Tom Boonen, tête plaquée sur le bitume, après à peine 50 kilomètres sur la cinquième étape de l'Eneco Tour. L'image a suscité les plus folles inquiétudes et réveillé les souvenirs de la lourde chute qui avait failli lui coûter la vie, et a tout de même réduit l'acuité auditive du Campinois, il y a un an, sur le tarmac du Tour d'Abou Dhabi. "Mon cintre s'est brisé quand j'ai pris un trou. La chute était alors inévitable", détaille Boonen, qui a juré ne plus jamais utiliser ces guidons en carbone, plus fragiles et qui n'a ,dans ce cas, visiblement pas résisté aux chocs du retour en avion des épreuves canadiennes.

"J'ai observé une journée de repos puis je me suis bien entraîné", rassure l'ancien Champion du Monde. S'il a donc raté les quatre dernières étapes de l'Eneco Tour, Boonen a travaillé sa condition dans l'ombre, sur ses routes anversoises. "J'ai raté deux occasions de me tester dans des sprints massifs", conçoit-il auprès de DirectVelo. "Mais je me suis entrainé en intensité. Je remercie d'ailleurs le sélectionneur national Kevin De Weert de m'avoir suivi, car il n'était pas obligé de le faire."

COMPENSER A L'ENTRAINEMENT

Il restait à confirmer l'absence de séquelles, dossard épinglé au dos. C'est chose faite sur l'Eurométropole Tour, dimanche dernier, où le Géant de Balen se satisfaisait d'une troisième place, derrière Dylan Groenewegen et Oliver Naesen. "J'étais cuit", reconnaissait-il sur l'esplanade de la gare de Tournai. "Il faisait très froid, avec de la pluie. J'avais l'impression qu'il gelait ! Des conditions que j'apprécie peu. Mais on a vraiment fait la course du début à la fin, ce qui a permis de travailler une intensité inimitable à l'entraînement."

L'essentiel était surtout de ne pas être perturbé par des douleurs à la nuque, et sur ce plan, le test fut concluant. "J'avais forcément un peu mal mais rien d'insurmontable ni d'inquiétant après une telle chute." Sur les pavés de Binche-Chimay-Binche le flandrien a prolongé l'affûtage de sa forme en se classant huitième. "La condition est bonne mais tout le monde a adapté son programme en vue de cette fin de saison particulière. J'ai encore besoin de ces courses de préparation."

« UNE DEMI-HEURE SANS BOIRE, C'EST LA FIN »

Il reste encore Paris-Tours, ce dimanche, pour établir les derniers repères avant de décoller pour son tout dernier Championnat du Monde. "Titre mondial ou non, Roubaix sera ma dernière course", affirme Boonen, qui fêtera ses 36 ans le 15 octobre, soit la veille de la course en ligne à Doha. "D'habitude je ne suis pas trop cadeaux. Je demande des chaussettes ou des slips, mais un titre constituerait un cadeau inoubliable."

Une fois débarqué sur place, le Champion du Monde 2005 aura l'avantage de connaître parfaitement chaque recoin d'un désert annoncé piégeux puisque Boonen affiche 22 (!) victoires d'étapes lors de ses différentes participations au Tour du Qatar. "Celui qui gèrera le mieux sa journée sera Champion du Monde", annonce-t-il. "Il faudra surtout bien s'hydrater, sans doute 10 à 12 litres de liquide sur la journée. Car si tu te retrouves une demi-heure sans boire, tu peux rentrer à la maison."