Dimanche dernier, à Hove, Walt De Winter a fait ses adieux à la compétition. 42e, au sein du peloton principal, le coureur de la formation Vérandas Willems met ainsi fin à dix années passées dans le peloton, dont quelques mois comme stagiaire au sein de la formation Omega Pharma-Lotto. Le jeune retraité s'est livré pour DirectVelo.be.

DirectVelo : Comment as-tu vécu cette dernière course ?
Walt De Winter : C'était une très belle journée, dans mon village, à Hove. Je n'ai jamais vécu une telle ambiance en 10 ans sur le vélo. 200 personnes étaient venues pour m'encourager, du jamais vu ! Mes supporters ont fait la fête dès avant la course, moi je les ai rejoint après l'arrivée ! C'était incroyable ! Je suis rempli d'émotions rien qu'à y repenser.

Une dernière course où tu ne t'es pas contenté de faire de la figuration !
Au départ, je voulais gagner. A deux tours de l'arrivée, nous sommes partis à trois en échappée. Quand j'ai vu que nous avions 35 secondes d'avance, je pensais pouvoir gagner. Puis Ludwig de Winter (aucun lien de parenté, NDLR) a attaqué et je n'ai pas pu le suivre. J'ai finalement été repris à l'arrivée. Avec une meilleure condition, j'aurais pu gagner ma dernière course. Au final, mes adieux auront été à l'image de mes quelques derniers moi !

REDESCENDRE OU ARRETER

Pourquoi avoir pris cette décision d'arrêter ?
Les dernières années, j'ai vécu beaucoup de moments difficiles. Depuis deux ans, je travaille. Et combiner travail et course à un haut niveau, c'est devenu trop dur. Je devais choisir de rouler à un niveau inférieur, ou arrêter. Rouler des kermesses, ça ne m'intéresse pas et je n'aime pas. Donc j'ai choisi d'arrêter.

Qu'est ce qui va te manquer le plus ?
L'ambiance entre coureurs dans l'équipe. Tu te retrouves chaque semaine avec les mêmes coureurs sur les courses, tu pars faire des tours, des épreuves à l'étrager, ... Seuls les coureurs peuvent connaitre ça ! Ca va vraiment me manquer.

POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE

Si devais te contenter d'un seul souvenir, lequel garderais-tu ?
Je dirais ma période de stagiaire chez Omega Pharma-Lotto en 2010, car c'est à ce moment-là que j'étais à mon meilleur niveau. Mais mon meilleur souvenir reste ma victoire en 2008 à Hove. Il y avait déjà beaucoup de supporters présents ! Ce sont deux expériences que je retiendrai toute ma vie.

Et une déception ?
Je ne pense qu'aux meilleurs moments. Mais si je devais choisir, je dirais ma chute en septembre 2008, au Tour de Slovaquie. J'ai accumulé les problèmes à la jambe gauche pendant trois ou quatre ans. C'est peut-être pour ça que je n'ai jamais été pro.

« FIER DE CE QUE J'AI ACCOMPLI »

Tu as tout de même été stagiaire chez les pros !
Oui, mais c'était au début de la crise dans le peloton. Quelques équipes ont arrêté et ce n'était pas facile de trouver un contrat. C'est toujours la même chose maintenant. J'ai atteint un bon niveau, mais juste trop peu pour passer pro. En 2010, je termine cinq fois deuxièmes de grandes courses comme des Top Compétitions et des interclubs. Peut-être que si j'en gagne une ou deux, c'était bon. Mais je n'ai jamais été un grand vainqueur.

Tu gardes donc un goût amer ?
Quand j'ai commencé le vélo, je me disais que si je n'arrivais pas à passer pro ou à gagner une grande course comme une manche de la Top Compétition, je n'aurais pas réussi, que ce n'était pas bon. Mais maintenant, je suis très fier de ma carrière, de ce que j'ai accompli.

190 KILOMETRES AU PROGRAMME CE VENDREDI

Depuis dimanche, tu as totalement laissé le vélo de côté ?
Non, j'ai encore fait les 11 kilomètres qui séparent mon domicile de mon lieu de travail à vélo ! Je travaille chez Hebic, dans l'entreprise familiale. Nous sommes une dizaine, avec entre autres mon père, mon frère, mon cousin, ... Nous aménageons des camionettes et des véhicules pour professionnels avec des planchers et des parois. Ca me prend pas mal de temps. Mais j'ai prévu de continuer à rouler !

Pour le plaisir ?
Ce soir, j'irai rouler avec mes compagnons habituels d'entrainement : Tom Oerlemans (BCV Works-Soenens), Stijn Mortelmans (Van der Vurst) ou encore Niels Vandyck, qui habite à une quinzaine de kilomètres de chez moi. J'aime toujours le vélo, mais la compétition c'est fini ! Puis ce week-end, je pars à Nieuwpoort en famille, et j'irai là-bas en vélo, vendredi ! Ca me fera 190 kilomètres environ ! Je n'en ai pas terminé avec le vélo !

DIRECTEUR SPORTIF

Tu ne vas dons pas quitter définitivement le monde du vélo...
Certainement pas. J'ai reçu deux propositions pour devenir directeur sportif, dont Veranda Willems. Mais j'attends encore un peu. Il y aura probablement encore un peu de changement cet hiver. Je veux choisir la meilleure option, sinon, ça ne vaut pas la peine de commencer. Je pense qu'avec mes six ou sept participations à la Top Compétition, aux courses par étapes belges,..., je bénéficie d'assez d'expérience dans la catégorie Espoirs. J'ai eu le temps de vivre tant des bons que des mauvais moments. Puis je sais discuter avec les gens, les motiver.

Tu veux devenir directeur sportif à temps plein ?
Dans un premier temps, non ! Je pourrais commencer dans une petite équipe, puis peu à peu monter et peut-être me retrouver dans une équipe satellite d'une WorldTour. Je verrai les opportunités qui se présentent. Je ne veux pas non plus me retrouver troisième directeur sportif... Par contre, chez les pros, je ne pense pas que j'aurai le respect d'un ancien pro. C'est plus difficile quand on n'a jamais été pro, mais on ne sait jamais. Il y a des gars qui, sans l'expérience d'une carrière chez les pros, se retrouvent maintenant chez Sky !

« LE SKI, MON DEUXIEME AMOUR »

Tu as d'autres projets à plus court terme ?
Je ne saurais pas partir en vacances, car j'ai déjà pris beaucoup de congé pour aller sur les courses par étapes ! Mais cet hiver, je partirai au ski. C'est mon deuxième amour ! Je n'ai pas eu beaucoup le temps de m'y consacrer, car quand on a l'ambition de passer pro, ce n'est pas possible de partir au ski ! Mais maintenant que j'ai un peu plus de temps... Puis j'aimerais également réaliser un triathlon ! Peut-être un Ironman, mais j'y vais petit à petit ! Je veux surtout rester sportif !

Crédit photo : Martine Verfaillie