Au premier coup d'œil, on pourrait se demander pourquoi Valère Thiébaud a laissé éclater sa joie en réglant un groupe de poursuite pour la cinquième place, ce lundi, lors du Championnat des Trois Nations (voir le classement scratch). Devancé par quatre concurrents allemands sur la ligne, le pistard a en fait été le premier coureur helvète à franchir la ligne d’arrivée, après 48 tours du circuit automobile du Sachsenring, à Oberlungwitz, en Allemagne. Ce qui fait de lui le nouveau Champion de Suisse Espoirs sur route, puisque cette épreuve servait à décerner les titres U23 pour l’Allemagne, le Luxembourg et la Suisse. “C’est vraiment spécial, plus encore sur un circuit automobile ! C’était vachement vallonné, avec trois petites bosses sur le circuit. On a quand même eu 3200 mètres de dénivelé. C’était long et assez dur”, racontait le nouveau Champion national auprès de DirectVelo, quelques heures après son sacre.

PAS DE DOSSARDS COLORÉS CETTE FOIS-CI

Comme Arthur Kluckers, sacré chez les Luxembourgeois (lire sa réaction), le coureur de 22 ans a lui aussi dû s’adapter à ces conditions de course, bien qu’il les avait déjà expérimentées par le passé. “Forcément, ça se court différemment d’une course normale car on jouait juste le maillot national suisse mais il y avait beaucoup d’Allemands (rires). On ne se focalisait que sur les Suisses, entre nous. Lorsqu’un groupe d’Allemands est parti, aucun Suisse ou Luxembourgeois n’a voulu collaborer ou y aller. On a connu une course de marquage pendant un bon moment sans s’occuper de ce qu’il se passait devant. Et ça fait drôle”. Surtout, cette situation de course particulière demande une concentration de tous les instants pour ne pas perdre le fil de la course. “Il y a deux ans, en 2019, ça avait été un peu plus facile car il y avait des dossards de couleurs différentes pour les coureurs de chaque nation. Mais là, il n’y avait aucune distinction. Il valait mieux connaître les coureurs et les équipes mais parfois, les équipes, c’est piège… Pour certains, je ne savais plus vraiment s’ils étaient suisses ou allemands”, se marre le sociétaire de la Cogeas-Sogecoma-Akros Cycling Team. 

Le Neuchâtelois n’a pas raté la moindre attaque de chacun de ses compatriotes. “En fait, c’est Luca Jenni qui a attaqué le premier et c’est là que ça a fait tout exploser ! Il y avait deux coureurs de Nippo puisque Jonathan Bögli était aussi dans ce mouvement… J’ai bien fait attention à ne pas me faire piéger. Je pensais que ça irait au bout mais mon coéquipier Guillaume Gachet est revenu, puis Félix Stehli et Fabio Christen aussi. Mais j’ai senti que Fabio crampait sur la fin de course donc je me suis dit que ça allait être dur pour lui. Jonathan Bögli a craqué sur la fin lui aussi, il était cuit…”, raconte le garçon, avant de décrire ce sprint à huit coureurs durant lequel se sont jouées les places sur le podium. “Même si je ne suis pas un pur sprinteur, j’ai pris de la force avec tous les exercices spécifiques effectués sur la piste et je me doutais que je pouvais me débrouiller au sprint”. L'exécution a été parfaite et le titre est donc au bout.

LA COUPE DES NATIONS… AVANT LA PRÉPARATION FINALE POUR TOKYO

Cette belle victoire arrive peu de temps après une grande nouvelle : celle de sa sélection pour les Jeux Olympiques de Tokyo (voir ici). “Si ça avait été l’année dernière, ça aurait été compliqué d’y aller, pour être honnête… Mais je passe un cap chaque année et ça a encore été le cas entre 2020 et 2021. J’étais vraiment bien ces dernières semaines et je suis content des tests que j’ai réalisés récemment. En quelque sorte, le report des Jeux m’a été bénéfique car c’est sûrement ce qui m’a permis d’être sélectionné”. Valère Thiébaud devrait être concerné uniquement par la poursuite par équipes, mais y participer serait bien évidemment déjà une consécration pour l’Espoir 4.

De son propre aveu, Tokyo sera bien évidemment le très gros objectif de sa saison mais il ne compte pas se focaliser uniquement sur ce rendez-vous là dès ce mois de mai. Et pour cause : un joli programme l’attend sur la route très prochainement. “Je vais faire l’Orlen GP et la Course de la Paix. Pour le reste, je ne connais pas encore mon programme mais ce sera vite axé sur la préparation des Jeux. Je ne vais pas forcément courir encore sur route entre-temps, ou alors éventuellement pour le Championnat de Suisse chrono. Tokyo, c’est le grand objectif, c’est clair. Mais j’ai quand même envie de performer sur la route aussi, lâche celui qui a récemment participé aux quatre manches du Challenge de Majorque et qui évoque “une course très dure mais qui a fait du bien”. Il n’a pas manqué de le prouver en Allemagne. “Ce Championnat de Suisse me tenait vraiment à cœur et je ne comptais pas y venir juste pour faire des bornes. Ce sera la même chose en Coupe des Nations. Je n’y vais pas pour m’entraîner mais pour performer ! On aura une équipe solide”, insiste-t-il pour conclure.