Pauline Ferrand-Prévot : « J'en suis capable »

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

A n'en pas douter, Pauline Ferrand-Prévot sera l'une des grandes attractions du week-end à venir côté tricolore. Revenue à un très bon niveau depuis le début de l'été, l'ancienne Championne du Monde sur route à Ponferrada (Espagne, 2014) espère bien batailler pour un nouveau maillot arc-en-ciel samedi prochain, sur le circuit de Bergen, en Norvège. "Je sais que j'en suis capable. Je peux être parmi les meilleures sur la fin", lance l'athlète de 25 ans. Pour DirectVelo, l'ancienne triple Championne du Monde (route, VTT et cyclo-cross) nous parle de ce Mondial, de ses ambitions retrouvées, de ses choix entre ses trois disciplines de prédilection et de son envie de performer encore de nombreuses années.

DirectVelo : Est-ce que l'on peut dire qu'on a retrouvé la grande Pauline Ferrand-Prévot ?
Pauline Ferrand-Prévot : C'est compliqué à dire. J'ai quand même eu un début de saison mitigé avec des chutes ou des problèmes mécaniques sur certaines courses. J'étais aussi tombée malade deux fois donc ça avait été assez compliqué. Depuis début juillet en revanche, j'ai senti que ça allait de mieux en mieux. Je suis contente d'être revenu à un tel niveau et de pouvoir batailler à nouveau avec les meilleures. C'est déjà une grande satisfaction pour moi. Mon objectif principal cette année était avant tout de reprendre le chemin des compétitions avec plaisir. J'étais déjà heureuse de faire ce que j'aime et finalement, j'ai même eu des résultats. C'est très satisfaisant.

Quand as-tu compris que tu étais en train de retrouver ton meilleur niveau ?
Il n'y a pas eu d'élément déclencheur en particulier. Ca s'est fait petit à petit. J'ai vu que je progressais et que ça allait de mieux en mieux. Sur le Championnat de France VTT, je commençais à me sentir très bien et c'était ma première victoire de la saison alors mentalement, ça m'a fait du bien, même si ce n'était qu'au niveau national. On peut dire que ça a été le début de ma montée en puissance. Ensuite, il y a eu les Championnats d'Europe de VTT, où j'ai été victime d'une crevaison alors que j'étais deuxième. Il y a toujours eu des hauts et des bas mais depuis la manche de Coupe du Monde de VTT à Mont Saint-Anne (Canada, le 6 août) où j'ai terminé deuxième, ça s'est plutôt bien enchaîné. J'ai aussi terminé 2e au Grand Prix de Plouay puis je viens de décrocher une médaille de bronze aux Championnats du Monde de VTT en Australie. Donc c'est pas mal ! Maintenant, je ne me prends pas la tête.

« CE N'ETAIT PLUS LE VELO QUE J'AIMAIS »

Tu sembles surtout avoir retrouvé la fameuse "flamme" qu'il t'a manqué pendant de longs mois...
Oui et c'est la clef ! Le vélo était devenu un peu trop... Ce n'était plus le vélo que j'aimais, en fait. Il y avait trop de pression, notamment autour de ces fameux Jeux Olympiques. Je suis contente d'avoir retrouvé cette sensation et quand on retrouve le niveau qui est le mien aujourd'hui, c'est forcément quelque chose de plaisant.

N'y a-t-il pas eu une période où tu ne savais plus vraiment après quoi courir, suite à ton incroyable triplé sur les Championnats du Monde route, cyclo-cross et VTT ?
Je crois qu'au début, je n'avais pas vraiment réalisé ce que j'avais réussi à faire... Tout s'était enchaîné très vite. Sur le coup, ça fait super plaisir mais j'ai ressenti beaucoup de pression par la suite. En fait, je ne me suis pas vraiment demandée ce que j'allais bien pouvoir gagner mais c'est plutôt que je me suis dit qu'il allait falloir faire encore mieux ! C'est ce qui était le plus dur à gérer pour moi. J'avais le sentiment de devoir mettre la barre un peu plus haut à chaque fois et là, pour la mettre encore plus haut... Je crois que c'était tout simplement impossible.

Après quoi cours-tu à présent, de quoi rêves-tu ?
Déjà, je suis en bonne santé. Je vois que je progresse et que ça va bien donc je suis heureuse. Le plus important pour moi à présent, c'est de durer. Je ne veux pas faire du "one-shot" et me dire par exemple que je vais tout enchaîner et tout mettre en 2018 pour arrêter après. Ca, c'est fini, je n'ai plus envie de le penser ou de le faire ! Je veux perdurer, retrouver une très bonne hygiène de vie comme je le faisais avant. Je ne veux plus courir après tout et n'importe quoi, dans toutes les disciplines, sans arrêt... Je ne veux plus refaire les mêmes erreurs.

« JE ME PREOCCUPAIS BEAUCOUP DE L'AVIS DES GENS »

Sous-entends-tu que tu ne disputeras pas la saison de cyclo-cross, par exemple ?
J'aurais envie de faire des cross cet hiver mais ça me demanderait beaucoup d'efforts pour récupérer et être en bonne condition en janvier. J'ai compris que mon corps avait parfois besoin de récupérer et que je ne pouvais pas courir après toutes les victoires, dans toutes les disciplines. Si je fais du cyclo-cross, ce sera avec des objectifs moins élevés et à petite dose.

Te verra-t-on faire une saison complète sur la route en 2018 ?
Une saison complète, non. Ce n'est pas quelque chose qui me motive. J'ai envie de continuer à faire comme cette année, avec plus ou moins 50-50 entre le VTT et la route. Je ciblerai mes objectifs en étant dans le même état esprit qu'à présent.

Ta rage de vaincre et de gagner à nouveau les plus grosses courses reste semblable à celle que l'on a connu par le passé ?
C'est clair ! La seule différence, c'est que tout ce que je fais maintenant, c'est pour moi. Avant, je me préoccupais beaucoup de l'avis des gens et de ce qu'ils pouvaient penser. Mais maintenant, je veux simplement m'occuper de moi et de ma famille. Le grand enseignement de l'année dernière aura été que je ne dois pas m'occuper de ce qu'on peut dire de moi. 

« C'EST MOI QUI DECIDE »

As-tu réalisé qu'il y avait une attente quant à ton retour au meilleur niveau mondial durant ton "absence" ?
Oui et non car encore une fois, je fais vraiment mon truc, ce que j'ai envie de faire, et rien d'autre. Du coup, je n'ai pas vraiment prêté attention à ce qu'il se passait à côté. Ca peut paraître bizarre à entendre mais c'est comme si j'avais mis des oeillères. Et ça continuera comme ça. Si je veux faire du VTT, je ferai du VTT. Si je veux faire de la route, j'en ferai aussi. Mais c'est moi qui décide. Après, évidemment, c'est très bien qu'il y ait des gens qui me suivent.

Venons-en à ce circuit des Championnats du Monde sur route, que tu as repéré ce jeudi midi. Sur le papier, il semble parfaitement taillé pour tes qualités...
Oui, c'est un circuit vraiment usant. On ne peut pas dire que ce soit super difficile mais ce sera quand même 150 kilomètres dans des conditions difficiles, même s'ils n'annoncent pas de pluie. Ce sera une course intéressante. On sait que sur un Championnat du Monde, tout peut arriver. L'avantage, c'est que nous n'aurons pas le poids de la course sur les épaules. Les Néerlandaises auront un très gros collectif et c'est elles qui seront surveillées. J'imagine une course d'attente sur la première partie. Ensuite, pourquoi pas attaquer dans le final. Il faudra jouer nos cartes. Et puis si ça se passe bien, tant mieux. Sinon, il faudra simplement l'analyser et essayer de comprendre pourquoi. Je ne veux pas refaire les mêmes erreurs que par le passé.

Te sens-tu capable de jouer le titre mondial ?
Oui, ça c'est sûr ! J'ai bien récupéré des Mondiaux en Australie. Sur le coup, ce n'était pas forcément facile mais je sens que ça va beaucoup mieux depuis lundi dernier. Je sais que j'en suis capable. Je peux être parmi les meilleures sur la fin. J'imagine bien un petit groupe arriver au sprint pour la gagne. Et dans ces cas-là, on ne sait jamais vraiment comment ça peut se passer. Le final sera assez technique. On verra, mais le but, c'est d'être avec les toutes meilleures à la fin.

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