La Sky du Tour de Liège
Cette 56e édition du Tour de Liège restera marquée par l'omniprésence de la formation Cibel-Cebon qui aura remporté quatre des cinq étapes avec, à chaque fois, un coureur différent."Ils ont démarré l'épreuve avec la pancarte d'ultra-favoris. On ne peut que les féliciter d'avoir répondu aussi bien aux attentes", complimente le directeur sportif de Beobank-Corendon, Bart Wellens. L'armada orange enregistre un deuxième succès consécutif sur cette épreuve, au point d'entendre le speaker de l'épreuve Freddy Havelange la surnommer "la Sky du Tour de Liège". Un sobriquet justifié? "Ils dominent collectivement certes, mais l'équipe ne tourne pas autour d'un seul homme. Chez Sky, c'est tout pour Froome", commente le directeur sportif de Lotto-Soudal, Carl Roes.
C'EST BON POUR LES AUTRES EQUIPES
Même les formations de cyclocross ont dû s'avouer vaincues par les oranges de Cibel. "Je m'attendais à ce qu'on soit battu par les Cibel. Nos coureurs sont en pleine préparation pour la saison de cyclocross. Le haut niveau de cette équipe est une bonne chose pour mes coureurs", estime Bart Wellens. Milan Menten abonde dans son sens : "j'ai déjà roulé des 2.2 plus faciles que le Tour de Liège. Cette semaine, c'était de la folie du premier au dernier kilomètre."
Carl Roes explique cette domination par une seule raison : les objectifs différents des équipes participantes. "Les cyclocrossmans sont en préparation. Peut-être que l'équipe Cibel-Cebon prévoit son pic de forme sur cette épreuve". Il y a sans doute un peu de vrai à entendre les propos de Gaspard Van Peteghem. "Cibel possède une entreprise importante dans la région liégeoise. C'est important de contenter le partenaire car sans sponsor, pas d'équipe."
UN CHOIX DE CALENDRIER
Si Cibel-Cebon et les équipes de cyclocross font de l'épreuve 2.12 IC1, un rendez-vous important de leur calendrier, la formation Lotto-Soudal préfère engager ses grimpeurs sur les courses internationales à cette époque de la saison. "Sur cette période, nous avons le Tour du Val d'Aoste, le Tour de Liège et le Tour d'Alsace. Il est impossible pour un coureur de combiner ces trois épreuves. Dès lors, il faut faire des choix. Nous désirons préparer des coureurs pour les voir briller sur des épreuves par étapes dans le WorldTour dans les prochaines années. En Belgique, le terrain ne s'y prête pas car il n'y a aucune difficulté au-delà de dix kilomètres. Former de vrais grimpeurs se fait, dès lors, à l'étranger. De plus, nous avons une vision globale, pas uniquement axée sur Bjorg Lambrecht et Harm Vanhoucke. Nous comptons en nos rangs des spécialistes du terrain ardennais comme Mathias Van Gompel, Milan Menten et Emiel Planckaert.Ils sont tout aussi importants dans notre effectif que Bjorg et Harm, nous voulons voir des talents émerger sur tous les terrains, comme par exemple Stan Dewulf sur les classiques flamandes et, dans le passé, Enzo Wouters pour les sprints. Nous profitons de cette hausse de niveau pour aligner des Espoirs première année sur des magnifiques épreuves comme le Tour de Liège et le Tour de Namur de manière à les aligner en Espoir 2 ou 3 sur des épreuves internationales."
Toutefois, "c'est difficile moralement pour ces Espoirs première et deuxième année face à des semi-professionnels de 27-28 ans", ajoute le directeur sportif d'AGO-Aqua Service, Christophe Detilloux. Carl Roes partage l'avis de son collègue en précisant qu'"ils en sortiront plus forts, c'est dans la souffrance que le niveau augmente." "Un Espoir troisième année est plus armé pour lutter contre ces gars", précise Milan Menten.
CIBEL-CEBON A SA PLACE AU NIVEAU INTERNATIONAL
Pour le directeur sportif de Lotto-Soudal, le réel problème est le programme de courses de Cibel-Cebon. "Ils ont largement leur place au niveau international. Ils l'ont prouvé en brillant sur le Tour de Savoie Mont-Blanc. Toutefois, ils sont d'un niveau en-dessous sur des courses comme le Tour de Belgique. Par ailleurs, concevoir un programme à l'étranger a un coût. Ce n'est pas illogique de les retrouver au départ du Tour de Liège où ils peuvent briller", insiste-t-il. Du côté des vainqueurs, Gaspard Van Peteghem rappelle qu'il "possède vraiment une équipe de spécialistes pour ce terrain."
Doit-on s'attendre à une domination sans partage durant les prochaines années de Cibel sur le Tour de Liège?. "J'aime le Tour de Liège. Cependant, si nous sommes sélectionnés l'année prochaine pour le Cérami et le Tour de Wallonie, la situation pourrait être différente. Il n'est pas normal que la meilleure équipe Continental belge ne soit pas au départ de ces deux épreuves", conclut Gaspard Van Peteghem.