Le peloton au saut du lit

Réveil un peu rude pour le Championnat de France Amateurs. Cette année, les hommes ont disputé la course en ligne avant les Femmes. Ce qui veut dire un départ au centre de Poitiers à 8h45. Et un lever compris entre 5h et 6h30. La nouveauté est diversement appréciée chez les amateurs et place les femmes sous l'oeil du direct télévisé - l'inversion horaire des épreuves était une exigence des collectivités locales, qui accueillent l'événement et soutiennent par ailleurs l'équipe de femmes Poitou-Charentes Futuroscope 86.
 
Certains avaient presque la marque de l'oreiller à l'heure de signer la feuille des partants. Le corps endormi, le ventre encore plein. Thomas Bouteille, du CC Etupes, regrette  : "Notre petit déjeuner a été servi à 6h15, trop près du départ. Du coup, jusqu'à la mi-course, je sentais le poids du repas sur l'estomac." Le Vendée U avait pris ses dispositions  : un gâteau sport, plus facile à préparer et à digérer, servi aux coureurs dès minuit. "Nous avons mixé le petit déjeuner d'un championnat et d'un contre-la-montre", révèle le directeur sportif, Thibaut Macé, qui a exceptionnellement sacrifié la règle des trois heures avant le départ.
 
Trois clubs ont profité d'un bus d'équipe professionnelle, un confort supplémentaire avant le coup d'envoi. Le Vendée U, hébergé par le Team Europcar, mais aussi Sojasun espoir-ACNC qui avait pris ses quartiers dans le pullman Cannondale ou l'Armée de Terre abritée dans son autocar habituel.
 
Le réveil à cinq heures n'a pas chamboulé outre mesure l'AVC Aix-en-Provence. "On s'est levé à 5h mais c'était déjà le cas vendredi, pour prendre l'avion", sourit Mathieu Delarozière. Les Sudistes se sont entrapinés en début d'après-midi et accordé une large période de repos. Même précaution pour Pierre Latour, de Chambéry Cyclisme Formation  : "J'ai fait une sieste d'une heure et je me suis couché à 20h45. Ainsi, je n'étais pas fatigué quand j'ai attaqué la journée à 5h30."
 
D'autres encore avaient anticipé le réveil brutal grâce à une arme secrète. C'est la confidence de Benoît Daeninck, le capitaine de route du CC Nogent-sur-Oise  : "Depuis un mois, je me prépare à ce Championnat grâce à ma conseillère spéciale. Elle s'appelle Iris Daeninck, elle est bébé et elle me réveille chaque matin à 5h30  !"
 
Quelques-uns affirment qu'ils n'ont pas accusé le coup. "Je suis habitué à me lever à 7h30 en temps normal, donc je n'ai pas fait un effort anormal aujourd'hui", tempère Vivien Brisse, du CC Périgueux. "La seule différence entre un départ le matin et l'après-midi, c'est le froid  ! Approuve Cédric Eustache, le Martiniquais de Martigues SC-Vivelo. Mais j'aurais préféré encore plus de pluie pour ma part."
 
La pluie froide et serriée qui s'est abattue la première demi-heure semblait contrarier le peloton davantage que le départ fixé à 8h45. "Ceux qui n'étaient pas bien réveillés l'ont été grâce à la météo !" sourit l'ex-professionnel David Le Lay (Bic 2000).
 
Depuis trois semaines, une partie des concurrents émerge à l'aurore. "Entre les demi étapes et les contre-la-montres, on commence à prendre l'habitude, poursuit Lorenzo Manzin. On a connu des départs matinaux sur le Tour d'Eure-et-Loir et sur la SportBreizh." Yann Guyot rappelle qu'il a l'habitude de se lever de bonne heure sur le Grand Prix de Plouay, son épreuve de cœur. Le nouveau Champion de France ne semble pas avoir été affecté par les changements à l'agenda des courses.
 
Une nouvelle fois, l'Armée de Terre a tout prévu. L'équipe du vainqueur avait établi son camp de base à une heure de Poitiers, à Saint-Maixent l'Ecole, la fabrique des sous-officiers. "On connaît la vie de régiment, raconte Benoît Sinner. On se couche à 18h30 et on passe un peu de temps à rigoler entre nous, à discuter ou à surfer sur Facebook, parce qu'on n'a pas de télé dans les dortoirs. Hier soir, l'extinction des feux a eu lieu vers 22h." Deux membres de l'équipe, adeptes des petits déjeuners traditionnels, ont quitté leurs draps vers 4h30 ce samedi matin. Les autres, dont Yann Guyot, pouvaient dévorer leur gâteau sport aux alentours de 5h30. L'hygiène militaire est l'une des clefs de ce Championnat de France Amateurs  : elle rend les coureurs frais, dispos et affamés de victoire.

Crédit photo : www.directvelo.com
 

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