances dont une troisième place sur le Tre Valli Varesine. Durant ma deuxième année pro, je me suis concentré sur les classiques wallonnes comme cela m'a été demandé par l'équipe. Je devais me préparer pour des courses d'un jour comme le Hel van het Mergelland. Mais ce n'était pas la bonne approche. Je suis quelqu'un qui a besoin et qui veut participer à beaucoup d'épreuves. J'étais aussi un peu trop juste que pour accrocher un top 20 sur les classiques ardennaises. Des coureurs, qui avaient participé à Paris-Nice et au Tour du Pays Basque, étaient dix pourcents plus fort que moi. Cette année là, j'avais terminé deuxième à Francfort derrière John Degenkolb. En août, j'étais également en bonne condition. A la Coppa Bernocchi, j'ai sprinté pour la victoire. J'étais dans la roue de Visconti et je savais que j'allais de toute façon terminer deuxième ou troisième. Mais, à cause de Danilo Hondo et d'un coureur d'Androni Giocattoli, j'ai chuté. Je suis resté inconscient durant quinze minutes et je m'en suis sorti finalement avec une fracture de la clavicule. Après une semaine, j'étais déjà à nouveau sur le vélo, et, après deux semaines, je reprenais déjà la compétition. Après ma blessure, j'ai malheureusement été rarement appelé par l'équipe. Je suis donc allé chez NetApp mais ce fut un très mauvais choix. Financièrement, c'était bien mais, mentalement, ce fut très difficile. C'était aussi lorsque NetApp n'était pas encore l'équipe qu'elle est devenue maintenant. C'était très amateur. C'était le parcours du combattant pour rejoindre une course. Je devais à chaque fois passer d'abord par La Calamine. De plus, l'approche à l'entrainement n'était pas non plus la meilleure. Nous faisions toujours de longs entrainements mais jamais des séances intensives. Cela ne me convenait pas.
« J'AI DEJA REMPORTE UNE COURSE CETTE ANNEE MAIS J'AIMERAIS EN GAGNER ENCORE UNE OU DEUX »
Tu as démarré en trombe cette saison 2014. Tu as directement remporté la deuxième étape de La Tropicale Amissa Bongo. Le 1er mai, tu es monté sur la troisième marche du podium du Rund um den Finanzplatz Eschborn-Frankfurt, où tu as été battu uniquement par Alexander Kristoff et John Degenkolb. Quel bilan tires-tu de cette première partie d'année ?
J'ai passé tout le mois de décembre en Espagne. J'ai acquis une sérieuse base à ce moment là. Au Gabon, je me suis senti directement bien en jambes. J'ai remporté la deuxième étape et, si je n'avais pas dû emmener Roy Jans sur la troisième étape, je l'aurais à nouveau emporté. Ce n'était évidemment pas une épreuve World Tour mais il y avait tout de même Cofidis et Caja Rural comme équipes au départ. Après le Gabon, je suis parti en stage avec Wanty-Groupe Gobert. Là aussi je me sentais bien mais, tout à coup, mes muscles ne répondaient plus. Après le GP Marseillaise, où j'étais très affaibli, j'ai vu que j'étais effectivement malade. J'ai tout de même pris part au Tour Méditerranéen mais je suis à nouveau tombé malade. Après Le Samyn, je suis parti seul en stage. J'étais à nouveau prêt pour la compétition et j'ai pris part au Tour de Catalogne. Je me suis retrouvé deux fois dans l'échappée et sur la dernière étape, j'ai sprinté pour la douzième place. Trois jours après, j'étais déjà au départ des Trois Jours de La Panne où j'ai effectué une très bonne première étape (il s'est classé 9e, ndlr). Malheureusement, j'ai chuté le deuxième jour. Je ne sais d'ailleurs toujours pas ce qu'il s'est passé. Je pouvais à peine bouger mon épaule mais à l'hôpital, ils n'ont rien diagnostiqué. Sur la Flèche Brabançonne, j'ai à nouveau chuté bêtement. A l'Amstel Gold Race, j'avais le dos bloqué. Selon un spécialiste, c'était à cause de ma chute à La Panne car mon épaule n'était pas bien remise en place et la douleur descendait jusque dans le dos. Après la Flèche Wallonne, j'ai senti que la forme augmentait. Sur Liège-Bastogne-Liège, ce n'était pas encore ça mais, à Francfort, la condition était telle que je l'espérais. Mon objectif était de bien figurer sur les classiques wallonnes mais, suite à cette chute sur les Trois Jours de La Panne, je n'ai malheureusement pas pu réussir cet objectif.
Tu vas désormais participer à plusieurs courses sur lesquelles tu peux t'illustrer, à commencer par le Grand Prix Criquielion ce samedi.
Le Grand Prix Criquielion à Deux-Acren est une belle épreuve dans la région. Le parcours est devenu beaucou plus difficile. A chaque tour de circuit local (il y en a six au total, ndlr), nous allons devoir franchir la Denderoordstraat à Overboelare. En tant que coureur professionnel, j'ai en fait tout à perdre sur ce type de course. Mais je sais très bien comment cela se déroulait l'an dernier chez les espoirs/élites sans contrat. D'ailleurs, je suis encore un peu les résultats. Le Grand Prix Criquielion est aussi une bonne préparation pour le Tour de Norvège et le Tour des Fjords. Les étapes comportent des difficultés comparables à celles que l'on trouve dans les Ardennes, ce qui me convient. Il y a de fortes chances qu'un petit groupe se détache et se joue la victoire. Je viserai une victoire d'étape au Tour de Norvège mais je pense que je peux aussi réussir un bon classement général. Ces deux épreuves disputées en Norvège sont également une préparation idéale pour le Grand Prix de Gippingen et le Tour de Suisse. J'ai déjà regardé le profil du parcours du Tour de Suisse et il n'y a pas vraiment de grosses étapes. Seule la deuxième comporte quelques cols pour chauffer les roues. Si je réussis un bon chrono le premier jour et que je résiste le second, un bon classement final n'est certainement pas à exclure. Entre le Tour de Suisse et le championnat de Belgique, je prendrai part à l'IWT Oetingen qui se dispute dans ma région. J'aimerais vraiment remporter cette épreuve une fois dans ma carrière. Quant au championnat de Belgique, il n'est pas difficile mais cela reste un championnat. L'an dernier, personne ne pensait que j'allais être sacré à Lommel...Mais, avant toutes ces échéances, il y a le Criquielion samedi. J'ai déjà remporté une course cette année mais j'aimerais en gagner encore une ou deux. Une épreuve comme le Criquielion est parfaite pour enrichir mon palmarès.
Crédit Photo : www.directvelo.be
Article traduit par Renaud Collette.