Evaldas Siskevicius s’offre une seconde jeunesse
Evaldas Siskevicius est passé du bleu de Marseille au rose de Roubaix. Après l’arrêt de l’équipe Delko l’hiver dernier - en froid avec le manager Philippe Lannes, il n’aurait de toute façon pas continué l’aventure au sein de la ProTeam phocéenne -, le Balte a dû trouver une nouvelle structure. Et c’est finalement la Conti nordiste qui lui a tendu la main, alors qu’il n’a essuyé que des échecs au niveau supérieur. “Je n’ai jamais eu peur que ce soit la fin pour moi car j’ai eu des contacts dès le début de l’été. J’ai eu plusieurs discussions avec d’autres équipes, ça a failli se faire. Mais le frein principal a été mon âge. Certaines équipes ont considéré que j’étais trop vieux. C’est ce qui a bloqué”, concède-t-il auprès de DirectVelo, un brin amer. J’accepte ce choix, même si je ne suis pas du tout d’accord avec eux. Je ne suis pas fini. Maintenant, c’est à moi de prouver qu’ils ont eu tort”.
PLUS QUE JAMAIS CAPITAINE DE ROUTE… MAIS PAS QUE
Et c’est donc avec Go Sport-Roubaix Lille Métropole que « Siske » compte s’offrir une seconde jeunesse et démontrer, à 33 ans, qu’il en a encore sous le capot. “Cette signature s'est faite assez naturellement. Honnêtement, je suis très content de mon choix”. Il faut dire que le Lituanien a très vite trouvé ses marques dans sa nouvelle équipe, lui qui n’avait jusque-là connu que Sojasun (2013) et Delko (2011-2012 puis 2014-2021) en douze ans de carrière chez les pros. “Tout le monde est super sympa et accueillant. Mon rôle principal sera d’aider les jeunes mais je compte bien avoir aussi des résultats personnels. Je me suis bien entraîné cet hiver, j’ai fait l’une de mes meilleures préparations en étant plus cool. Sans pression. Je sens que ça va bien se passer”.
Fidèle à sa réputation, généreux dans l’effort mais aussi en dehors du vélo, il a envie de partager son vécu avec ses plus jeunes coéquipiers. “C’est ce qui me plaît le plus et tout le monde le sait. J’adore travailler pour les sprinteurs, par exemple. Je pense que je vais bien m’amuser dans ce rôle pour Thomas Boudat ou Emiel Vermeulen. Il faudra aussi surveiller Valentin Tabellion, qui pourrait être l’une des belles surprises de la saison. Il va vite ! Je sens que les jeunes peuvent franchir un palier et j’ai envie de les aider”.
Sa reprise sur le Grand Prix de Marseille-La Marseillaise (1.1) a été laborieuse. “Je n’avais pas les jambes, tout simplement. Dès le réveil, j’ai senti que je n’étais pas au top, j’ai cru que ça allait passer, mais non… Je n’ai jamais réussi à me débloquer”. Certainement pas de quoi l’inquiéter pour les prochains événements car c’est la période de mars/avril/mai que le coureur a ciblé, comme une majorité de ses coéquipiers. “On a décidé de ne pas arriver à 100% de notre condition en février. On sait que c’est difficile de s’exprimer à ce moment-là pour nous, surtout à cause des parcours… Nos gros objectifs se situeront un peu plus tard dans le calendrier”, assure celui qui a vu Clément Carisey - lui aussi passé de Delko à Roubaix à l’intersaison - faire la course en tête une bonne partie de la course à Marseille, dimanche. Sur son calendrier, Evaldas Siskevicius a notamment coché le Samyn, le Grand Prix de Denain, le Tro Bro Leon ou encore les 4 Jours de Dunkerque, le gros objectif de son équipe, lui qui ne pourra pas participer à sa course fétiche, Paris-Roubaix. “Forcément, c'est particulier de ne pas pouvoir faire Roubaix mais il y a bien d'autres courses. D'ailleurs, comme on est moins nombreux qu’en ProTeam, je vais courir un peu plus que par le passé mais ça me plaît”.
DES OBJECTIFS PLUS TARD DANS LA SAISON
Heureux d’avoir “déjà (re)trouvé une bande de potes” à Roubaix, l’ancien vainqueur du Grand Prix de la Somme et d’une étape du Tour du Limousin (2012) est déterminé à l’idée de frapper fort cette saison. “Je pense que ça peut être une bonne année pour moi. Peut-être une des meilleures que je n’ai jamais eues. Je dois simplement changer ma physionomie et aborder les courses différemment. Physiquement, je me sens fort”.
Sa montée en puissance progressive va passer par l’Étoile de Bessèges (2.1), à partir de ce mercredi. Étant donné le profil de la course durant cinq jours, il ne se fait guère d’illusions quant à ses chances de briller. “Ce sera difficile, on le sait. Les organisateurs ont encore durci le parcours. Mais ça ne marche pas toujours de durcir le profil et on l’a vu sur La Marseillaise avec ce sprint... S’il y a de la grosse fatigue, tu peux avoir des étapes où les favoris ne font pas la course, comme l’an dernier sur l’étape qu’avait gagnée Filippo Ganna (à Saint-Siffret, NDLR). Tout le monde était cuit ce jour-là après la grosse bagarre de la veille sur l'étape très animée de Bessèges”.
Ce mercredi, la première (et habituelle) étape tracée autour de Bellegarde sera sans doute la seule opportunité de s’illustrer pour les purs routiers-sprinteurs. Mais Evaldas Siskevicius imagine un scénario possiblement explosif dans le Gard. “On annonce du vent alors ce sera tendu. Il pourrait y avoir des bordures, attention ! Mais je pense de toute façon qu’il y aura des opportunités dans la semaine pour les attaquants. Je ne serais pas surpris qu’une ou deux étapes profitent aux coureurs échappés”.