L’Algérie avec les moyens du bord

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

“Les délais ? C’est combien les délais ?”. À l’arrivée au sommet de Villars-sur-Ollon, Mohamed Abdeldjallil Bottaba interroge DirectVelo. Pourra-t-il repartir dimanche matin pour la dernière étape du Tour du Pays de Vaud ? Dernier rescapé - depuis la veille - d’une sélection algérienne en grande difficulté sur les routes helvètes, il tient absolument à être présent jusqu’au bout sur la course. Une question de fierté et d’honneur. L’athlète de 17 ans est bien dans les clous. La montée à bloc de Paul Seixas, parti dès le pied, aurait pourtant pu mettre en grand danger « MAB », qui a finalement coupé la ligne 15’52” après le Français, alors que les délais étaient de 19’11”. “Cette course, c’est fou. C’est super dur, le niveau est énorme mais c’est quand même un plaisir d’être ici”, synthétise le coureur. 

Tout au long de la semaine, les Algériens ont été en souffrance, et c'est peu de le dire. Dès le chrono inaugural, les six représentants de l’équipe ont terminé dans les… huit derniers. Lors du Trophée Centre Morbihan déjà, toujours en Coupe des Nations et une semaine plus tôt, cinq des six coureurs alignés avaient abandonné le premier jour, avant que le dernier rescapé n’arrive hors-délais le lendemain. Le sélectionneur national, Yliès Laroui, a bien conscience des limites de ses jeunes pouces. Plus encore à cette période de l’année. “On s’accroche ! Mais on n’était pas bien préparés. On sort du mois de Ramadan, une période durant laquelle les coureurs ne roulent pas beaucoup. Après ça, on n’a pas eu beaucoup de temps pour se préparer, tient-il à souligner d’emblée. La Fédération algérienne voulait quand même que l’on soit présents pour faire progresser nos jeunes. Il y a du potentiel chez certains de ces coureurs”.

« MOHAMED S’EST BATTU JUSQU’AU BOUT »

La différence de niveau entre ses coureurs et les meilleures sélections mondiales est abyssal, mais il reste persuadé de l’utilité de participer à ces courses-là. “C’est très différent des courses en Afrique. Ici, on a de futurs pros face à nous. Forcément, c’est très dur, ça va prendre du temps, mais ça va nous aider. Je suis sûr qu’à terme, on peut espérer de ne pas être ridicules, à l’image de Mohamed qui s’est battu jusqu’au bout, notre dernier guerrier du Sahara !”, rigole-t-il, alors que son coureur n’a finalement pas coupé la ligne d’arrivée le dernier jour, lui que le comité d’organisation comptait mettre à l’honneur lors de la cérémonie finale avec le prix du plus combatif.

Le groupe fait avec les moyens du bord. Tout est précaire et le matériel est précieux. Mohamed Abdeljallil Bottaba et Yliès Laroui ont d’ailleurs bien failli rester à quai dimanche, à Pomy, lorsqu’un assistant de la sélection slovaque a manqué de peu de broyer le vélo du dernier représentant algérien lors d’une manoeuvre osée au départ de l’étape, alors que le vélo de ce dernier était modestement accroché à l'arrière de la voiture, tels des vacanciers. “Tout est à la limite, on n’a pas de marge mais on se bat. Nos objectifs principaux restent les Championnats d’Afrique et les Championnats Arabes. La Coupe des Nations, c’est du bonus”. Et il se pourrait que les Algériens - qui logeaient à Château-Landon (Seine-et-Marne) entre le Morbihan et le Pays de Vaud -, courent encore au niveau UCI en Italie, mais également au Canada lors du Tour de l’Abitibi. “On est pris en charge là-bas mais la décision finale reviendra à notre Fédération”. La nouvelle convention avec la Continentale Madar, au pays, “doit également aider”, conclut le sélectionneur, avec optimisme. Mais il y a du boulot.

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