Alec Segaert : « C’est juste dingue »
Le changement de catégorie n’a pas changé le résultat. Champion d’Europe Juniors du contre-la-montre l’année passée, à Trente (Italie), Alec Segaert n’avait pas envie de se séparer de sa tunique, cette fois chez les Espoirs. Le Belge s’est adjugé un nouveau maillot étoilé à Sangalhos (voir classement). "C'est exceptionnel, je suis ravi. J'espérais un podium, je savais que c'était un but atteignable. Mais gagner ici, en tant qu'Espoir 1, avec 50 secondes... C'est juste dingue. C'est un très gros écart, je n'aurais jamais cru ça", exulte-t-il à la descente du podium protocolaire. L’habituel sociétaire de Lotto-Soudal DT n’avait pas imaginé battre "de si gros noms. C’est fou". Mais malgré tout, il avait conscience d’être attendu par ses adversaires. "C'est vrai que j'avais peut-être les faveurs de certains pronostics, c'était déjà un honneur d'être cité parmi les meilleurs noms de la liste. Je savais que j'étais l'un des prétendants au podium, voire la victoire".
Mais encore une fois, le spécialiste du contre-la-montre ne pensait pas infliger un tel déficit. "C'est si inattendu. On peut croire que c’est facile, mais ça ne l’est pas. En plus c'est sur Fran Miholjevic qui partait devant, donc je l'ai vu devant moi après dix kilomètres". Dans un premier temps, Alec Segaert s’est étonné. "Je me suis dit « oula, il n'est pas très bien aujourd'hui ». Je l'avais noté dans mes favoris, mais je me disais qu'il n'était peut-être pas dans un grand jour. Et en fait il avait le 2e temps intermédiaire, mais moi je volais, ça me motivait encore plus à aller à fond", sourit-il. Et bien qu’il n’ait que 19 ans, l’enjeu valait bien quelques battements cardiaques supplémentaires. "J'avais plus de stress que pour d'autres chronos, je ne sais pas vraiment pourquoi. Mais je ne ressentais pas une pression spéciale, notamment dû au fait que je suis Espoir 1. Bien que j'aie senti du stress quand même, heureusement ça a bien tourné".
« LE PLAN PARFAIT »
Comme à chaque fois qu’il dispute un contre-la-montre à enjeu, Alec Segaert peut compter sur son frère, Loïc. "Comme d’habitude j'avais un plan décidé par mon frère qui m'entraine. Il me connait parfaitement, il avait le plan parfait". Le plan était enfantin, mais restait-il encore à l’exécuter. "Je savais qu'il fallait rouler fort dans les montées, et récupérer un peu dans les descentes. C'est ce que j'ai fait, j'allais très fort dans les montées pour faire des différences. Le peu de récupération qu'on avait dans les descentes m'a permis de garder un maximum d'énergie pour les montées suivantes. C'était un super parcours, en montée-descente, ça me convenait très bien et j'en ai bien profité". Et ce malgré son gabarit grand et costaud. "Je ne suis pas le plus petit gabarit, je suis assez lourd. Donc on peut penser que je fais les différences sur le plat. Mais je sais aussi me servir des montées, et les utiliser comme un avantage", note le 2e de Paris-Roubaix Juniors 2021.
Alec Segaert avait profité du Giro pour arriver au Portugal avec la meilleure forme possible. "J'ai fini très bien, la forme était idéale. J'ai eu deux semaines blanches après, mais je suis resté concentré sur l'entrainement pour parfaitement aborder cet objectif majeur". Il en a profité pour honorer sa période d’examens. "Lundi j'ai passé des examens qui se sont bien passés. Je n'ai pas mis le vélo de côté néanmoins, pour ce gros objectif". Il lui reste encore une occasion de briller à Anadia, sur la course en ligne, dimanche. Mais il laissera la place au relais mixte. "Enchainer les trois jours avec le relais au milieu, c'était un peu trop. Jonathan (Vervenne) et Arno Claeys sont dans la même équipe, ils seront très bons". L’homme aux cinq victoires aura l’occasion de se tester en bosses. "Sur les montées courtes je ne suis pas mauvais. Je crois qu'on peut faire quelque chose, et je serai de la partie !". Puis Alec Segaert aura jusqu’à fin 2023 pour "cocher d’autres cases avec les Espoirs", avant d’envisager un passage en WorldTour pour 2024 (lire ici).