Julien Guiborel : « Progresser sans compétition »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

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La saison de l'Équipe de France Juniors Féminines avait débuté fin février par un stage dans le Var. Mais depuis, Julien Guiborel n’a pas pu voir à l’œuvre les filles sélectionnées. C’est à distance que l’entraîneur national accompagne depuis mars les athlètes, pour les aider à progresser et à garder la motivation malgré l’absence de compétition. Il fait le point avec DirectVelo.

DirectVelo : Quels liens gardes-tu avec le groupe Équipe de France Juniors ?
Julien Guiborel : J’avais commencé des actions cette année. Nous avions fait un stage avec les Juniors fin février à la Londe-Les-Maures (voir ici la sélection). Ça m’avait permis de faire une revue d’effectif. Depuis le confinement, il y a un suivi régulier de ces athlètes-là. J’ai passé des coups de fil. Il y a aussi eu des visios avec les entraîneurs pour faire le point sur ce qu’ils donnent à faire à leurs athlètes. Dès que j’ai des infos sur la suite, je leur transmets même s’il est dur de se projeter. On donne également des conseils. On a fait par exemple un webinaire sur la nutrition et une visio sur la prévention du dopage. D’autres visios sont prévues, notamment sur la stratégie et la tactique comme elles ne peuvent pas s’exercer en course.

Et avec les Espoirs ?
Je suis en contact avec les entraîneurs personnels. Le groupe Espoirs est plus large, il est donc difficile d’avoir un contact plus régulier. Mais j’ai appelé au moins une fois les filles qui sont identifiées au collectif Équipe de France. Je sais ce qu’elles font. J’essaie aussi de les renseigner pour la fin de saison. Les Espoirs identifiées font pratiquement toutes parties d’une équipe UCI. Avec Paul Brousse, nous sommes en contact avec les DS ou les entraîneurs de ces filles-là.

« VIVRE AU JOUR LE JOUR »

Comment les Juniors vivent-elles cette période ?
D’une manière générale, ça va. Il y a toujours des cas particuliers. Comme pour tous les sportifs de haut-niveau, il y a des hauts et des bas, avec des moments où l’envie de s’entraîner est moins importante. Je pense que c’est une réaction normale. Elles sont dans l’expectative d’avoir une date de reprise et de pouvoir se projeter sur des compétitions. C’est là où c’est un petit peu difficile. J’essaie donc d’avoir un contact régulier avec elles pour les motiver. Le but est de les aider à progresser même sans compétition. Il faut vivre au jour le jour plutôt que trop se projeter car on ne sait pas quel calendrier on pourrait avoir en fin de saison.

Justement, à quoi va ressembler le calendrier de l’Équipe de France Juniors Femmes ?
Pour l’instant, je n’ai aucune assurance. Les collègues sont dans la même situation. Nous avons fait des propositions en fonction des budgets et des courses qui peuvent encore se disputer. Ça sera aux décisionnaires de trancher par rapport au budget possible. Nous, nous avons d’autres propositions à faire s’il y a une saison blanche. Nous essaierons d’accompagner au mieux les sportifs, que ce soit de près ou de loin, pour préparer la saison prochaine. 

« GARDER LA MOTIVATION SUR LA DURÉE »

Avec notamment des courses hors-Équipe de France ?
C’est ça. Et il faut surtout garder un lien avec les entraîneurs pour les orienter. Certains ont de l’expérience et n’ont pas besoin de conseils. Mais la situation est telle que personne n’a vécu ce type de configuration. Notre but est de les orienter vers du contenu d’entraînement à proposer à leurs athlètes. Le souhait est de faire des cycles de préparation comme pour un objectif même s’il n’y en a pas au bout. C’est ce que je conseille… Ça permet d'élever le niveau pendant l’été pour progresser dans les qualités qu’elles possèdent. Faire des cycles d’intensité bien ciblés évitera de ne faire que de l’endurance. Ça leur permettra de progresser en VO2max et en PMA (Puissance Maximale Aérobie, NDLR). Si elles le font jusqu’à la fin de saison, ça évitera que ce soit une saison complètement blanche. 

Il y a un risque de perdre des filles à un âge où elles hésitent en temps normal à poursuivre le vélo…
Effectivement. Les filles ont des objectifs élevés dans les études. C’est toujours sur le fil du rasoir pour savoir si elles vont continuer l’année d’après. La situation est délicate par rapport à ça. Actuellement, je leur conseille de faire du vélo-plaisir tout en mettant des intensités. Qu’elles fassent du sport régulièrement reste l’essentiel. Pour la motivation, si elles préfèrent parfois courir à pied ou faire du VTT, ce n’est pas un souci. Le plus important est d’avoir une activité physique, peu importe laquelle. Mais l’essentiel est que ça permette de garder de la motivation sur la durée.

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