Les Bleus, si proches et si loin

Crédit photo Freddy GUÉRIN / DirectVelo

Crédit photo Freddy GUÉRIN / DirectVelo

Tous les représentants de l’équipe de France Espoirs interrogés par DirectVelo en zone mixte, juste après l’arrivée, transmettent sensiblement le même ressenti : il y avait la place pour faire mieux ce vendredi. Lors d’un Championnat du Monde Espoirs qui s’est joué dans les six derniers kilomètres, comme chez les Juniors quelques heures plus tôt, les Français ne sont pas parvenus à prendre la bonne roue, au bon moment. Mais avant, bien avant, l’attaque décisive de l’Italien Filippo Baroncini, il a d’abord fallu commencer par éviter les pièges de la route et d’un peloton extrêmement nerveux.

“C’était une journée assez bizarre... Comme d’habitude, la moitié du peloton ne sait pas rouler chez les Espoirs donc c’était vraiment très dangereux toute la journée. Il fallait éviter les chutes, c’était vachement nerveux et très fatiguant. C’était très dangereux, même... Il y a des coureurs de petites nations qui sont là… Ce n’est pas pour les dénigrer, mais il faudrait qu’ils courent plus souvent en Europe pour apprendre un peu plus à courir en peloton car là, on a failli ne jamais partir au fictif…”, témoigne Matis Louvel, qui détaille après coup le plan des Bleus pour cette journée si spéciale. “On avait prévu d’attendre la fin de course pour faire la différence car on a vu que chez les Juniors, ce matin, la différence s’était faite dans le dernier tour. On voulait rester attentif puis tout donner dans le dernier tour”.

« ON A EU CHAUD AU CUL »

Une fois dans la partie décisive de la course, c’est finalement Kévin Vauquelin qui s’est découvert le premier, côté français, alors qu’un groupe de neuf coureurs - sans représentant tricolore - venait de se faire la malle. En chasse-patate en compagnie de Yevgeni Fedorov durant plusieurs kilomètres, l’habituel coureur du VC Rouen 76 - futur pro chez Arkéa-Samsic - a dû s’employer pour boucher le trou, sans quoi l’équipe de France aurait dû assumer une partie de la poursuite au sein du peloton. “On a eu chaud au cul. Heureusement que je suis sorti avec le Kazakh. Si j’avais contré seul, on était morts. On était sur un fil... C’était limite mais on a réussi à s’en sortir”. Kévin Vauquelin s’est fait la peau pour rentrer mais une fois devant, il a vite compris que ce groupe n’irait pas au bout. “Ça ne s’entendait pas du tout. Le Néerlandais Daan Hoole ne voulait pas du tout rouler. Je n’avais pas les écarts mais je ne donnais pas cher de l’échappée dans ces conditions”

Lorsque Mauro Schmid s’en est, ensuite, allé seul à la faveur d’un mont, le Normand n’a pas pu suivre le Suisse. “C’était le plus fort. Il a bien joué le coup. J’aurais peut-être dû être plus réactif quand il est sorti mais j’avais déjà lâché une grosse cartouche avant… Je me sentais vraiment bien mais cette cartouche m’a été préjudiciable pour le final car il fallait beaucoup de fraîcheur. Peut-être que la prochaine fois, je m’y prendrai autrement et que je me ferai plus confiance”.

« C'ÉTAIT NUL... »

Une fois les attaquants repris, tout n’était pas perdu pour les Bleus, loin de là. Sauf que la course n’a pas été aussi mouvementée que les Bleus auraient pu l’espérer, et ce avant même que ce fameux coup de neuf - puis donc de onze - ne sorte. “La course n’a pas été assez dure. On avait un beau circuit. Mais il y a eu une échappée, c’est tout. Je trouve que ça n’a pas beaucoup bataillé. Dans les monts, ça passait en haut groupé. C’était nul… Je m’attendais plus à une course de guerriers. J’étais en forme et ça aurait été bien pour moi ou Matis que ça durcisse. Malheureusement, ça ne s’est pas passé comme ça. Sinon, je pense qu’on aurait pu accrocher un podium”, considère Kévin Vauquelin. Dans une fin de course contrôlée par les Néerlandais, qui visaient un sprint pour Olav Kooij, les hommes de Pierre-Yves Chatelon ont eu du mal à se faire une place, au propre comme au figuré. “Il était dur de rester devant. Il y avait beaucoup de relances et ça roulait fort. Si tu n’es pas à 100% sur un circuit comme celui-là, c’est vraiment dur : tu fais l’élastique et ça finit par péter. Paul est tombé dans le fictif mais sinon, on a bien évité les chutes même si par moments, ça faisait peur. C’est le vélo, tout le monde veut être placé devant”, explique Antoine Raugel.

Restait donc, malgré tout, la carte du sprinteur de l’équipe, Paul Penhoët. “Dans le final, l’Italien (Filippo Baroncini, NDLR) a attaqué dans la dernière côte mais on avait décidé de jouer le sprint avec Paul. Finalement, il a tenté de suivre l’Italien et ça l’a un peu pendu. Sur le sommet, j’ai essayé de ressortir de l’arrière mais il m’en a manqué, moi aussi…”, ajoute Matis Louvel. Finalement, Paul Penhoët est allé chercher une place dans le Top 10 sur la ligne (voir classement). Pas suffisant au goût des Bleus, à l’image de Kévin Vauquelin. “Je pense que notre résultat ne reflète pas notre forme du moment”

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