Eliot Verniengeal : « J’ai eu un ange gardien »

Crédit photo William Cannarella

Crédit photo William Cannarella

Eliot Verniengeal va devoir prendre son mal en patience, mais le plus dur semble passé. Le 3 juin dernier, le jeune grimpeur du VC Vaulx-en-Velin a été percuté de plein fouet par une voiture qui circulait à contresens, alors qu’il ne restait qu’une poignée de kilomètres à l’occasion de la sixième et dernière manche du Tour PACA Juniors. Trois coureurs présents dans l’échappée ont été durement touchés (lire ici). Dix jours après cet accident qui aurait pu lui coûter la vie, le Haut-Savoyard a depuis retrouvé son nid familial, dans la petite commune de Saint-Jeoire. DirectVelo a pris de ses nouvelles.

DirectVelo : Comment vas-tu, près de deux semaines après ce gros incident sur les routes provençales ?
Eliot Verniengeal : Je suis rentré chez moi le quatrième jour. Les journées sont longues, dans mon fauteuil roulant. Je ressens encore de vraies douleurs. C’est le genou qui me fait le plus mal. J’ai le fémur fissuré. J’ai aussi de grosses plaies derrière l’épaule, dans le dos. Ça me pique pas mal… J’ai eu une main déchiquetée. Heureusement, j’ai pu compter sur l’intervention des chirurgiens, qui ont notamment pu me remettre le petit doigt de la main gauche. J’ai des points de sutures un peu partout : à la main, à l’épaule, dans le dos… J’en ai vingt rien que sur le genou. Une infirmière passe tous les jours pour me changer les pansements et me faire des piqûres.

On imagine que la rééducation va prendre beaucoup de temps…
Je me dis que ça va aller mieux chaque jour, mais pour l’instant, ce n’est pas le top. J’ai conscience qu’il va falloir que je prenne mon mal en patience. Je vais devoir rester cinq à six semaines en fauteuil roulant. Le 28 juin, je vais passer un IRM qui permettra de savoir si les ligaments ont été touchés pendant l’accident. Après l’accident, ce n’était pas possible car le genou était trop gonflé. 

Dans quel état d’esprit es-tu après ce traumatisme ?
J’en ai notamment parlé avec les infirmières Je me suis vite rendu compte que j’avais énormément de chance d’être encore là. Quand on voit les photos de la voiture ou de mon vélo… Avec tous les messages que l’on m’a envoyé, et avec tout ce qui a tourné sur les réseaux sociaux, je suis forcément tombé dessus… Comme le dit ma mère, j’ai eu un ange gardien.

« ON AVAIT DÉJÀ CROISÉ PLUSIEURS VOITURES »

Te souviens-tu de l’accident ?
Pas du tout, c’est le trou noir. Et ce n’est peut-être pas plus mal ainsi. On m’a raconté que j’avais attaqué dans la dernière bosse et que j’étais dans l’échappée qui allait se jouer la victoire alors qu’il ne restait que quatre kilomètres. Je me suis réveillé deux heures après l’accident, juste avant que l’on ne m’emmène au bloc opératoire. Je ne me souviens pas des minutes qui ont précédé l’accident, ni de ce qui a suivi, lorsque j’ai été héliporté par exemple.

En veux-tu au conducteur de ce véhicule, et/ou à l’organisation ?
C’est difficile de répondre à cette question. J’ai entendu tellement de versions différentes de ce qu’il s’était passé. Je ne connais pas la vérité, et je ne veux pas dire de bêtises. Ce qui est sûr, c’est qu’avant même cet incident, on avait déjà croisé plusieurs voitures durant les tours précédents…

On a vu défiler beaucoup de messages de soutien le soir-même, puis les jours suivants…
Oui, j’ai reçu énormément de messages, de personnes que je connaissais même aussi de gens que je ne connais même pas. J’ai lu tout ça à l’hôpital et ça m’a fait beaucoup de bien, car les journées étaient difficiles.

« RECOURIR CETTE ANNÉE »

Comment as-tu vécu ton retour à la maison ?
C’était très dur. Pendant trois jours, j’avais le moral à zéro. J’étais très déçu… J’ai repensé à ce que je loupais. Avant cet accident, j’étais en pleine préparation du Valromey. Je ne me consacrais qu’à ça depuis plusieurs semaines. Mais évidemment, il faut que je revois tous mes plans. Je n’ai surtout pas envie de sauter les étapes. Il va falloir que je revienne petit à petit, en faisant les choses bien.

Tu penses donc déjà à ton retour à la compétition…
J’espère pouvoir recourir cette année, oui. Et je suis à peu près sûr que je le ferai ! J’aimerais disputer les courses de fin de saison que j’ai déjà eu l’occasion de découvrir l’an dernier, comme les Boucles de l’Oise ou la Classic Jean-Patrick Dubuisson. J’imagine aussi faire une belle saison de cyclo-cross.

Avant tout ça, tu vas déjà devoir passer ton Bac, dans les prochains jours !
J’ai loupé deux épreuves pendant que j’étais à l’hôpital mais heureusement, il y a une règle qui me permet de ne pas avoir à les repasser. Pour le reste, je vais débuter dans les prochains jours. J’irai au lycée en fauteuil roulant. Cela va me faire drôle, mais je préfère passer les épreuves maintenant. Je veux valider mon Bac S dès maintenant pour pouvoir intégrer mon DUT GEII (Génie electrique et informatique industrielle) dès septembre prochain.

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