Les regards braqués sur les organisateurs
La pression est énorme pour les organisateurs de courses. Surtout pour ceux qui organiseront en août avant le Tour de France. “Il y a beaucoup de pression sur la Route d’Occitanie et le Tour de l’Ain. C’est différent pour le Dauphiné qui est une grosse machine gérée par ASO. On met en place un dispositif inhabituel. Il y a beaucoup d’attentes, d'obligations et de contraintes”, assure Philippe Colliou à DirectVelo. L’organisateur du Tour de l’Ain s’apprête à accueillir un plateau exceptionnel composé de 24 équipes dont une moitié de WorldTour. Plusieurs de ces formations découvriront l’épreuve. “Les équipes nous demandent ce qu’on fait pour les hôtels, le parking des équipes… En réalité, on fait ce que la Ligue Nationale de Cyclisme demande de faire”, indique Philippe Colliou.
DES MASQUES OBLIGATOIRES
De nombreuses mesures sont identiques à celles qui ont été prises par ASO pour le Tour de France, et révélées en ce début de semaine par L'Équipe. Il n’y aura ainsi pas d’hôtesse aux cérémonies protocolaires. Au Tour de l’Ain comme sur la Grande Boucle, le coureur arrivera sur le podium déjà vêtu du maillot de leader. Il aura été remis à l’abri des regards par un assistant de son équipe. “Il y aura un partenaire présent sur le podium mais il y aura une distanciation avec le cycliste”, précise-t-on du côté du Tour de l’Ain.
Le protocole de l’UCI impose une distance de sécurité entre le public et les coureurs. Il sera impossible d’approcher les coureurs dans les aires de départs et d’arrivées sans accréditation. Bien que derrière des barrières, les spectateurs seront obligés de porter un masque sur le Tour de l’Ain. “On n’a jamais 5000 personnes mais sur une moyenne de 1000 spectateurs, la distanciation ne sera pas possible. Les gens seront donc obligés de porter le masque”, dit Philippe Colliou.
Au Tour de France, les bus des équipes ne seront pas accessibles aux journalistes. “Exceptionnellement, je pense qu’on laissera l’accès aux médias, affirme-t-on du côté du Tour de l’Ain. Les chargés de presse des équipes devront gérer les journalistes”. Mais cette année, il n’y aura pas de zone mixte pour les interviews à l’issue des étapes sur la course 2.1. “C’est aux médias de s’arranger avec les coureurs ou les attachés de presse des équipes. C’est impératif de garder la bulle hermétique”, insiste Philippe Colliou.
LES CHAMBRES INTERDITES AU PERSONNEL D’UN HÔTEL
Côté hébergement, ASO va placer une seule équipe par étage, comme le prévoit le protocole de l’UCI (lire ici). Les organisateurs des différentes courses ont dû trouver davantage d’hôtels. Au Tour de l’Ain, il y aura une à deux équipes par hôtel, excepté à celui de Lyon-Est-Port de l’Ain qui possède quatre étages et de très nombreuses chambres. “Nous aurons là-bas six équipes. Nous avons par ailleurs dû retenir des hôtels avec qui nous n’avons pas l’habitude de travailler. Ça ne s’est pas fait difficilement car les hôteliers ont besoin de travailler”. Il leur a été demandé de mettre une équipe par étage. L’objectif est d’éviter un brassage entre les différentes formations. “Il faut aussi une séparation pour les repas. On a demandé de prendre des dispositions pour le nettoyage des chambres. Normalement, sauf si l’équipe demande, il n’y aura pas de rechanges. Les serviettes et les draps pourront être laissés aux assistants. Le personnel d’un hôtel ne devra donc pas rentrer dans la chambre d’un coureur”, dit Philippe Colliou.
Le Tour de Bretagne Féminin, épreuve UCI prévue fin octobre, doit également s’adapter alors que 18 équipes sont attendues (lire ici). Pas vraiment un problème grâce au partenariat avec une chaîne d’hôtels. “La chambre en plus pour la quarantaine, ce n'est pas non plus un problème, Brit Hôtel a la capacité de répondre à la demande. Les équipes seront logées dans différents Brit Hôtels”, indique Loïc Deniel, un des deux organisateurs de la course 2.1.
Mais les organisateurs ont bien conscience que la situation peut encore évoluer. ASO a travaillé sur deux protocoles. Le Tour de l’Ain, qui a le soutien des collectivités, aura un rendez-vous en préfecture le 22 pour peaufiner les derniers détails. "Le protocole est évolutif, je parle du protocole à la date d'aujourd'hui, indique-t-on du côté du Bretagne Ladies Tour. Suivant le niveau de risque de l'épidémie, il y a plus ou moins de contraintes. Si on reste sur le risque actuel, il n'y a pas beaucoup de changement. Si le risque épidémique passe à modéré, ce sera autre chose”.
Et du côté des équipes aussi, on espère un changement du protocole de l’UCI. Au Bureau exécutif de la FFC du 25 juin dernier, Marc Madiot, qui s’exprimait en tant que Président de la LNC, soulignait “le coût financier trop important pour les équipes, la difficulté d'avoir des médecins disponibles sur chaque épreuve ainsi que le côté administratif trop lourd”. Chaque équipe doit en effet être accompagnée par un médecin pour chaque épreuve. Ce docteur a la responsabilité de remplir les questionnaires quotidiens de suspicion Covid-19 à partir des signes cliniques et ce, pour tous les membres du groupe sportif. Le Président de la Ligue espère “une remise à plat de cet ensemble de mesures afin de ne pas pénaliser l'activité tout en observant une certaine prudence sanitaire”.