Rémi Cavagna : « Je me suis remis en question »
Monumental Rémi Cavagna ! Alors qu’il n’était accompagné que de deux coéquipiers ce dimanche face aux armadas de la Groupama-FDJ ou d’AG2R Citroën, alors qu’il avait pris le départ de la course dans un rôle de soutien au favori N°1 Julian Alaphilippe, et alors qu’il revenait d’une terrible désillusion sur l’épreuve chronométrée, jeudi (lire ici), le puissant rouleur de la Deceuninck-Quick Step a décroché le maillot bleu-blanc-rouge sur route, à Épinal, après un gros numéro dans le final (voir classement). DirectVelo était présent à la conférence de presse du nouveau Champion de France. Entretien.
DirectVelo : Quel était ton objectif en prenant l’échappée matinale ?
Rémi Cavagna : C’était pour Florian (Sénéchal) ou Julian (Alaphilippe). Je voulais vraiment aider l’équipe aujourd’hui (dimanche). On m’a autorisé à aller devant s’il y avait beaucoup de coureurs et au final, je me suis retrouvé dans l’échappée. C’était super car je savais que sur un circuit comme celui-là, ça allait être difficile à contrôler pour une équipe. On a bien roulé et au final, j’ai pu jouer ma carte quand j’ai su que Julian ne reviendrait pas. En sachant que pendant un tour et demi, j’étais à l’arrière du groupe et je passais moins car à ce moment-là, j’avais entendu que Julian pouvait revenir. J’ai aussi pu faire la différence grâce à ça.
« J'ÉTAIS TRÈS DÉÇU »
Est-ce une revanche suite à la perte de ton titre contre-la-montre ?
Sur les chronos, j’arrive à un niveau où je veux vraiment tout gagner. Jeudi, c’était difficile, je me suis remis en question. Au départ ce matin, j’étais motivé mais encore une fois, je voulais rouler pour Julian et je ne me sentais pas forcément capable de gagner. Après le chrono, je voulais presque rentrer à la maison. J’étais vraiment très déçu car je m’étais préparé comme jamais. Tout s’est mal passé ce jour-là. J’étais très déçu. Mais ce matin, avec deux super copains, j’étais motivé. Je me suis dit que j’allais faire la course et montrer que je peux aussi réussir sur la course en ligne.
Tu as porté l’attaque décisive au moment le plus opportun…
J’ai entendu quelqu’un me dire : « c’est pour toi Rémi ! » juste avant la dernière zone de ravitaillement. Et là, j’ai vu un coureur se ravitailler et je me suis dit que ça pouvait être le bon moment pour y aller. Sachant qu’après, c’était une partie très technique puis très roulante… Et je savais que sur cette partie-là, je pouvais vraiment faire la différence et tout de suite prendre 15/20 secondes. C’est ce que j’ai fait, puis j’ai réussi à résister dans la montée, et même à creuser l’écart. J’étais vraiment poussé par les encouragements. À cinq bornes de l’arrivée, j’ai entendu que j’avais 50 secondes d’avance et je me suis dit que ça pouvait le faire. Et j’ai fini à fond.
Il te restait à ne pas partir à la faute dans la dernière partie descendante, sous la pluie…
C’est vrai qu’on avait fait tous les autres tours sur le sec. Et là, d’arriver comme ça sous la pluie, c’était un peu la surprise. J’ai bien descendu quand même, mais sans prendre de risques.
« JE VAIS FAIRE LE SPECTACLE »
T’étais-tu mis une certaine pression avant cette course ?
Pas aujourd’hui ! Zéro pression. Je suis d’ailleurs parti dernier sur la ligne de départ. J’étais motivé, hein ! Mais j’ai pris ça plutôt relax.
Remporter le titre avec seulement trois coureurs de l’équipe au départ, c’est fort !
On savait qu’une échappée nombreuse pouvait se former et ne jamais être reprise. On savait qu’il fallait en mettre un devant. Au pire, même si ça revenait, j’aurais pu servir de point d’appui pour Julian. Quand j’ai compris qu’il n’allait pas rentrer, je me suis dit : « pourquoi pas moi ? ». Il faut de la chance, parfois, et c’était peut-être mon jour de chance.
Après avoir eu le maillot sur les chronos, tu vas le porter plus souvent durant les douze prochains mois !
Sur les chronos, c’était à chaque fois un extra-boost de porter le maillot. C’était magique, ça me faisait voler. C’était quelque chose d’exceptionnel. Et là, de l’avoir tous les jours, ça ne va être que du bonheur ! Je vais me battre avec ce maillot, je vais faire le spectacle. Je suis un coureur qui va à l’attaque, qui fonce, et je vais montrer le maillot, c’est sûr. Je ne suis pas un coureur qui s’économise. Avec ce maillot, on est compatible.