Les défis du coach David Boucher
Comme l'ensemble du peloton, David Boucher se retrouve sans course pour le moment. Ce qui lui donne la possibilité de se consacrer pleinement à sa reconversion, celle d'entraineur. Le sociétaire d'Acrog-Tormans a une dizaine de jeunes sous son aile venant, entre autres, de l'école des sports de Rochefort, d'Acrog-Tormans ou du CC Chevigny. Depuis le début du confinement (lire ici), le coureur de 40 ans a mis en place une série de défis quotidiens pour ces coureurs. “Sauf que là, je vais arriver à bout d'inspiration”, plaisante-t-il auprès de DirectVelo.
LES DÉFIS POUR FAIRE FACE AU CONFINEMENT
Les défis ont donc été créés pour occuper et divertir ces jeunes. “J'ai des coureurs français ou qui habitent à la frontière. Pour eux, c'est encore pire. Il y a une interdiction totale de sortie. Donc, j'ai pensé à des défis, mais maintenant, je suis pris à mon propre piège. Il m'en reste deux et c'est tout". L'ancien coureur de la FDJ va donc passer à des exercices sur le vélo. “Pour l'instant, j'ai mis mes jeunes en mode préparation d'un footballeur. Ils font de la marche, du cardio, du gainage. Je travaille la force, l'équilibre et la souplesse avec des défis parfois cocasses comme ramasser un bidon avec ta bouche sur un pied. La seule condition pour lancer un défi est que j'arrive à le faire. Nous avons créé un groupe Instagram entre nous et les jeunes se prêtent au jeu. Généralement, ils font également une ou deux séances de vélo par semaine, mais sans forcer.”
LES ROULEAUX SANS BOURRINER
Et donc pour les coureurs français, David Boucher doit un peu revoir ses principes et ouvrir la porte aux entrainements sur rouleaux. “A la base, je suis contre. C'est un bon outil pour un Espoir ou un Elite. Le jeune doit rester dans ses valeurs d'entrainement. Quand tu vois des professionnels s'entrainer avec, tu veux les imiter, mais au final tu te crames un peu. Tu transpires beaucoup. Pour récupérer, c'est pire que mieux. Mais bon, il faut s'y résoudre pour certains et quand les garçons sont sérieux et à l'écoute, cela se passe bien. Tu peux leur donner des séances pour découvrir Zwift par exemple, mais pas pour bourriner comme des malades. Sinon, quand la saison va reprendre, ils seront morts.
UNE EXPÉRIENCE DE VIE
Même si cette période est délicate à gérer, le natif de Maubeuge la considère comme une expérience de vie. “C'est ce que je leur ai dit pas plus tard qu'hier (vendredi). C'est dur mentalement de s'entrainer sans forcer. D'habitude, un jeune se la coule douce. Mes coureurs se posent des questions. Ils sont stressés car ils sont dans l'inconnu. Ils se reposent beaucoup sur moi et je leur donne beaucoup à faire, mais je les laisse se découvrir. Ils roulent souvent en respectant bêtement les instructions sans se connaitre physiologiquement. Cette période leur en laisse le temps".
POURQUOI NE PAS LES TRANSFORMER EN CYCLOCROSSMAN ?
Même s'il est impatient d'en redécoudre, le Champion de Belgique Elites sans Contrat du chrono 2017 se montrera prudent à la reprise. “Tout le monde aura les crocs. Il y en a certains qui vont rester sur le carreau et je ne parle pas de la nervosité dans le peloton car l'envie de montrer ce qu'on vaut sera énorme. Je crains également pour les chutes. Ce sera de la folie”. Pour autant qu'il y ait encore des courses sur route en 2020. “Je me pose la question de savoir si je ne vais les transformer en cyclo-crossman. C'est une option à ne pas négliger. Pourquoi ne pas imaginer un projet pour le cyclo-cross en Wallonie ?”, termine-t-il.