Simon Carr n’oubliera jamais ce 12 octobre. Pour sa dernière course de la saison, celui qui vient de passer professionnel cet été a décroché son premier succès sur les routes de l’Ordiziako Klasika, dans le Pays basque espagnol (voir classement). “Je ne m’attendais pas forcément à pouvoir gagner aussi tôt chez les pros, ça fait super plaisir”, se réjouit-il auprès de DirectVelo après ce succès en Classe 1. “Je savais que j’avais le potentiel pour gagner une course chez les pros mais il faut quand même avoir de la chance et une situation de course favorable pour y arriver”. C’était donc visiblement le cas ce lundi pour le sociétaire de Nippo Delko One Provence. “Je me sentais de mieux en mieux au fil des étapes du Tour du Portugal. Même après la course, j’avais de bonnes jambes à l’entraînement. Je savais qu’il y aurait peut-être un coup à jouer sur cette dernière course de la saison. Mais de là à gagner…”.

Le résident de Limoux (Aude) s’est montré particulièrement actif sur les routes basques, en attaquant à plusieurs reprises et en étant toujours dans les bons coups. “Je trouve que ça s’est couru un peu comme chez les amateurs. Il n’y avait pas de grosses WorldTour et seulement six ProTeams. Dans ces conditions, personne ne voulait assumer le poids de la course et il fallait donc courir devant”. Pendant une partie de la course, le Britannique de 22 ans promet ne pas s’être senti bien et a d’ailleurs été décroché du peloton principal. “Je me suis retrouvé dans les voitures et j’ai pu rentrer à la faveur d’une descente”. Il a finalement retrouvé toutes ses sensations avant le moment clé de la course, lors duquel il sort en compagnie de quatre autres coureurs entre les deux ascensions du circuit. “C’est rentré mais c’est vite ressorti à sept, et j’étais toujours devant”.

« JOUER LA GAGNE SUR DES COURSES DE PLUS HAUT NIVEAU »

Dans la dernière bosse, le Colombien Winner Anacona (Team Arkéa-Samsic) porte une violente accélération mais une fois encore, Simon Carr est capable de répondre. Et même de contrer à un peu moins d’un kilomètre du sommet de la dernière difficulté. “J’ai basculé avec douze-treize secondes d’avance au sommet et ensuite, j’ai fait une grosse descente sans prendre trop de risques non plus”, précise l'athlète qui évoluait sur un terrain humide et glissant. “Il a fait froid et il pleuvait, ce n’était pas évident. Avant, ça aurait pu me jouer des tours car je n’aimais pas ces conditions météos mais l’année dernière, j’ai beaucoup travaillé sur ce point, se félicite-t-il. Le froid, c’était pareil pour tout le monde, ça ne m’a pas trop gêné”.

Dans les derniers kilomètres, celui qui portait il y a quelques mois encore le maillot de l’AVC Aix-en-Provence n’a cessé de creuser l’écart sur ses poursuivants pour finalement l’emporter en solitaire. Tout juste de retour à la maison, quelques heures après ce succès, le néo-pro avait du mal à réaliser. “Je viens d’en discuter avec mes parents… C’est quand même fou ! Je suis arrivé chez les pros fin août, il y a six semaines. Et j’ai déjà gagné ! Ce n’était pas la plus grosse course du calendrier, évidemment, mais c’est quand même une victoire chez les pros. Certains attendent une victoire pendant toute leur carrière sans jamais pouvoir le faire”. Il espère désormais que ce succès en appellera d’autres. “Je vais prendre conscience, plus encore, de mes capacités. Je veux maintenant pouvoir jouer la gagne sur des courses de plus haut niveau. J’espère découvrir le WorldTour l’an prochain et prendre un maximum d’expérience”. En attendant, Simon Carr va d’abord profiter de cet inattendu succès. “J’ai mangé une pizza sur la route du retour pour fêter ça. Pour le reste, je vais sans doute me reposer. Je ne suis pas un gros fêtard”, sourit Simon Carr, qui connaît le bonheur de mettre un terme à sa saison 2020 sur une victoire.