Baptiste Huyet : « L'impression de finir une étape de montagne »
Jusqu'à quelques encablures de l'arrivée à Fleurie, Baptiste Huyet était en tête de la dernière étape du Tour du Beaujolais. Le sociétaire de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme n'avait pas raté la première grosse échappée sortie à 120 kilomètres de l'arrivée. Dans l'avant-dernier tour du circuit final, il a tenté sa chance en solitaire avant, donc, de voir fondre sur lui Kévin Avoine (SCO Dijon-Team Materiel-velo.com) et Thomas Morichon (AC Bisontine) - voir le classement. Baptiste Huyet revient avec DirectVelo sur ce final haletant qui s'est mal terminé pour lui.
DirectVelo : C'était prévu que tu sois si offensif toute la journée ?
Baptiste Huyet : Au briefing, on avait décidé que je sois actif et que j'aille dans les coups. Si je ratais l'échappée, j'aurais dû mettre un coup de force dans la première bosse au km 35 pour mettre Charvieu (le club de Clément Carisey, le maillot jaune, NDLR) sous pression.
Comment t'es-tu retrouvé à l'avant ?
Je suis sorti au bout de 20 bornes, il n'y avait qu'Alexandre Jamet (EC Saint-Etienne Loire) qui était mieux placé que moi au général. Je voyais que Dimitri Bussard (VC Mendrisio), le meilleur grimpeur, avait de la force, Adrien Guillonnet (Hexagone-Corbas Lyon Métropole) aussi. Je voulais mettre de l'entrain dans l'échappée, je ne comprends pas, ça filochait beaucoup, les autres me disaient de me calmer. Christian (Milesi, le DS, NDLR) m'a dit de me concentrer et de ne pas m'éparpiller. J'ai essayé d'assumer mon rôle quand ça allait arriver dans la bosse.
Comment as-tu choisi le moment de ton attaque ?
J'espérais que quelqu'un attaque en premier dans la bosse pour que je puisse contrer. Les coureurs de Villefranche ont fait un tempo assez fort mais il y avait vent de face et c'était plus facile pour les gars dans les roues. J'ai essayé de sortir une première fois. Ils sont venus me rechercher. Je sentais que ça commençait à faire mal. Je suis ressorti une deuxième fois, j'ai creusé et j'ai fait mon effort à fond.
« ÇA M'AURAIT FAIT DU BIEN DE GAGNER »
Comment as-tu géré ton effort une fois tout seul ?
Dans les descentes, j'avais l'impression d'être planté, j'essayais de me mettre aéro. Je sentais qu'avec mes 60 kilos, j'avais l'impression de reculer. J'ai tout mis jusqu'à la fin. Dans les six derniers kilomètres, je mettais la braquasse dans les taquets, j'essayais de les monter à fond. J'ai un peu toxiné dans le dernier taquet. J'ai ressouflé dans la descente. Les deux sont arrivés avec l'aspiration (Kévin Avoine et Thomas Morichon, NDLR). Ils passent deux fois plus vite que moi à 150 mètres. Je n'avais plus de force, j'étais à 500-600 watts.
Quel est ton sentiment à l'arrivée ?
Je suis déçu de faire 3, ça m'aurait fait du bien de gagner. Pour l'équipe aussi, ils m'ont fait confiance derrière. S'ils avaient voulu, ils auraient pu condamner plus vite l'échappée et jouer leur carte. On a un collectif de fou. Les gars sont venus me voir, ils étaient contents, ça me fait plaisir.
Tu étais déjà passé près de la victoire à Bourg-Arbent-Bourg...
À Arbent, c'était plus tactique. Là, j'ai tout donné, j'ai l'impression de finir une étape de montagne. 40 kilomètres c'est quand même long. Au final, je ne passe pas si loin. Elle aurait été belle à gagner. J'ai au moins ce sentiment, que j'adore, de finir à fond. À chaud, je suis déçu, mais c'est quand même le vélo que j'aime.
« ON VA FAIRE UN PEU PEUR »
As-tu des regrets sur ta stratégie ?
Avec mes qualités, c'est ce que je pouvais faire de mieux. Même si j'attaque un tour plus tard, ça n'aurait rien changé. J'ai fait ce qu'il fallait faire. D'un point de vue tactique, je ne peux pas avoir de regrets. J'aurais juste aimé que l'échappée roule plus.
As-tu pensé au général ?
Oui, franchement, j'y ai pensé. On ne sait jamais comment ça se passe. Je savais bien que je n'allais pas faire un coup de Trafalgar. Les gars costauds qui étaient derrière, sur un circuit comme ça, bouchent vite 2'30" quand tu es plusieurs à rouler. S'il y avait eu des gars costauds sortis avec moi, Adrien Guillonnet ou le Suisse, pour rouler dans les descentes, on aurait peut-être pu creuser mais il n'y avait pas de gars assez forts dans l'échappée.
Après l'Alpes Isère Tour, tu es encore fort, tu penses au Championnat de France ?
J'y serai. Je l'ai dans un coin de ma tête, comme tous les coureurs, c'est une course qui peut changer beaucoup de choses. Nous sommes dans une équipe qui peut espérer jouer quelque chose. C'est une course tactique mais il faut y croire et y aller à fond. En plus, c'est un Championnat de France dur. Avec notre équipe, on va faire un peu peur. C'est un circuit usant. Il n'est pas dans mes qualités intrinsèques mais au bout de 160 bornes, ça va se niveler et si c'est une course dure je peux tirer mon épingle du jeu. On assumera notre rôle, comme toujours, et on fera la course.