Artus Jaladeau : « Si on m’avait dit ça il y a un an… »
Tenants du titre à Carlus, grâce à Kévin Besson l’année dernière, les coureurs de l’Occitane Cyclisme Formation arrivaient pour défendre leur titre. Mais ce n’est pas avec sa carte maitresse, Romain Campistrous, très en forme en ce début de saison, qu’ils y sont parvenus. C’est Artus Jaladeau qui a triomphé en solitaire (voir classement). "On n'avait pas prévu quoi que ce soit. Je n’ai pas été très actif en début de course, puis j'ai commencé à prendre les coups, et c'est sorti après 45 minutes. Il y avait deux mecs d'Aix. On est parti, on a creusé, et on n’a jamais été revu". Vient alors le moment de piéger Alexander Konijn et Damian Wild. "Konijn avait l'air très fort dans les bosses. Il mettait tout le monde limite, je le surveillais un peu plus. Je ne savais pas trop s'il bluffait, il ne passait plus et ça commençait à s’engueuler. Damian a attaqué, il a fait sauter son coéquipier, j'ai contré et j'ai distancé tout le monde".
Finalement, Artus Jaladeau préfère attendre Damian Wild. Avant de le déposer une nouvelle fois, en portant l’attaque décisive pour s’offrir ce succès en solitaire. "J'avais gagné en 2e caté mais ce n’est pas le même plateau. J'avais commencé sur l'Essor, je voyais que je pesais mais il manquait les jambes pour tenir sur la distance. Là le plateau était moins relevé, c'était possible de le faire, c'est cool de débloquer le compteur". Celui qui vient d’arriver à l’Occitane prend en effet ses marques dès le début de saison. "On donne la chance à tout le monde, ce sont des courses plus tactiques que physiques comme à Puyloubier ou avec le triple Gamia. On s'est retrouvé à l'avant, ça aurait pu être Romain (Campistrous) ou Gaëtan (Lemoine), ça a été moi et j'ai pu mettre au fond".
« EN 2018, J’AI EU UN VÉLO À NOËL ET ÇA A TOUT LANCÉ »
Artus Jaladeau est encore tout nouveau dans le peloton. Il n’est arrivé au haut niveau national que l’été dernier. "J'ai commencé en juin/juillet dernier, j'étais Pass’ Cyclisme, j'ai tout de suite gagné en 2e caté, alors je suis monté en 3e caté. J'avais bien marché au Tour des Landes et je suis monté en 2e caté pour faire la Tomate. J'aurais dû faire l'Isard mais finalement un autre coureur a pris la place. On a fait deux manches du Boischaut, ça permettait de mieux connaitre le niveau en 1re caté. C’est ma première vraie saison, avec un premier vrai hiver", détaille celui qui a fêté ses 22 ans, et qui n’a que… quatre ans de vélo derrière lui. "Je fais du vélo depuis 2018, j'ai fait quelques cyclosportives et deux ou trois courses en 3e caté mais à l’époque, je ne roulais qu’une fois par semaine. L'an passé j'ai un peu plus roulé, j’ai eu l'envie de beaucoup courir. Je travaillais et j'étais en études, ça ne me laissait pas de temps. Cette année j’ai plus de temps et d'envie, je m'y suis mis encore un peu plus".
Le 9e du Tour des Landes n’a donc pas connu les joies des années Juniors. Un parcours plutôt atypique dans une tendance où c’est la course à la jeunesse au plus haut-niveau. Mais c’est durant ses jeunes années, devant la télé, qu’il a développé sa passion du vélo. "Tout simplement en regardant le Tour, mes premiers souvenirs remontent à 2009 avec les années Contador/Schleck. Ça ne m'a pas donné envie à l'époque, mais ça s'est un peu plus révélé en 2014 avec Pinot, Bardet et Péraud qui ont bien marché, ça m'a donné envie. Seulement je n'avais pas de vélo, et en 2018 j'en ai eu un à Noël et ça a tout lancé". Tout va donc très vite avec cette première victoire dès le début 2022. "C'est sûr, si on m'avait dit il y a un an que je gagnerais en 1re caté à Carlus, qui n’est pas une petite course…".
« DANS MA RÉUSSITE, IL Y A UNE PART DE ROMAIN CAMPISTROUS »
C’est donc sous les couleurs de l’Occitane qu’il donne ses premiers coups de pédale en N1. "On voit que c'est super structuré, on a une belle équipe, très soudée, des mecs nous aident beaucoup, avec Romain et Gaëtan qui transmettent, c'est super". Artus Jaladeau estime que son Tour des Landes a lancé son évolution. "Je connaissais déjà Romain depuis le premier confinement, j'avais marché sur des courses de 2e caté, j'ai eu un contact avec l'ancien DS (Guillaume Souyris, NDLR), c'était un peu le Tour des Landes qui allait déterminer si je pouvais venir ou pas. J'ai pu être actif, j'ai bien terminé, ça a un peu signé tout ça". Il entretient une relation particulière avec son nouveau coéquipier, Romain Campistrous. "C’est un très bon ami, il me donne plein de conseils. Je n'ai pas d'entraineur, je fais tout tout seul, mais si j’ai besoin de quoi que ce soit, il m'aide. Avant l'Isard il m'avait fait tout un planning pour m'entrainer, dans ma réussite il y a une part de lui".
Et s’il est arrivé plus tard que la moyenne au vélo, le 8e du Prix des Vins Nouveaux à Vesdun conserve cette ambition de passer chez les pros. "On a un peu tous le même rêve. Gagner comme dimanche en fait partie, il va falloir gagner et confirmer en Élite aussi. Pourquoi pas performer sur des courses comme les Ardennes. C’est un peu de stress mais j'ai hâte de découvrir ça". Il semble d’ailleurs déjà se connaître en tant que coureur. "Je préfère quand c'est en montagne, j'adore ça, je fais des cyclos. Je roule aussi correctement, mais sur un sprint ce n'est pas top et les bosses trop courtes, ce n’est pas encore ça. Plus c'est dur, mieux c'est". Espoir 4, Artus Jaladeau dispute une saison importante, et n’estime pas être désavantagé par son arrivée tardive au vélo. "Ça aurait été mieux de commencer en Junior mais je n'ai aucun regret, c'est bien d'arriver maintenant. Je me fais plaisir. J'aurais bien aimé faire l'Isard, mais j'aurai l'occasion en fin d'année". Avec peut-être un bagage conséquent d’ici là.