Jérémy Leveau : « Il me manquait une grosse victoire »
Jérémy Leveau (Normandie) a remporté ce dimanche après-midi le Championnat de France Espoirs, sur le circuit de Saint-Omer (Pas-de-Calais). Il a devancé David Cherbonnet (Bretagne) et Guillaume Thévenot (Pays de la Loire). Le nouveau champion national, actuellement stagiaire chez Roubaix Lille Métropole, s’est longuement entretenu avec DirectVelo.com après l’arrivée.
DirectVelo : Comment as-tu géré ce Championnat de France ?
Jérémy Leveau : Nous étions deux coureurs protégés dans le comité aujourd’hui : Dylan Kowalski et moi-même. On misait surtout sur une course d’attente. C’était à nous de bien sentir la course. On comptait sur Arnaud Descamps en début de course. Il n’a fait que d’attaquer ! Il a pu se retrouver devant, du coup je n’avais pas le poids de la course derrière avec le reste du comité. On n’avait qu’à suivre les attaques derrière. C’était vraiment bon pour nous. Je ne me suis pas forcément affolé avec l’échappée. Je savais que devant, ils avaient beaucoup donné en début de course, et qu’ils allaient finir par s’attaquer, à se désorganiser. Je voyais que le peloton n’était pas rassasié non plus, cela me rassurait. Mais c’est vrai qu’avec deux-trois minutes d’avance, j’ai eu un peu peur. Ca relançait beaucoup à l’arrière. Il fallait être vigilant pour ne pas rater un coup dangereux. Il y avait encore beaucoup de costauds dans le peloton. Je me doutais que certains d’entre eux allaient tenter. Je pensais notamment à Guillaume (Thévenot), Thomas Boudat ou Kévin Ledanois.
« JE ME SUIS FAIT UN PEU PEUR »
A quel moment as-tu décidé de prendre les choses en main ?
Jusqu’au dernier tour, je n’y croyais pas forcément. Je suis remonté en tête de groupe. Alexis Dulin est sorti, je l’ai suivi. J’ai insisté pour faire l’écart car je ne suis pas un pur sprinteur. Disons que je débrouille dans un groupe de maximums 20 ou 30 coureurs. Mais je suis aussi un attaquant. Sur un Championnat, il ne faut pas miser que sur le sprint, encore moins en Espoirs. Quelques coureurs sont rentrés. En haut de la première bosse, on s’est retrouvés à dix-douze coureurs. Guillaume (Thévenot) a fait exploser le groupe en attaquant. On s’est retrouvés à sept. J’ai vraiment roulé jusqu’au bout pour assurer au moins une place. Sur le papier, je me savais quand même l’un des plus rapides. Tout le monde collaborait bien. Je me méfiais de David (Cherbonnet). Je savais qu’il m’avait déjà battu au sprint, et qu’il marchait fort actuellement. Je me doutais également que Guillaume ne voulait pas attendre le sprint, et qu’il ne fallait pas non plus lui laisser vingt mètres.
Tout s’est finalement joué au sprint entre les rescapés de l’échappée…
J’ai lancé de loin, aux 250m. D’un peu trop loin d’ailleurs. Sur le coup, je me suis fait un peu peur. J’ai vu David revenir au niveau de ma roue arrière, j’ai cru qu’il allait me passer. J’ai vraiment tout donné. Finalement, ça l’a fait !
« A L’ARMEE, JE N’AVAIS PAS SOUVENT MA CARTE A JOUER »
Ce titre semble être la récompense d’une saison régulière…
J’ai eu du mal à marcher sur certaines manches de Coupe de France quand même, notamment la dernière (31e). Mais j’avais quand même fait 11 sur la première manche, au Jean-Masse, et 10e à Buxerolles notamment. J’ai gagné quatre-cinq courses, ma plus belle de l’année restant quand même jusqu’à présent Paris-Evreux. Jusqu’à ce titre, j’étais mitigé sur ma saison. Il me manquait une grosse victoire, des résultats sur les Classe 2 ou en Coupe de France. Maintenant, ce titre de Champion de France vaut bien plusieurs victoires en Elite Nationale (sourires) !
Ton arrivée au VC Rouen 76, après un an à l’Armée de Terre semble t’avoir fait le plus grand bien. Il faut dire que tu avais sans doute beaucoup plus de libertés cette année…
L’Armée de Terre est une superbe structure. L’ambiance était bonne. Mais j’étais militaire, et c’est quand même un monde spécial. Cela ne m’a pas trop plu. J’ai réfléchi longtemps pour savoir si je restais une année de plus à l’Armée ou non. D’un autre côté, je savais que le VC Rouen 76 me voulait depuis pas mal de temps. A l’Armée, je n’avais pas souvent ma carte à jouer. J’ai beaucoup plus de libertés à Rouen, effectivement. Je me suis vite retrouvé leader dès les premières courses de la saison.
Tu es actuellement stagiaire avec Roubaix Lille Métropole. Tu reviens d’ailleurs du Tour du Limousin. C’était une façon différente de préparer le Championnat de France ?
Roubaix Lille Métropole m’a donné la possibilité de courir avec les professionnels pour la fin de saison. C’était une bonne préparation pour ce Championnat de France puisque j’ai fait le Tour de l’Ain et le Tour du Limousin. Disputer ces courses-là, ça m’a aussi permis de ne pas penser au Championnat de France, jusqu’au dernier moment. J’étais concentré sur mes courses avec Roubaix Lille Métropole. Le Championnat, je n’y ai pensé qu’à partir de vendredi, lorsque je suis arrivé sur place. J’avais quand même volontairement quitté le Tour du Limousin après la 3e étape, car ça aurait été compliqué de faire le déplacement au tout dernier moment.
Crédit Photo: Nicolas Mabyle - DirectVelo.com