La Suisse n’a pas eu peur du covid
Des drapeaux rouges à la croix blanche un peu partout, des cloches et des “hop” en guise d’encouragements, pas de doute, la saison est belle et bien repartie en Suisse. Après le retour des courses régionales depuis mi-juin, c’était ce dimanche au tour de Swiss Cycling d’attribuer les différents titres de champion national du contre-la-montre. Rendez-vous était donné du côté de l’aéroport de Berne, sur la commune de Belp.
“Il a été compliqué de trouver une organisation mais ce n’est pas lié au coronavirus. Nous n’avions pas de solution jusqu’en mars, indique à DirectVelo Jonas Leib de Swiss Cycling. Marcel Wyss, l’ancien pro, m’a dit à ce moment-là que son club était intéressé pour l'organiser. Je lui ai demandé s’il était bien sûr car la crise sanitaire débutait. Malgré le contexte, Marcel est toujours resté motivé”. L’évènement a été reculé de trois semaines. Le plus dur pour Swiss Cycling a été d’établir les horaires de départ sur une seule journée avec un total de 255 participants, allant des Juniors en ouverture aux Élites en guise de conclusion. Et tout cela sur un circuit limité à 10 kilomètres, et donc à parcourir plusieurs fois.
« C'ÉTAIT POUR RIGOLER »
Depuis le début de la crise sanitaire, la Confédération helvétique a toujours fait confiance à ses résidents. Les Suisses n’ont jamais été confinés. Ce dimanche, l’organisation a elle aussi fait confiance au public. Le masque - très peu porté - n’était pas obligatoire. Les spectateurs avaient la possibilité de se laver les mains au gel hydroalcoolique à différents endroits. Le covid n’a pas fait fuir les passionnés dans un pays où les courses cyclistes n’attirent pas la foule en temps normal. “Il y a plus de monde que d’habitude, même s’il faut dire qu’en temps normal le Championnat tombe en semaine”, note un observateur. Il était très facile pour les spectateurs d’approcher les coureurs même si aucun chasseur d’autographe n’a été aperçu. Sollicitée pour un selfie, la spécialiste de VTT Jolanda Neff a accepté sans sourciller.
Le covid était très peu présent dans les discussions mais il était difficile de ne pas y penser. Les coureurs n’étaient pas tenus au moment de s’élancer. C’est appuyés contre une barrière qu’ils ont pris le départ. Une bénévole de l’organisation prenait soin de la nettoyer entre le passage de chaque concurrent. Pas de poignée de main non plus lors des cérémonies protocolaires, et encore moins d’embrassades. Le « check » était de rigueur tout au long de la journée. Deuxième de l’épreuve, Silvan Dillier s’est fait remarquer en enfilant un masque sous son casque en attendant le podium. “Mais c’était pour rigoler, se marre le coureur d’AG2R La Mondiale auprès de DirectVelo. Il faut cependant faire attention. J’essaie de me laver les mains le plus souvent possible”.
Stefan Küng (Groupama-FDJ) se veut aussi prudent. “Je n’ai pas peur du covid mais il faut être vigilant. Si on est en contact avec quelqu’un qui l’a, on doit se mettre en quarantaine pour deux semaines, rappelle-t-il à DirectVelo. Ça peut perturber la saison. On essaie de respecter tous les protocoles. On est surveillé en continu. J’ai confiance aux organisateurs et en l’équipe”, assure le coureur sacré Champion de Suisse du chrono pour la quatrième fois.
« NERVEUX DEPUIS UNE SEMAINE »
Plus que de penser au coronavirus, les coureurs et leurs proches voulaient savourer le retour à la compétition. “J’étais nerveux depuis une semaine, reconnaît Silvan Dillier. C’est bien de reprendre. Il y avait des choses à prendre en compte avant la course mais ça s’est bien passé”, confie le coureur venu en famille. La Groupama-FDJ, avec un camping-car et une camionnette, était la seule équipe WorldTour à avoir fait le déplacement. “Ziga Jerman de la Conti avait couru le Championnat de Slovénie mais c’est la première course post-confinement pour l’équipe WorldTour”, rappelle Julien Pinot, présent aux côtés de Stefan Küng.
Et comme il n’y pas de petite victoire, il a apprécié le nouveau sacre de son poulain. “Ça nous tenait à cœur qu’il conserve son maillot. Il y a toujours un petit doute après une période sans course. C’est une belle réussite”, apprécie l’entraîneur de la Groupama-FDJ qui ne voulait pas manquer ce rendez-vous. Le Franc-Comtois a pu retrouver “l’adrénaline des courses” et le plaisir de renoter “les intermédiaires et de suivre les temps”. Avec la satisfaction comme toutes les personnes présentes d’avoir enfin pu assister à une vraie course de vélo.