Orts : « Il n’y a pas que la Belgique et la Hollande »
Un Espagnol sur le podium d’un Mondial de cyclo-cross ? Il faut remonter à 1996, où Gaizka Lejarreta Martin avait pris l’argent en Juniors, pour trouver trace d’un drapeau sang et or dans le palmarès dressé par l’UCI. Alors que Felipe Orts grimpe sur l’estrade du Mondial de Belvaux (G-D Luxembourg) relève du petit événement. "Pas facile face aux Belges et aux Néerlandais", sourit l’Espagnol, intimidé par tant de micros braqués dans sa direction.
SOUVENT DANS LE TOP DIX
Le ton hésitant, accompagné d’un interprète pour comprendre les questions posées en Anglais par une presse belgo-néerlandaise intriguée, le crossman de Villajoyosa, une petite cité balnéaire entre Alicante et Benidorm connue des routiers en stage hivernal, brille par son sourire argenté. "Je n’ai jamais osé en rêver", lâche-t-il à DirectVelo. Le Champion d’Espagne Espoirs arpente parfois les labourés belges, avec pour meilleurs résultats cet hiver une sixième place à Diegem, une septième à Zolder et une huitième à Zolder. "J’ai connu beaucoup de malchance", argumente-t-il.
Toujours placé en embuscade pour le podium, l’Espagnol a profité de l’ultime boucle du tracé de Belvaux, où la neige a fondu pour se transformer en boue, pour user de ses qualités techniques et devancer définitivement les Belges Aerts et Cleppe dans la course à l’argent mondial. "Je n’étais pas passé loin l’an dernier", rappelle le sixième à Zolder en 2016. "Mais il y a quatre ou cinq mois, j’aurais pensé un podium impossible. Même moi, je suis surpris, mais j’y suis parvenu."
COUPE D’ESPAGNE ET DU MONDE
Installé dans un modeste campeur, loin des gigantesques mobilhomes griffés à l’effigie des figures du peloton Espoirs, Orts s’est préparé avec ses petits moyens dans l’arrière-pays d’Alicante. Pas de misérabilisme, juste la satisfaction d’avoir trouvé quelques partenaires privés pour se constituer un encadrement et une structure suffisante pour évoluer au niveau international. "J’ai combiné le calendrier de la Coupe du Monde et de la Coupe d’Espagne", raconte-t-il. "Ce n’était pas évident, bien plus compliqué que pour les Belges ou les Hollandais car il fallait passer des heures en voiture et en avion entre la Belgique et l’Espagne mais on s’en est bien sorti."
L’argent appelle l’argent. Mais attirera-t-il pour autant les managers des équipes belges les plus réputées ? Orts se permet d’y songer. "J’ai montré que je suis capable de signer des résultats, et mes performances seraient encore facilitées par un contrat dans une équipe belge ou néerlandaise. Je pourrais me consacrer pleinement à mon sport, sans devoir penser à d’autres aspects. J’espère que les équipes vont se rendre compte qu’il n’y a pas des bons coureurs qu’aux Pays-Bas et en Belgique, mais aussi dans d’autres pays."