Arthur Blanc : « À force d’avaler des cols… »

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

Certes, il ne s’agissait “que” du Grand Prix de Branoux, épreuve Toutes Catégories avec quelques 80 coureurs au départ. Il n’empêche qu’Arthur Blanc vient sans doute déjà d’envoyer un premier message en y terminant 2e, il y a quelques jours, derrière le seul coureur membre d’une Continentale présent sur la course, Aloïs Charrin (voir classement). Athlète aux références internationales en ski alpinisme - plusieurs podiums en Coupe du Monde chez les Juniors et les Espoirs - le sociétaire de Charvieu-Chavagneux IC semble avoir des qualités de grimpeur particulièrement intéressantes. Le Savoyard - natif d’Albertville et résident d’Arêches-Beaufort - est d’ailleurs d’ores-et-déjà suivi de très près par la formation Swiss Racing. DirectVelo est allé à sa rencontre à l’occasion de l’épreuve gardoise, la semaine passée. 

DirectVelo : Tu as tout fait devant sur ce Grand Prix de Branoux !
Arthur Blanc : Je suis parti d’entrée. Ce n’était pas très long, il n’y avait qu’une soixantaine de kilomètres. Mais sur un parcours aussi intense que celui-là, ça demandait quand même d’être à fond vraiment tout le temps. J’ai fait exprès de partir d’entrée car je suis plutôt à l’aise avec des rythmes réguliers. J’ai pu faire la première montée à mon allure, en gérant et sans me mettre dans le rouge. Ça m'arrangeait d’être seul devant même si je ne voulais pas que ça dure trop longtemps. Aloïs (Charrin) est revenu dans la descente avec un petit groupe de sept-huit coureurs. Il s’est vite mis à l’avant du groupe et a pris de gros relais. J’ai senti qu’il descendait fort alors j’ai vite compris qu’il fallait prendre sa roue. Et c’est comme ça qu’on a pu (re)partir tous les deux. Puis on en a remis un petit peu dans le dernier tour, avant que (Jacques) Lebreton ne revienne au sommet de la montée. 

« JE VIENS DU SKI ALPINISME »

Mais vous avez, encore une fois, réalisé une grosse descente avec Aloïs Charrin…
Je ne connaissais pas trop les autres coureurs car je suis tout nouveau dans le milieu. Aloïs m’a dit que (Jacques) Lebreton était moins bon descendeur. On l’a laissé nous aider sur le plat puis on l’a attaqué dans la portion plus technique en descente. Ensuite, Aloïs et moi nous sommes tirés la bourre en toute fin de course. À la fin, j’étais bien à fond. Je devais m’employer. Il m’a attaqué au bon moment, dans une portion raide à deux kilomètres de l’arrivée. Je suis revenu à deux mètres en toute fin de course mais ça n’a pas été suffisant.

Ce parcours gardois était très particulier, avec une distance très courte et très peu de portions plates…
C’est un type d’efforts que j’aime bien. Je viens du ski alpinisme. C’est une discipline avec des courses qui ne durent jamais plus de deux heures, avec des montées et des descentes. Ce sont des efforts très réguliers, sans notion d’aspiration contrairement au cyclisme. C’est le même type de gestion qu’ici sur un parcours comme celui-là. C’est aussi pour ça que je suis parti dès le début. Je sais que je peux tenir un certain seuil pendant 60 kilomètres. Il fallait tenter d’entrée pour voir qui d’autre allait oser si tôt. 

Tu viens donc du ski alpinisme, où tu as de grosses références...
Je disputais toujours des compétitions il y a quelques mois de cela. Je fais partie des 30 meilleurs mondiaux en Élites. J’ai connu quelques podiums en Coupe du Monde, en Juniors 2 et en Espoirs 1 (il a aussi été médaillé de bronze au Championnat du Monde Juniors, NDLR). J'ai également été titré plusieurs fois au niveau national, en Juniors comme en Espoirs, dans différentes disciplines du ski de randonnée. 

« APRÈS MA PERF’ DU JOUR (...) JE SUIS ASSEZ CONFIANT »

Pourquoi avoir fait le choix de basculer du ski alpinisme au cyclisme sur route ?
J’aime bien le vélo depuis toujours. J’en fais régulièrement l’été pour préparer mes saisons de ski. L’année dernière, j’ai voulu tenter quelques cyclos, des montées sèches, et j’ai fait quelques temps qui pouvaient me laisser espérer quelques performances intéressantes dans le peloton. J’ai pris le record de la montée amateur au Col de la Loze et à l’Alpe d’Huez. J’ai donc contacté certains clubs. Je me suis vendu via mes performances sur des cyclos et lors de tests d’efforts, avec des stats de puissance, de VO2 etc. C’est ce qui m’a permis de courir directement en N1. 

On t’annonce déjà suivi par la Swiss Racing !
L’équipe a décidé de me prendre en charge, en me fournissant un vélo etc. Logiquement, je devrais pouvoir courir avec eux à partir de juillet. Pour l’instant, ils me laissent faire le début de saison tranquillement avec Charvieu. D’ailleurs, je remercie les dirigeants de Charvieu car prendre un coureur qui n’a jamais fait de courses jusque-là, c’était aussi un pari pour eux. Pour Swiss Racing, je ne m’avance pas trop quant à ce qu’il va se passer même s’il y a donc eu des pourparlers pour courir avec eux cet été. Après ma perf du jour, ça devrait être bon, je suis assez confiant. En plus, on s’est retrouvé devant avec Aloïs, un des premiers gars que j’ai pu rencontrer dans le milieu, c’est marrant et c'est un joli clin d'œil. 

Suite à ta performance à Branoux, et après tes temps réalisés au Col de la Loze ou à l’Alpe d’Huez, on imagine que tu es donc un pur grimpeur !
Oui, je pense (sourire). D’ailleurs, je sens qu’à force d’avaler des cols, j’ai sans doute aussi appris à bien descendre. Je suis content d’avoir pu me le prouver aujourd’hui (jeudi) en lâchant d’autres mecs en descente. C’est intéressant pour la suite. Idéalement, il faudrait devenir un puncheur-grimpeur maintenant. Le punch, c’est là où je pêche, justement. Quand c’est vallonné, qu’il y a beaucoup de relances, j’ai plus de mal. 

« JE NE M’AVANCE PAS TROP »

Quelles sont tes principales lacunes pour l’instant ?
L’aspiration, la gestion du peloton... Sur le Tour du Gévaudan, il y avait énormément de vent et j’ai eu de gros problèmes de positionnement. Je n’arrive pas encore à anticiper certains moments clefs de la course, pour choper de bons groupes. Parfois, je me fais avoir. Du coup, je loupe la possibilité de faire un bon résultat à cause de ça. C’est un point à travailler. Je dois bosser l’aspect technique et tactique. 

Quelles études as-tu faites et que fais-tu en parallèle de ta pratique du cyclisme actuellement ?
Je suis moniteur de ski, presque diplômé (sourire). Il me reste un stage. J’ai fait un BTS de Management des Unités Commerciales au CESNI du Bourget-du-Lac (Savoie). Maintenant, je mise tout sur le vélo. Pouvoir rouler directement à ce niveau-là est assez spécial, alors je veux en profiter pour essayer de passer au-dessus, en me donnant deux ans. C’est l’objectif, même si quand je vois le niveau global du peloton, je ne m’avance pas trop (rires). 

On imagine que tu aurais eu très envie de t'exprimer aux yeux d’un public plus large lors de l'Alpes-Isère Tour...
J'aurais aimé y être, ça aurait été un bon test. Je suis un peu déçu mais l'équipe avait déjà déterminé sa liste de coureurs présent il y a quelques semaines et ça aurait été compliqué de changer, même après ma 2e place ici à Branoux. De toute façon, si j'y avais participé, j'aurais préféré être en mesure de prépararer spécifiquement cette course et reconnaître le parcours au préalable. Ça ne fait que deux mois que je fais des courses donc il y aura d’autres occasions ! 

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