Javier Sardá : « Prêt à courir le 19 mai »

Crédit photo DR

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C’est une course cycliste qui, en temps normal, n’intéresse guère que le Continent asiatique. En Europe, beaucoup de passionnés n’ont sans doute jamais encore entendu parler de la HTV Cup, disputée au Vietnam. Pourtant, cette longue course par étapes digne d’un Grand Tour - 18 étapes - va faire parler d’elle cette année. Et pour cause : la course d’abord prévue au mois d’avril et finalement repoussée du 19 mai au 7 juin prochain, sera la première à se tenir depuis deux mois.
Durant trois semaines, ce sont 84 coureurs de douze équipes différentes qui vont s’affronter sur les routes du pays. Parmi eux, 82 Vietnamiens… Et deux coureurs européens : le Français Loïc Desriac - ancien professionnel chez Roubaix Lille Métropole aujourd’hui installé au Vietnam - et l’Espagnol Javier Sardá, 31 ans. Vainqueur de l’épreuve l’an passé, ce dernier est arrivé en Asie fin février, juste à temps pour ne pas se retrouver bloqué en Europe. DirectVelo a contacté le tenant du titre pour faire le point à quelques jours de ce qui pourrait devenir un événement dans le monde du cyclisme.

DirectVelo : À partir du 19 mai, tu vas prendre part à la HTV Cup, dont tu es le tenant du titre. Comment abordes-tu cette course qui sera la première dans le Monde depuis deux mois ?
Javier Sardá : C’est la plus grande et la plus importante course de l’année dans le pays. C’est donc aussi la course la plus importante pour l’équipe (Ho Chi Minh City, NDLR). C’est très suivi par les gens ici. La course est même retransmise à la télévision. Il y a deux ans, pour les 30 ans de la course, nous avions disputé 30 étapes ! Normalement, la course aurait dû comprendre 21 étapes en 2020, comme sur un Grand Tour européen. Mais il y a eu quelques modifications et la course se retrouve réduite à 18 journées de course.

Le monde est actuellement plongé en pleine crise de coronavirus. En Amérique ou en Europe, il n’y a plus la moindre course cycliste depuis désormais deux mois. Comment appréhendes-tu le fait de participer à une course en peloton, comme si de rien n’était, dans quelques jours ?
En réalité, j’ai le sentiment d’être très chanceux de me retrouver ici, au Vietnam. J’ai quitté l’Espagne fin février, au moment même où le virus commençait à se propager dans le pays. Partir à ce moment-là est la meilleure décision que j’ai pu prendre. Au Vietnam, nous totalisons 288 cas positifs au Covid-19 et aucun décès à ce jour. Tout en sachant qu’environ la moitié des gens testés positifs sont des étrangers. On a connu une sorte de mini-quarantaine courant avril mais tout est vite redevenu très calme.

Tu n’es pas donc du tout inquiet quant au bon déroulement de cette épreuve ?
Le gouvernement vietnamien et l’ensemble de la société ont réalisé un grand travail pour combattre ce virus et revenir le plus vite possible à la normale. On vient de vivre 26 jours consécutifs sans le moindre cas positif. C’est grâce à cette situation et à ces bons chiffres que nous allons pouvoir faire notre retour à la compétition (la course, qui comprend des étapes de 42 à 230 km, pourra être suivie sur FaceBook et YouTube pour en faire profiter le plus grand nombre, NDLR).

UNE EXPÉRIENCE ASIATIQUE DÉBUTÉE À HIROSHIMA

Parle-nous de ton parcours. Comment t’es-tu retrouvé à courir pour une formation vietnamienne ?
J’ai commencé le cyclisme dès mes 6 ans, dans la commune où je suis né et où j’ai grandi, Zamora, en Castille-et-Leon. Un peu plus tard, ma famille et moi-même avons déménagé en Cantabrie et c’est là-bas que j’ai évolué notamment dans la catégorie Espoirs. J’ai obtenu des sélections en équipe nationale et j’ai eu des contacts avec quelques formations de niveau Continental. Mais au final, ça ne s’est jamais fait. En 2016, je suis parti au Japon, à Hiroshima plus précisément. J’ai vécu là-bas toute l’année et j’ai disputé le Japan Pro Tour. Puis je suis rentré en Espagne l’année suivante mais j’ai rapidement eu l’opportunité de disputer une course au Vietnam, cette fameuse HTV Cup. J’ai réussi à faire 2e du classement général final (derrière le Sud-Coréen Jiung Jang, NDLR). Après ça, une autre formation vietnamienne, Ho Chi Minh City - le club de la plus grande ville du pays -, m’a proposé de faire toute la saison 2018 avec eux. J’ai signé. Depuis, je suis toujours sous contrat avec eux. Aujourd’hui, j’arrive à vivre de ma passion. J’ai même pu disputer une course avec Cadel Evans.

Outre l’aspect sportif, comment t’es-tu adapté à la vie au Vietnam ?
Ma vie ici est la même que lorsque j’étais en Espagne. Je m’entraîne le matin, seul ou avec des coéquipiers. Le reste du temps, j’essaie de profiter au maximum de cette expérience. Je dois dire que je suis très heureux de ma vie ici. Les gens sont très chaleureux et l’adaptation n’en a été que plus facile grâce à cet aspect-là.

Comment imagines-tu ton avenir à plus long terme ?
J’aimerais bien m’installer au Vietnam dans les prochaines années, c’est possible. J’ai quelques idées en tête et je suis en train d’y travailler. Je pense que le Vietnam est un pays avec un grand avenir. 

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