A 20 ans, Julian Alaphilippe est l'un des plus jeunes coureurs français à être passé professionnel en 2013. Au sein de la nouvelle formation tchèque Etixx-IHNed, qui évolue en Continentale, il retrouve un autre français, Florian Sénéchal. Le double Champion de France Espoirs de cyclo-cross a commencé sa saison sur route il y a quelques semaines. Actuellement sur le Circuit des Ardennes, il a pris, hier, la septième place de la première étape. Julian Alaphilippe fait le point avec DirectVelo.com.

« Passer professionnel est une grande satisfaction. Je pense que c'est le rêve de tout coureur. Quand on court en DN1, on a forcément envie de passer au niveau au-dessus. J'ai eu l'opportunité de le faire, et j'en ai donc profité. Je suis content, et j'espère que je vais continuer à apprendre, à prendre de la caisse. Je ne pense pas être passé à l'échelon supérieur par hasard, même si je n'ai pas collectionné les bouquets l'an passé. Je n'ai pas écrasé la concurrence chez les amateurs. J'ai réussi à gagner de belles courses. Et dans une équipe, je ne pense pas être le genre de coureur personnel, qui ne pense qu'à lui. Je considère cette chance comme une récompense.

« Faire mon maximum pour l'équipe »

J'ai fait une bonne petite coupure après ma saison de cyclo-cross, pour me faire plaisir sur la route. J'ai déjà disputé trois courses cette saison. J'ai commencé en Belgique, sur une classique, la Kattekoers. Quand on est arrivé dans les pavés, ça m'a un peu surpris. C'était une première pour moi. La course était belle. Il y avait pas mal d’enchaînements de bosses, et de talus. On a escaladé plusieurs fois le Mont Kemmel. De telles épreuves sont un régal pour les crossmen ! J'ai enchaîné le week-end suivant avec l'Istrian Spring Trophy, une course de trois jours, en Croatie. Et le week-end dernier, j'ai fait ma première course en France, la Boucle de l'Artois. J'ai débuté dans un état de forme différent de celui de mes coéquipiers, comme je suis le seul de l'équipe à avoir fait la saison de cyclo-cross. Donc pour l'instant, je suis là pour aider Dieter Bouvry, Florian Sénéchal, et Louis Verhelst, qui ont préparé les classiques. Je remets en route, je suis un peu à la recherche de ma forme. Je sens que les sensations reviennent [Il s'est classé hier 7e de la 1ère étape du Circuit des Ardennes, NDLR]. J'essaie de faire mon maximum pour l'équipe, d'apprendre à chaque course. Maintenant, je fais des épreuves de classe 2 tous les week-ends. Il n'y a pas grand chose qui change. Ça roule un peu plus vite, et ça bagarre beaucoup. 

« Le Tour de Bretagne est mon premier gros objectif »

Suite au Circuit des Ardennes, j’enchaînerai avec le Tour du Finistère. Puis, je partirai en Toscane avec l'Equipe de France pour la Coupe des Nations [L'épreuve est finalement annulée, NDLR]. J'espère que j'y serai en forme, car ce sont des parcours qui risquent de me convenir. C'est accidenté, c'est dur... J'aime bien ce type de courses. Ce sera encore plus dur qu'à Saguenay, en Coupe des Nations Espoirs, où j'avais remporté une étape l'an dernier. Les arrivées là-bas étaient pour puncheurs, et les courses se faisaient en circuit. En Toscane, on aura de vrais cols à escalader, et les étapes seront en ligne. En plus, j'ai appris que Romain Combaud est aussi dans la sélection. C'est quelqu'un que je connais depuis des années, et on s'entend super bien. Se retrouver en Equipe de France avec lui, c'est super... J'ai hâte d'y être ! Si je ne suis pas trop fatigué après le Toscane-Terre de Cyclisme, je disputerai le Tour de Bretagne, quatre jours plus tard. C'est une course que j'affectionne particulièrement. Ce sera mon premier gros objectif de la saison. 

« Disputer le Championnat de France et le Tour de l'Avenir »

Je ne connais pas encore mon calendrier pour le reste de la saison. Normalement, je ferai le Tour de l'Ain. Je ne sais plus si ce sera avec Etixx-IHNed ou l'Equipe de France. Avant cela, il y aura le Tour des Pays de Savoie. J'aimerais aussi disputer le Tour de l'Avenir, qui serait alors un objectif... Et pourquoi pas le Championnat du Monde, à Florence. Apparemment, le circuit va être assez dur. Il pourrait donc me convenir. Mais on a encore le temps, ce n'est qu'en septembre. J'ai décidé de ne pas retourner au Canada cette année pour y  disputer la Coupe des Nations Espoirs. L'épreuve a lieu quinze jours avant le Championnat de France Elites. L'an dernier, j'avais eu du mal à encaisser le décalage horaire, au retour en France. Je ne souhaite donc pas refaire la même chose cette année. J'aimerais bien faire sur ce qui serait mon premier Championnat de France Élites. En plus, il sera particulier cette année, avec le passage dans les ribines. C'est vrai que pour un crossman, ça va être sympa. Je pense que la course sera usante physiquement, qu'il faudra donc être en super forme ce jour-là, et qu'il faudra être bien placé en permanence.

« Faire une carrière à la Steve Chainel »

Je n'ai pas spécialement de crainte pour cette première année en tant que professionnel. Chaque week-end, je me dis d'en profiter, de prendre de l'expérience, de prendre du plaisir. Même quand c'est dur, je me dis que j'ai de la chance de pouvoir faire du vélo à ce niveau, et dans de bonnes conditions avec l'équipe. J'aimerais bien aller au plus haut niveau possible, voir jusqu'où je suis capable d'aller. Je rêve de disputer un Grand Tour. Je pense que c'est une chose à faire dans la vie d'un coureur professionnel. J'espère qu'un jour, j'aurai la chance de participer à l'un des trois. Je vais continuer le cyclo-cross. Je ne vais pas le délaisser pour ne faire que de la route. Je souhaite faire une carrière à la Steve Chainel. C'est un super mec. Je l'apprécie énormément, et j'ai beaucoup d'estime pour lui. On se connaît depuis un petit moment. C'est vraiment le profil de coureur qui m'attire. L'hiver, il fait des cross à un très bon niveau. Et le reste de l'année, il fait des classiques, et de très grandes courses. Il a aussi déjà participé à un Grand Tour... Il a une carrière qui me fait rêver ! » 

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Crédit Photo : Victor Charrier