Damien Pommereau : « Le Vendée U, c’est ça »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Le Vendée U est en tête du Challenge BBB-DirectVelo après un week-end faste (voir ici). Sous leurs nouvelles couleurs, les Vendéens ont remporté les trois épreuves Élite Nationale au programme : le Tour de 4B Sud Charente (Thomas Bonnet), la Flèche de Locminé (Emilien Jeannière) et le Grand Prix de Buxerolles (Sandy Dujardin). Au-delà des succès, Damien Pommereau apprécie le comportement collectif de ses protégés après une année 2020 plutôt discrète, marquée par une 10e place au Challenge BBB - la pire depuis 2011 et la première année du Challenge - et surtout aucun passage vers Total Direct Energie. Le directeur sportif vendéen fait le point avec DirectVelo.

DirectVelo : As-tu été surpris par tes coureurs ce week-end ?
Damien Pommereau : Oui et non. On place le curseur toujours très haut. On attend d’eux qu’ils fassent des trucs intéressants et qu’ils soient là, au-delà du résultat de la course, pour produire des choses. De ce côté-là, on n’est pas surpris. On sait que ça ne sera pas comme ça tous les week-ends. Ce début d’année ressemble à la fin de l’année dernière, avec beaucoup d’annulations et donc un très gros niveau sur les courses restantes. C’est pour cette raison qu'il est d’autant plus difficile de réussir ce qu’on a fait ce week-end par rapport à une année normale. C’est sympa de vivre des moments comme ça. On vibre autant que les coureurs. C’est pleinement satisfaisant.

Cinq coureurs ont déjà gagné. Il y a une vraie émulation…
Plus que l’année dernière, c’est sûr. L’an passé, des choses ne fonctionnaient plus très bien par rapport à ce qu’a connu le Vendée U. Avec Morgan (Lamoisson, l'autre directeur sportif, NDLR), nous avons rectifié des choses en interne pour retrouver ce qu’on a vu sur le terrain depuis février, à savoir un groupe hyper collectif, homogène, pas indestructible mais presque. C’est ce qu’on recherche. On attend chez nous une émulation. Les coureurs doivent se tirer la bourre sainement pour que ça fasse évoluer le niveau de chacun.

« ÇA NE PARTAIT PAS DANS L’AXE SOUHAITÉ »

Qu’est-ce qui a changé cet hiver ?
Pas mal de petites choses. Le haut niveau, ça se joue souvent à des détails. La machine peut être enrayée avec pas grand-chose. La saison 2020 s’était vite arrêtée mais on avait vu que ça ne partait pas dans l’axe souhaité. On avait quand même bien repris en août, avec notamment Emilien (Jeannière) qui était à un bon niveau. Il y a toujours un tas de petits éléments qui font que ça prend ou non. C’est à nous de trouver les petites choses pour que ça aille dans le sens où on souhaite aller…

Quel discours le staff a-t-il tenu aux coureurs ?
Il y a des choses qu’on garde pour nous. L’équipe a 30 ans cette année et les meilleures années du Vendée U, c’est quand ça a fonctionné collectivement. Il n’y avait pas de retenue les uns envers les autres, ce qui était moins le cas dernièrement. On ne va pas faire de la philosophie mais le monde actuel n’est plus celui d’il y a dix ou quinze ans. On ne voulait pas lâcher là-dessus, donc évidemment on a insisté sur le collectif. On a activé des petits leviers. Quand chacun y met de la volonté, ça fonctionne.

Pendant l'intersaison, aucun coureur du Vendée U n’a rejoint Total Direct Energie. Ce qui est rarissime. Comment l'expliques-tu ?
Valentin (Ferron) est passé pro l’été dernier. On va dire qu’il y a un demi-coureur quand même (sourires). C’est sûr que par rapport à des choses que je lis, venant de coureurs qui ne sont pas chez nous, j’ai l’impression qu’ils pensent que leur place est directement acquise au-dessus après un résultat ou une victoire. Mais, il faut remettre les choses dans leur contexte. C’est difficile pour tout le monde. Le niveau est sacrément monté depuis quelques années chez les pros. On le voit avec ceux qui sont passés dernièrement. La place n’est acquise pour personne. Avant de pouvoir juste frapper à la porte au-dessus, il faut valider et montrer des choses. Un résultat ne suffit pas.

REMETTRE LE VENDÉE U EN HAUT DE LA HIÉRARCHIE

Le Vendée U est-il revenu au sommet du vélo amateur français ?
Il y a toujours eu des bons coureurs, et même quand ça ne fonctionnait pas très bien, nous étions loin d’être à la ramasse. Il y a une structure et un cadre qui font que tout ça fonctionne toujours pas mal mais il faut être réaliste. Ce n’était plus ce qu’on avait connu. Ça se perdait un petit peu. Le plus important était de remettre le Vendée U au sommet de la hiérarchie. Mais on ne s’enflamme pas. On sait que ça va vite dans le sport. Ce que les gars montrent depuis février, c’est ce qu’on attend d’eux. Le Vendée U, c’est ça.

Le club est en tête du Challenge BBB DirectVelo par équipes...
On ne court pas après ça. On ne se flagelle pas si on n’est pas en tête de ce classement. Ça reflète ce qu’il se passe sur les courses. Evidemment, comme dans tous les classements, il vaut mieux être en haut que dans le fond de la classe. Mais même si nous étions toujours là, le but prioritaire, au-delà d’un classement ou de gagner tant de courses, est de redevenir une machine qui fait peur. Avec un collectif et une grinta qui ont longtemps fait les belles heures du club. Quand ça marche bien, les résultats suivent. On veut avant tout la manière, car il y a plein de choses à prouver avant d’aller au-dessus. Il ne suffit pas de se cacher toute la course et de dire à la fin, j’ai fait tant de Top 5, de Top 3 et d’avoir une victoire en fin de saison. Ça, nous, on s’en fout complètement. Ce n’est pas un discours que je tiens là, c’est ce qu’on dit aux coureurs.

La Coupe de France N1 débute samedi à Saint-Etienne. Quelle importance donne le Vendée U à ce challenge cette année ?
L’an dernier, on voulait de nouveau essayer d’y briller car sur quatre manches, il y en avait une en Vendée (le Trophée Gustave-Beignon) et Nantes-Segré, qui nous tenait à cœur par rapport à Romain Guyot. Mais ça s’est mal goupillé à Montbéliard puis à Arbent-Bourg-Arbent, où on a zéro coureur à l’arrivée et où il y a la grosse chute d’Alan (Jousseaume, voir ici). Cette année, c’est différent. Il y aura encore un chrono par équipes qui est important pour nous mais qui ne sera plus en Vendée.

CONQUÉRANT À SAINT-ETIENNE

Le Vendée U sera l’équipe à battre ce samedi…
Il y a longtemps que nous ne sommes pas allés à Saint-Etienne (depuis 2010, NDLR). On y va conquérant. On ne va pas dire qu’on va là-bas pour regarder ce qu’il se passe. Comme toutes les courses depuis le début de saison, c’est une épreuve importante. On ne sait pas à quelle sauce on sera mangé ces prochaines semaines, donc chaque course est importante. Le circuit de Saint-Etienne est difficile. Il peut correspondre à nos coureurs qui marchent bien en ce moment. Une Coupe de France, c’est aussi une course de marquage. Avec ce qu’on vient de faire ce week-end, on ne va pas nous laisser de marge de manœuvre. On est ambitieux. On va prendre la Coupe de France manche par manche. Le Tour de Saône-et-Loire donnera beaucoup de points. Comme on le disait l’an passé, ça peut aller vite dans les deux sens.

Quels seront les rendez-vous importants du printemps ?
Il y a beaucoup d’annulations ou de reports en avril et mai : le Loir-et-Cher, le Tour de Bretagne, le GP de la Somme, Paris-Roubaix ou la Ronde de l’Isard. Il reste l’Eure-et-Loir. On essaie de se projeter mais c’est compliqué… Les plans changent chaque semaine. C’est encore une année particulière, surtout pour les coureurs.

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