Quentin Caleyron : « J'apprends encore »

Crédit photo Francis Spruyt - DirectVelo

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Quentin Caleyron a mesuré ses progrès à Berlin. Pour son deuxième Championnat du Monde, l'ancien pilote de BMX a retrouvé le vélodrome où il avait fait ses débuts en Coupe du Monde, en décembre 2018. A l'époque, il avait signé un bon 200 mètres lancé en 9"704 mais avait perdu son premier duel. La semaine dernière, il a battu son record personnel en 9"564 et est arrivé jusqu'en 8e de finale. Confiant en ses possibilités, le coureur de 32 ans pense à Paris 2024 comme il l'explique à DirectVelo.

DirectVelo : Comment s'est passé ton tournoi de vitesse individuelle ?
Quentin Caleyron : Le 200 mètres lancé s'est bien passé pour moi. J'améliore mon record d'1/10 par rapport à mon record de Milton à la dernière manche de Coupe du Monde (9"665) mais à Berlin, il y avait un niveau de malade. C'est du jamais vu, il y a beaucoup de 9"5 (neuf en tout, NDLR). C'était positif même si j'espérais un top 8 pour avoir des matchs plus faciles. Ces temps s'expliquent car on se lance beaucoup plus fort avec des braquets plus gros et ensuite on maintient la vitesse.

Ensuite c'étaient les matchs à deux...
En 16e de finale, j'ai bien mené mon match contre le Chinois, j'ai réussi à l'avoir. En revanche, en 8e, je me suis un peu loupé. Je roule sous la côte d'azur où je perds de la vitesse et je ne vois pas que le Japonais (Yudai Nitta) accélère. Je pensais arriver à le contenir mais il me passe avec le kilomètre/heure qu'il avait en plus. J'apprends encore sur ces matchs.

Quel était ton objectif à Berlin ?
Je m'étais fixé un bon 200 mètres et je bats mon record. Je m'étais fixé les quarts de finale, donc je suis frustré car j'étais dans une super forme. Pour moi, ça aurait été une très belle performance.

CHAMPION DE FRANCE, D'EUROPE, DU MONDE

Qu'est-ce que ça change de n'avoir qu'une seule course à son programme ?
C'est un avantage de cibler une seule discipline même si j'aurais aimé faire la vitesse par équipes pour espérer aller aux Jeux. J'ai beaucoup de fraîcheur alors que beaucoup ont couru deux-trois jours, même si les Hollandais volent toujours après trois jours de compétitions, c'est hallucinant.

Quels sont tes objectifs pour la suite ?
Mon but c'est d'être progressivement Champion de France, d'Europe et du Monde. Enfin aujourd'hui, le maillot européen ou le maillot mondial, c'est quasiment pareil, il y a un niveau énorme en Europe. Je pense que j'ai un très fort potentiel, à moi de l'exploiter au maximum. Je n'ai jamais eu de maillot en BMX. L'an dernier, je me suis craqué complet au Championnat de France, j'étais déçu car j'avais la possibilité de ramener une médaille. Cette année, j'espère être Champion de France.

As-tu un plan de carrière ?
Je ne me projette pas trop. J'ai eu 32 ans en janvier, ça peut paraître un âge avancé pour un sportif mais je ne me sens pas vieux. J'ai l'objectif d'aller à Paris en 2024. Il ne faut jamais se fixer de limite. Je n'envisage même pas Tokyo cette année car il fallait faire partie de la vitesse par équipes.

« LE BMX C'EST UNE ÉCOLE POUR FAIRE APPRENDRE À FAIRE DU VÉLO »

Qu'est-ce qu'il t'a manqué pour faire partie de l'équipe de vitesse ?
Je n'ai pas fait de bons résultats en poste 2 à Milton, je n'étais pas au niveau où je le souhaitais. J'ai des qualités de démarreur mais je ne suis pas au niveau de Greg (Baugé) pour le démarrage. Je n'ai pas réussi à être là le bon jour. Il faut être objectif, pour Tokyo ça ne va pas être possible.

Tu viens du BMX, est-ce que ça change ton approche, notamment dans la concentration ?
La culture du BMX est plus ouverte, mais au BMX j'étais un de ceux le plus proche de la piste dans ma façon d'être. La piste a aussi à apprendre du BMX. C'est une école magnifique pour apprendre à faire du vélo, il faut un cardio de malade, une explosivité de malade... Marion Norbert Riberolle, la Championne du Monde Espoirs de cyclo-cross, vient du BMX. Il y a un état d'esprit avec beaucoup de camaraderie, de déconnade alors que la piste est plus proche de la route, très concentré. Mais on peut faire le con et faire tout ce qu'il faut pour être bon. Avant les épreuves, j'aime plus parler que mettre mon casque et me concentrer.

As-tu mis du temps pour t'adapter à la piste ?
En deux ans, j'ai appris énormément. La première année, mon corps s'est habitué à la discipline. J'ai eu mal aux avant-bras à cause de la position différente. L'entraînement est tellement différent du BMX. Je ne connaissais rien même si j'ai de la connaissance en musculation, en entraînement.

« ÉPANOUI DANS CETTE ÉQUIPE »

Ton corps doit-il encore changer ?
Je commence à avoir un corps qui s'adapte à la discipline. Au début, j'ai pris énormément de poids, je suis monté à 102 kg alors que j'étais à 92-94 kg au BMX. L'effort est tellement différent. Au BMX, on fait des entraînements de deux heures alors qu'en vitesse, on peut ne faire que trois efforts pendant l'entraînement. L'effort est ultra-intensif mais on ne dépense pas d'énergie. Prendre du poids n'était pas à mon avantage pour le démarrage, alors qu'en vitesse, en étant lancé, je gardais l'avantage de ma puissance. Je suis revenu à 92 kg et j'aimerais revoir ce que ça donne sur le démarrage avec ce poids.

Vises-tu le poste de démarreur pour 2024 ?
Je ne sais pas trop. J'ai aussi les qualités pour le poste 2. Ce qui peux me limiter pour le démarrage, c'est le poids, mais à 92 kg, ça peut être bien. Greg Baugé, il doit faire dans les 94 kg et il arrive à faire des choses exceptionnelles. Tout va dépendre de mes collègues d'entraînement. Il faut voir qui est le meilleur à tel ou tel poste. Avec tous ceux qui sont au pôle France, il y a de quoi faire pour l'avenir.

C'est difficile d'être en concurrence ?
C'est une discipline en équipe avec des temps individuels mais où il faut travailler ensemble. J'avais entendu avant d'arriver, "l'équipe de France, ambiance de merde..." alors que, franchement, je me sens épanoui dans cette équipe, je m'entends bien avec tout le monde. Les coachs ont apporté cette ambiance depuis Rio. Ce n'est jamais facile d'avoir des concurrents mais c'est aussi grâce à la concurrence qu'on progresse. Elle m'a donné des exemples qui m'ont permis en deux ans d'atteindre ce niveau. Quand j'étais plus jeune j'étais plus dans la confrontation, j'avais du mal à accepter la concurrence, mais j'arrive à bien le prendre avec mes années. C'est plus sain de le prendre comme un chance et les autres le ressentent.

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