Juliette Labous fait de la résistance

Crédit photo Thomas Maheux

Crédit photo Thomas Maheux

Juliette Labous l’avait annoncé depuis des mois : le Tour d’Italie devait représenter l’un de ses plus gros objectifs de la saison, sur la route des Jeux Olympiques de Tokyo pour lesquels elle sera la seule représentante tricolore lors de l’effort chronométré comme de la course en ligne. Désireuse de jouer un bon classement général lors de la quête à la « maglia rosa », la Franc-Comtoise pointe actuellement à la 8e place du général, à moins d’une minute du Top 5 (voir classements), sur un Giro qui se court cette saison exclusivement sur la partie nord du pays, en allant d’ouest en est, pour une arrivée finale dans le Frioul, non loin de la frontière slovène.

Tout avait pourtant moyennement commencé le week-end dernier, sur le chrono par équipes inaugural tracée sur les routes piémontaises, entre Fossano et Cuneo. Le Team DSM a en effet dû se contenter de la 9e place, après avoir concédé 1’23” aux filles de la Trek-Segafredo sur une distance de 26,7 kilomètres. “Techniquement, ça s’est bien passé. Je me sentais vraiment bien, personnellement. Mais plusieurs filles de l’équipe se sentaient moins bien et du coup, ça n’a pas été évident pour nous. On a perdu pas mal de temps. Mais c’est le jeu du chrono par équipes. J’ai essayé de rester concentrée sur la suite, en sachant que ce n’était pas non plus catastrophique”, résume l’ancienne Championne de France de la discipline après coup.

L’ENVIE DE SUIVRE ANNA VAN DER BREGGEN EN MONTAGNE

La première étape en ligne a ensuite immédiatement permis de faire le tri au niveau des prétendantes à la victoire finale, avec une arrivée au sommet du Prato Nevoso et ses 13,1 kilomètres à 7,2% de pente moyenne. Derrière une Anna van der Breggen encore une fois impériale et face à une équipe SD Worx surpuissante, Juliette Labous est parvenue à prendre place dans le Top 10 de l’étape. “Sur cette étape, ça s’est vraiment bien passé. On avait fait une course parfaite au niveau du placement. Les filles ont fait du gros boulot pour me protéger avec Liane (Lippert). Dans la montée finale, ça s’est fait à la pédale”. Et l’athlète de 22 ans a voulu se faire plaisir en essayant de suivre l’accélération d’Anna van der Breggen. “J’avais envie de tenter même si je savais que ça allait sûrement être dur de retrouver un rythme par la suite, mais je voulais vraiment savoir de quoi j’étais capable. Je ne voulais donc pas me mettre à mon train mais plutôt essayer de suivre. Je l’ai payé car j’ai un peu explosé. Enfin, entre guillemets seulement car j’ai retrouvé ensuite un groupe avec (Lizzie) Deignan qui montait à un bon tempo. Dans les six derniers kilomètres, j’ai pu monter à mon rythme. J’étais contente de ma montée”.

Dimanche, il a ensuite fallu se battre avec des conditions météorologiques capricieuses et des routes piégeuses, lors de la troisième journée de course, toujours en terres piémontaises. “C’était parti tranquille mais à partir du moment où il a plu, ça a été un chantier, d’autant qu’il y avait pas mal de petites routes étroites et des bosses. Liane (Lippert) est partie en échappée avec Lucinda Brand, (Marianne) Vos et Elise Chabbey donc c’était parfait pour nous, et ce qui était prévu. Pour moi, ça s’est bien passé. J’ai pu éviter les chutes et je me sentais bien. C’était une étape sans embûches. J’ai perdu des places au général mais je savais qu’Elise allait le payer le lendemain au chrono. Ce n’était pas inquiétant”.

LE MONTE MATAJUR POUR REDISTRIBUER LES CARTES ? 

Car ce lundi, c’était encore un grand rendez-vous qui attendait les concurrentes de ce Tour d’Italie à Formazza, à la frontière suisse, à l’occasion d’un chrono individuel en côte, de 11,2 kilomètres, avec une arrivée à plus de 1700 mètres d’altitude. Un chrono que Juliette Labous avait choisi de faire sur son vélo traditionnel. “On n’en a pas franchement l’habitude mais les calculs du staff indiquaient que ça irait plus vite en vélo de route, même s’il y avait quatre bornes de plat au début. J’ai fait confiance aux calculs. Je n’ai rien fait d’exceptionnel mais j’ai pu respecter les watts qui étaient prévus. J’ai été très régulière, c’est bien”, se félicite auprès de DirectVelo celle qui termine 6e de ce combat face à soi-même et face à l’horloge. Avec un débours de 2’14” sur l’archi-dominatrice Anna van der Breggen, encore elle. “Je suis très satisfaite de ma 6e place, c’est le mieux que je pouvais faire. Je n’ai pas de regrets. Ça montre que je suis là. Ça me donne de la confiance pour les prochaines étapes difficiles”.

Il reste encore six étapes au programme désormais, dont une journée qui s’annonce plus tranquille ce mardi. Une cinquième étape durant laquelle le Team DSM jouera la carte de la nouvelle terreur du sprint mondial féminin, Lorena Wiebes, qui attend sagement son heure depuis le début du Tour d’Italie. “Je n’ai encore jamais eu l’occasion de travailler pour elle donc ça fait plaisir de jouer sa carte, c’est cool”. Parmi les étapes clefs à venir, il restera notamment la septième. “Ce sera difficile de jouer l’étape car en étant dans le Top 10 au général, ce ne sera pas évident de partir. Mais par contre, on aura de bonnes cartes à jouer et il faudra faire attention pour le général”. La neuvième et avant-dernière étape devrait quant à elle rebattre (ou confirmer) une nouvelle fois les places au général, avec une arrivée au sommet du Monte Matajur (13,9 km à 7,7%). “Ce sera une étape pour gagner des places au général ou du moins, surtout, ne pas en perdre. Il me tarde d’être à la suite… Je me sens bien, je prends du plaisir et j’espère que ça va continuer !”.

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