Tour de France : Sur les traces de... Olivier Le Gac

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

C'est reparti pour un Tour ! Une nouvelle fois, tout au long de la “Grande Boucle”, DirectVelo vous propose de partir “Sur les traces de” coureurs du Tour de France, en évoquant grâce à un coéquipier, un adversaire, un dirigeant ou un proche, ses saisons dans les catégories de jeunes, ou en Amateurs.
Pour ce nouveau numéro, Pierre-Yves Chatelon, alors sélectionneur de l’Equipe de France Juniors, se souvient de la journée du titre mondial d'Olivier Le Gac, le Breton de Groupama-FDJ. C'était en 2010, à Offida (Italie). Il avait devancé de 3'' ses premiers poursuivants, dont Jay McCarthy (2e) et Jasper Stuyven (3e, voir classement).

« Olivier était Junior 1ère quand il a été sacré Champion du Monde. Il était sélectionné pour découvrir. Nous avions de suite cerné qu'il avait un gros potentiel. Il m'avait été bien vendu par Sam Monnerais, CTR de Bretagne à l'époque. Il arrivait dans le vélo après avoir fait du football. Le Mondial était l'une de ses premières sélections. Il avait fait le Championnat d’Europe avant, pour lui mettre le pied à l'étrier.

UN MAL DE GENOU AVANT LE MONDIAL

Nous avions fait un stage de préparation à Briançon la semaine précédent le Mondial. Olivier est arrivé au rassemblement avec la patte de dérailleur cassée. Il avait mal protégé son vélo dans l'avion. Il avait été négligeant. Il a du coup roulé toute la semaine avec un vélo de la fédération française. Il avait mal au genou avant de se rendre en Italie... Il a récupéré son vélo au moment de partir. Il était arrivé au Mondial sans pression. Il n'était pas le favori. Emilien Viennet était le « leader » de l'équipe.

« IMPERMÉABLE AUX BALLES... »

Olivier a anticipé un coup à deux tours de l’arrivée. Il s'est ensuite isolé dans la dernière montée du circuit. Il y a eu ce fameux saut de chaîne avant la flamme rouge, dans l’ultime bosse. Il a fait un truc qu'il n'avait jamais fait avant : il prend la chaîne à la main et il la remet tout seul sur le plateau. Rien pouvait lui arriver ce jour-là : tu es imperméable aux balles. Tu peux te faire tirer dessus, tu ne meurs pas ! Je coupais sur le circuit en scooter. J'étais en train de me garer quand j'ai ai entendu la foule faire « Ooooh. ». Je pensais qu'il avait été rejoint mais c'était pour l'incident. Il est donc reparti et s'impose...

« SES JAMBES NE LE PORTAIENT PLUS »

C'était un peu le grand n'importe quoi dans les minutes qui ont suivi (sourires). Tout le monde lui sautait dessus. Dans la tente, avant le podium, il voulait absolument appeler ses parents et sa famille. Il était en larmes, il pleurait sans arrêt ! Ses jambes ne le portaient plus. Je lui ai donné mon téléphone. Il a réussi à avoir son père ou sa mère. Sur le podium, il pleurait encore. Tous les coureurs sont montés sur le podium avec lui. Il y avait Sébastien Bergeret, qui pleurait aussi, Anthony Haspot, Emilien Viennet, Florian Sénéchal et Romain Guyot.

« EN ITALIE, TU ES UN DIEU VIVANT »

S'il y a un endroit où il faut être Champion du Monde, c'est bien en Italie. Là-bas, tu es un dieu vivant ! Nous avions passé la semaine dans un petit hôtel très sympa, où il n'y avait que l'Equipe de France. C'était la dolce vita à l'Italienne. Nous étions donc avec les filles. Pauline (Ferrand-Prévot) est sacrée Championne du Monde le matin, avant Olivier. Ils avaient fini tous les deux dans la fontaine. Nous avons des belles photos. Le courant n'est pas passé entre les deux ! (sourires) Ce ne sont pas les mêmes tempéraments. Olivier est un ténébreux. Nous avions fini dans une pizzeria. J'avais ensuite posé les coureurs à l'aéroport. Olivier a eu droit à un comité d’accueil en atterrissant à Brest-Guipavas. Je pense qu'il a reversé sa petite larme ! »

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